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Des séismes népalais à la chaleur indienne

21 juillet 2015

Yvonand – Sophie et Mathieu Bernard sont revenus le mois passé d’un voyage de neuf mois. Partis comme missionnaires, ils étaient au coeur du séisme qui a dévasté le Népal et ont supporté la canicule meurtrière à Calcutta.

Les deux Suisses se sont rendus au sommet du col Thorong La, au Népal, à plus de 5400 mètres d’altitude. DR

Les deux Suisses se sont rendus au sommet du col Thorong La, au Népal, à plus de 5400 mètres d’altitude.

Sophie et Mathieu Bernard ont fait leurs valises en octobre dernier, pour s’envoler en Australie, avant de rejoindre l’Inde et le Népal. A leur départ, le couple nord-vaudois était loin d’imaginer qu’il affronterait l’une des pires vagues de chaleur qu’aient connues l’Inde et des séismes meurtriers. Rentrés il y a un mois à Yvonand, les voyageurs reviennent sur leurs neuf mois d’aventure.

«Nous nous sommes rendus en Australie pour suivre trois mois de cours dans une école chrétienne de formation de disciples», explique Sophie. Passionnés de Dieu, le couple a ensuite fait six mois de mission entre l’Inde et le Népal. «Le but n’était pas d’imposer notre religion, ce ne sont pas les croisades, précise son compagnon. L’idée était de partager les messages et les valeurs chrétiennes à ceux que ça intéresse.»

Sophie Bernard distribue des sacs de riz dans un village au Népal. DR

Sophie Bernard distribue des sacs de riz dans un village au Népal.

Au début de l’année, le couple s’est rendu, avec un groupe de jeunes venant du monde entier, dans un bidonville de Calcutta. Pendant six semaines, ils ont préparé des repas chauds, ont passé du temps avec les gens en allant trouver les malades à l’hôpital, ou en jouant avec les enfants dans les rues, tout en partageant leurs croyances et leur mode de vie. Toujours en suivant le programme de l’école australienne, les deux Suisses de 24 et 26 ans se sont envolés pour Katmandou, puis sont partis à la rencontre des villageois népalais, à plus de 2500 mètres d’altitude.

«Les gens vivent en autarcie et sont encore plus pauvres qu’en Inde, mais ça se voit moins», indique Mathieu Bernard. Pendant cinq semaines, ils ont partagé la «rude vie» de ce peuple, en aidant les villageois dans leurs tâches. Leur programme presque terminé, les jeunes Suisses ont alors été invités à participer à un trek de vingt jours.

Voyage de tous les défis

Ci-contre, les nord-vaudois jouent à la corde à sauter avec les enfants indiens. DR

Ci-contre, les nord-vaudois jouent à la corde à sauter avec les enfants indiens.

Après un bref passage en Australie, pour conclure leur formation, Sophie et Mathieu Bernard sont retournés au Népal pour escalader le plus haut col du monde: Thorung La. «C’était le défi de notre vie», rigole la jeune femme, qui ne s’était pas préparée physiquement à cette étape. Mais au 17e jour de ce voyage, l’aventure se corse. A 3000 mètres d’altitude, le sol se met à trembler. «La maison derrière nous s’est fissurée et le toit est tombé. Nous étions à 70 km de l’épicentre du premier tremblement de terre», explique celui qui était gendarme avant de s’envoler vers d’autres horizons, et qui ne réalisait pas la gravité du séisme. En terminant leur trek, ils ont traversé des villages entièrement détruits et vu les maisons s’effondrer. «Nous avions l’opportunité d’être rapatriés, mais c’est à ce moment-là que les gens avaient le plus besoin d’aide», lance Sophie Bernard.

Le couple profite de se reposer à Yvonand, avant de refaire ses valises pour les Etats-Unis. © Muriel Aubert

Le couple profite de se reposer à Yvonand, avant de refaire ses valises pour les Etats-Unis.

Les deux jeunes ont alors retroussé leurs manches pour distribuer des vivres. «Nous sommes retournés dans le tout premier village que nous avions visité. Le paysage avait complètement changé, indique Mathieu Bernard. Puis il y a eu une vague de persécution. Les hindous et les bouddhistes ont rejeté la faute des séismes sur les chrétiens, qui n’adorent pas leurs idoles.» Les deux Suisses n’ont pas abandonné pour autant et ont continué à aider la population à s’occuper des champs, à construire des abris pour ceux qui dormaient dehors et en leur donnant de l’espoir. «Les gens sont rapidement abattus moralement, là-bas, et nous les avons encouragés à reprendre espoir», précise Mathieu.

Les maisons se sont écroulées après les tremblements de terre. DR

Les maisons se sont écroulées après les tremblements de terre.

Après deux mois de travail humanitaire, les deux jeunes ont décidé de ne pas rentrer tout de suite en Suisse et de rendre visite aux familles indiennes qu’ils avaient rencontrées. «Nous leur avions promis de revenir et nous étions à côté», sourit le jeune homme, qui ne s’attendait alors pas à vivre la plus grande vague de chaleur qu’a connue le pays. «La sensation de chaleur était de 50 C°! Même sans bouger, on transpirait en continu les six litres d’eau que nous buvions par jour», explique-t-il.

Mathieu et Sophie Bernard animent une rue de Calcutta. DR

Mathieu et Sophie Bernard animent une rue de Calcutta.

Malgré les difficultés, le couple repartirait sans hésiter pour un tel périple. «Toutes ces rencontres nous ont apporté énormément et nous ont changés, lance l’éducatrice sociale. Maintenant, je suis reconnaissante de tout ce qu’on a: que ça soit de pouvoir manger autre chose que de la dal bhat (NDLR: du riz, des lentilles et des pommes de terre servis trois fois par jour au Népal), ou de se doucher à l’eau chaude.» Quant à Mathieu Bernard, il a retrouvé le sourire. «Ce n’est pas que j’étais déprimé, mais ce voyage et ces rencontres m’ont rendu heureux.» Toujours aussi enthousiastes, les deux amoureux ne restent pas en place. Ils se reposent actuellement à Yvonand, mais partiront, à la fin des vacances, vivre neuf mois en Californie.

Suivez Mathieu et Sophie Bernard sur: www.bernard-adventure.wix.com/voyage

Muriel Aubert