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Des rapports de police à l’écriture d’un livre
Glen Monnard a sorti son livre Reconnecter le corps et l'esprit début octobre. © Michel Duperrex

Des rapports de police à l’écriture d’un livre

28 octobre 2022

Judo - Glen Monnard a dû tirer un trait sur les combats après 27 ans de pratique, en raison de problèmes d’arthrose à une hanche. Fort de son expérience, le trentenaire vient de sortir un ouvrage, pensé comme un guide pratique tant pour les sportifs en devenir que confirmés.

«L’arthrose, c’est comme une crevaison lente: quand on se met à sentir quelque chose, c’est trop tard, on est déjà sur les jantes, image Glen Monnard. Je suis bien allé consulter des médecins du sport et des physios, mais le mal était fait.» L’ancien judoka, qui a été actif pendant près de trois décennies dans la discipline, a été forcé d’arrêter de pratiquer sa passion il y a trois ans, en raison de problèmes d’arthrose à une hanche. Et il s’est fait poser une prothèse cette année.

«Je me suis retrouvé avec beaucoup de temps libre quand j’ai arrêté le judo, raconte celui qui a notamment combattu durant quinze ans en LNA avec l’École Dégallier. J’ai donc décidé de me réinvestir dans un projet, et d’en quelque sorte rendre ce que j’avais pris durant mon parcours de sportif.» L’Yverdonnois de 35 ans, qui vit désormais à Grandson, s’est ainsi lancé dans l’écriture d’un livre.

«À la base, j’avais une histoire à raconter, après 27 ans de sport et de compétition. Puis, j’ai élargi le spectre, en articulant mon ouvrage autour de l’activité physique, l’état d’esprit, l’alimentation, la gestion du stress et la récupération. Soit cinq points à maîtriser dans une optique de santé et de performance.»

Et malgré le passé de Glen Monnard, l’ouvrage ne s’adresse pas qu’aux judokas, loin de là. «Je l’ai conçu comme une sorte de guide pratique qui s’adresse à tout le monde, sportifs ou non. J’aborde d’ailleurs aussi les mécanismes qui nous font dire que l’on n’a pas le temps pour faire du sport, par exemple.»

«J’ai réalisé qu’on ne m’avait jamais expliqué certains principes, notamment en ce qui concerne la récupération et le fait de se nourrir correctement.» 

En plus de se baser sur son expérience d’ancien sportif de haut niveau – il compte notamment à son palmarès une médaille d’or aux Championnats d’Europe de Police –, le Nord-Vaudois a lu beaucoup de livres et d’articles sur le sujet. «Je prenais des notes chaque fois que je tombais sur quelque chose qui m’inspirait. Et plus on a mal, plus on est inspiré! J’ai d’ailleurs moins d’inspiration depuis que j’ai été opéré… J’ai ensuite épuré et personnalisé le sujet. Au final, j’ai mis trois ans à écrire et publier mon livre, Reconnecter le corps et l’esprit, que je rédigeais après 20h, une fois que mes deux enfants étaient couchés.»

Son expérience avant cela en matière d’écriture? «Les rapports de police, mais ce n’est pas la même chose», rigole celui qui est inspecteur à la police scientifique. Un métier pour lequel il a suivi un bachelor et un master à l’École des sciences criminelles, et qui a logiquement contribué à charger son planning.

«Je travaillais en journée et parfois de nuit en plus de m’entraîner énormément en judo, en musculation et en course à pied. Je ne me suis jamais écouté, il n’y a pas une séance où je n’avais pas mal quelque part. Quand je suis devenu papa pour la première fois, je dormais encore moins. J’ai brûlé la chandelle par les deux bouts. À 20 ans, ça passe, à 30 ans, plus. D’autant plus que j’étais assez autodidacte en sport, et que je faisais certaines choses faux. J’ai réalisé qu’on ne m’avait jamais expliqué certains principes, notamment en ce qui concerne la récupération et le fait de se nourrir correctement.»

Après avoir dû mettre un terme à sa carrière de judoka, Glen Monnard a fini par choisir de se faire poser une prothèse de la hanche. «Je ne pouvais plus marcher sans avoir mal, je boitais et il m’était impossible de courir. J’aurais presque dû passer le cap avant, car j’étais à la limite que ma vie parte en cacahuète. Quand le corps ne suit plus, c’est l’horreur, plus rien ne va. Toute ton énergie est dévolue à la gestion de la douleur, tu n’en as plus pour rien d’autre. Alors qu’une fois que le problème est résolu, tout va de nouveau, que ce soit au niveau du couple ou du travail, par exemple.»

«Le judo me manquera tous les jours de ma vie. Je me suis fait une raison, mais il y a des choses que je ne retrouverai plus jamais ailleurs.»

Si l’Yverdonnois a retrouvé «une vie normale de trentenaire», pas question de faire n’importe quoi non plus. «Je sais que, tôt ou tard, ma prothèse devra être révisée. Ça peut être demain ou dans 25 ans. Je n’aurai droit qu’à une seule révision, alors je ne fais plus de course à pied, ni de combats, pour ne pas gâcher cette chance. Le judo me manquera tous les jours de ma vie. Je me suis fait une raison, mais il y a des choses que je ne retrouverai jamais ailleurs.»

Pourtant loin de lui l’idée de se lamenter sur son sort: «Ce deuil d’arrêter son sport de prédilection, tout le monde devra le faire un jour ou l’autre. Écrire Reconnecter le corps et l’esprit – dont le titre part du constat que les sportifs ont tendance à déconnecter l’un de l’autre, ce qui les mène à pousser leur organisme toujours plus loin, même quand celui-ci est fatigué – a été une façon de surmonter cela. Avec le recul, je me dis que c’est en quelque sorte une chance d’avoir fait ce deuil à 30 ans, car j’avais de l’énergie à mettre dans ce livre, et une vie à continuer après avoir dû arrêter ma passion.»

 

-90 kg

C’est la catégorie de poids dans laquelle combattait Glen Monnard. Mais là où certains judokas doivent se soumettre à des diètes parfois extrêmes avant de monter sur la balance, l’Yverdonnois connaissait le problème inverse. «Je pesais 83 kg et je n’arrivais pas à prendre du poids, car j’étais tout le temps en surentraînement et en hyperstress. Alors que depuis que j’ai été opéré, je pèse dans les 90 kg, car j’ai arrêté d’en faire trop.» Mais alors, pourquoi ne pas avoir choisi de concourir en -81 kg à l’époque? «J’étais super sec à 83 kg, si j’avais dû descendre à 81 kg, je n’aurais plus eu de jus, et j’avais un judo basé sur la poigne. En plus, en -90 kg, mes adversaires étaient moins rapides.»

Pas facile d’être publié

«Ça a été l’horreur pour trouver une maison d’édition, reconnaît sans détour Glen Monnard. En fait, il faudrait déjà être un auteur à succès pour que ton livre soit accepté par un éditeur. Mais j’en ai déniché un à Paris qui aime donner sa chance aux gens moins connus. Et avec mes contacts dans le monde du judo et de la police, j’avais des cercles intéressants, car ce sont comme de grandes familles.» L’ancien sportif de haut niveau a en revanche eu carte blanche pour son ouvrage. «L’éditeur ne m’a pas imposé de modifications. Après, j’ai dû faire quelques concessions, par exemple l’imprimer en noir et blanc, pour que le prix reste abordable. Je voulais notamment que les jeunes puissent se le procurer.»

Le vécu des autres

«L’arthrose m’a aidé à lire, aussi des textes sur le vécu d’autres personnes», glisse Glen Monnard. L’un des livres qui l’ont le plus marqué? «Le guerrier pacifique, de Dan Millman. C’est l’histoire d’un jeune qui fait du sport et se cherche. Il trouve une sorte de gourou, et le récit tourne autour de cet ancien qui donne des outils au jeune, et de celui-ci qui vit ses propres expériences.»

Infos pratiques

Quoi?: Reconnecter le corps et l’esprit, de Glen Monnard.

Où?: www.glenmonnard.ch ou via les réseaux sociaux de Glen Monnard, ainsi que chez certains grands distributeurs.

Prix?: 34 francs auprès de l’auteur, plus 2 francs de frais de port.

 

L’École Dégallier visera un nouveau podium national

Le jour J approche à grands pas pour les judokas de l’École Dégallier. Les Yverdonnois ont réussi à se hisser parmi les quatre meilleures formations du pays à l’issue des quatre tours du championnat de LNA, décrochant ainsi une qualification pour le tour final. Celui-ci aura lieu samedi à la Riveraine, à Neuchâtel. Les combattants de Frank Dégallier tenteront de monter une nouvelle fois sur le podium national par équipes, eux qui avaient décroché le bronze l’an passé à la Swiss Cup (photo ci-dessous). La compétition, qui s’était déroulée sur un jour, avait remplacé le championnat, perturbé par le Covid.

Samedi, les judokas de l’EJD affronteront Brugg en demies à 15h. Un sacré morceau! Selon l’issue de l’affrontement, les Nord-Vaudois se battront soit pour le bronze lors de la petite finale à 16h45, soit pour le titre à 18h45. L’autre demi-finale, également à 15h, mettra aux prises Nippon Berne et Uster.

L’EJD avait décroché le bronze l’an passé à la Swiss Cup. © Champi

Il s’agit de la troisième fois que l’EJD participe au tour final. Les Yverdonnois avaient pris le 4e rang en 2008, avant de décrocher l’argent deux ans plus tard. «Lors de mes dernières années en LNA, le niveau était équivalent à celui de certaines compétitions internationales, avec beaucoup de renforts étrangers, se souvient Glen Monnard, qui avait participé à la conquête du titre de vice-champion suisse en 2010. C’est super bien que l’EJD ait réussi à se qualifier pour le tour final. Je pense qu’il y aura un niveau incroyable.»

Et de préciser: «À l’époque, quand on est montés en LNA, on était une bande de potes. On a tenu à cet échelon grâce à la cohésion et à l’ambiance au sein de l’équipe. Les nouvelles générations ont fait perdurer ça, ce qui est rare à ce niveau. Cet état d’esprit induit que l’EJD peut gagner même contre des formations plus fortes.»