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Des plateformes pour voir les hélices en rose
Col du Molendruz, 21 juin 2019. Mobilier éolien, de g à dr: Laurent Raymondaz, Philippe Gendret, Pierre Dessemontet. © Michel Duperrex

Des plateformes pour voir les hélices en rose

25 juin 2019
Edition N°2525

Mollendruz – Alors que le projet de parc éolien est en suspens en raison de deux recours, du mobilier pour admirer les futures machines a été inauguré vendredi.

Aujourd’hui, ils apparaissent comme deux podiums circulaires au milieu des champs, mais bientôt, ils feront office de porte d’entrée pour le futur parc éolien du Mollendruz. Ce «mobilier éolien» a été inauguré vendredi dernier par la société énergie naturelle Mollendruz SA (ENM SA) qui lançait sa campagne de soutien à l’éolien.

Ces aménagements sont entièrement façonnés avec du bois de la région. Le graphiste Jérôme Bontron, auteur de ces réalisations, a voulu que les infrastructures s’adaptent au paysage, qu’elles soient le moins intrusives possible. «C’est un espace de dialogue, ouvert à tous, a relevé Cédric Aubert, président du Conseil d’administration d’ENM SA. J’aimerais que ce mobilier éolien soit la marque de référence des parcs éoliens. Je souhaite que les habitants de la région s’en emparent, quel que soit leur avis sur cette énergie.»

Cette démarche vise à présenter le parc éolien sous un autre jour, de façon positive. Mais cela ne suffira pas à faire changer d’avis les opposants, également présents vendredi. En effet, cinq ONG ont déposé deux recours au Tribunal administratif cantonal et ils sont prêts à faire entendre leur voix jusqu’au Tribunal fédéral, selon la RTS.

Des communes unies pour le climat

Du côté des partisans, comme les communes de Mont-la-Ville, Juriens, Vaulion, La Praz et Yverdon-les-Bains, on soutient ce parc éolien qui prévoit l’installation de douze machines sur les crêtes du Mollendruz. Car à terme, ces installations devraient fournir 70 millions de kWh par an. Il s’agit d’un des plus importants parcs de Suisse. Le pays, qui utilise actuellement 0,2% d’énergie éolienne, passera ainsi de 37 hélices à 49. A titre de comparaison, l’Allemagne en détient 37 000.

Des bancs pour voir les futures éoliennes. © Michel Duperrex

Cédric Aubert est convaincu que la Suisse doit se lancer dans cette énergie renouvelable: «Nous avons effectué des mesures durant deux ans. Avec une vitesse moyenne de vent de six à sept mètres par seconde, nous sommes au-dessus du seuil de rentabilité.»Un avis partagé par Pierre Dessemontet, municipal des énergies à Yverdon-les-Bains et député. «On a voté pour sortir du nucléaire. L’éolien a un rôle indispensable à jouer et nous avons la chance d’avoir un bon potentiel dans notre région. Une seule de ces éoliennes représente autant de production électrique que l’ensemble des panneaux photovoltaïques posés dans la Cité thermale en dix ans. Avec une seule hélice, nous pourrions doubler notre production électrique!»

Parmi les inquiétudes des opposants, figurent notamment les risques pour les oiseaux. L’édile yverdonnois comprend cette crainte: «A l’heure actuelle, une éolienne tue en moyenne une centaine d’oiseaux par année. Un chat en tue cinq par an. Mais il y a cinq millions de chats en Suisse! Et, de par la hauteur de ces mâts, seules quelques espèces d’oiseaux, notamment les milans, peuvent se faire tuer. Car la plupart des oiseaux ne volent pas aussi haut.» Et de conclure: «Nous avons consenti 1,7 million de francs de compensation sur une zone de sept hectares. Le Jura est le plus grand biotope du canton et occupe un tiers du territoire vaudois. Il faut prendre avec sérieux les remarques des opposants.»