Des questions sur l’absence de surveillant
24 juin 2014Théâtre de deux accidents mortels en deux ans, la plage d’Yverdon-les-Bains reste pourtant sans surveillance. Une situation qui devrait sans doute perdurer.
Presque un an jour pour jour après la mort tragique d’un jeune ressortissant africain, la plage d’Yverdon-les-Bains a une nouvelle fois vécu un drame samedi dernier. Retrouvée inanimée au fond de l’eau par un baigneur, une jeune fille de onze ans a été transportée dans un état très critique au CHUV, où elle a succombé. Cette issue fatale aurait-elle pu être évitée avec la présence de surveillants dans les parages ?
S’il n’exclut par que cette noyade alimente les discussions sur la sécurité à la plage au sein de l’Exécutif, Jean-Daniel Carrard, le municipal de la police d’Yverdon-les-Bains, rappelle qu’à la base, le site n’est pas particulièrement dangereux. «La profondeur est faible et le plan d’eau est calme. Pour l’heure, la question de la surveillance ne s’est jamais posée. D’ailleurs, à ma connaissance, aucune plage publique n’en bénéficie autour du lac.»
Ce qui n’est pas tout à fait exact puisque, du côté d’Estavayer-le-Lac, «depuis environ 25 ans, deux samaritains effectuent des patrouilles sur la plage communale chaque weekend en période estivale», indique Philippe Brasey, chef de la police communale.
Une mesure qui, si elle permet sans doute de limiter le risque d’accident, reste effectivement une exception. Ainsi, à Grandson, la municipale Pascale Fischer explique : «Nous avons dix plages. Cela ne serait donc pas possible, d’un point de vue pratique, de mettre un dispositif en place.»
La question se pose
Pas davantage de surveillance aux abords du lac, sur les plages situées en terres neuchâteloises ou à Portalban, dans la Broye fribourgeoise. «Nous n’avons pas non plus de système de gardiennage pour les week-ends de forte affluence, mais la question se pose suite à cet événement tragique», répond, pour sa part, Olivier David, municipal d’Yvonand.
Quant à Cheyres, qui ne s’appuie pas davantage sur des collaborateurs chargés de la sécurité des baigneurs, André Favre, vice-président du comité de gestion du port intercommunal, précise toutefois que la taille du site est sans commune mesure avec les bords du lac à Yverdon-les-Bains ou Estavayer-le-Lac.
Suisse romande à la traîne
Des drames évitables
Active dans la prévention des risques liés à la baignade, la Société suisse de sauvetage (SSS) est sur le point de lancer une vaste campagne outre-Sarine, en collaboration avec les polices cantonales alémaniques. Certaines des plages publiques de cette région linguistique y sont d’ailleurs surveillées par des titulaires d’un brevet SSS.
Le porte-parole Philipp Binaghi, ne cache pas que la société de sauvetage souhaiterait renforcer son influence en Suisse romande, par exemple dans le cadre de projets comme Aquamap, qui permet, en collaboration avec la Police cantonale genevoise, de visualiser sur une carte les endroits propices ou non à la baignade.
En 2013, 52 personnes sont mortes noyées en Suisse, contre 44 l’année précédente, selon les statistiques de la SSS. Autant de drames qu’il serait possible d’éviter en observant certaines règles. «En respectant nos six maximes de baignade, le danger est réduit à un très haut pourcentage. Neuf accidents de baignade sur dix se produisent dans les lacs ou les cours d’eau. 80% des personnes décédées sont des jeunes hommes», précise Philipp Binaghi.
Très vulnérables, les enfants en bas âge doivent faire l’objet d’une attention toute particulière. La campagne de prévention «L’eau et moi», démarrée en 2006 pour lutter contre la noyade, la deuxième cause de mortalité chez les tout petits après les accidents de la route, a permis de toucher 100 000 élèves d’enfantine de toute la Suisse. «Ce programme, proposé par des nageurs sauveteurs bénévoles, se déroule sur une demi-journée. Il vise, par le biais d’une petite gouttelette d’eau appelée Pico, à transmettre dix messages pour les aider à avoir le comportement adéquat dans et au bord de l’eau», indique Philipp Binaghi.