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Des statues de bronze pour ancrer les libertés
Sara.H et DeLaPerouze façonnent le symbole de la liberté d’expression en créant le moule de la première sculpture du Human Rights Sculpture Park. © Michel Duperrex

Des statues de bronze pour ancrer les libertés

27 juillet 2018 | Edition N°2298

Les artistes Sara.H et DeLaPerouze sont en passe de réaliser le plus grand projet de leur carrière avec un parc des droits de l’homme en Californie. Ils ont imaginé au total 26 sculptures pour illustrer la Déclaration universelle de 1948.

Entre Mathod et les Etats-Unis, il n’y a qu’une vache. Ou plutôt une Tétra-vache. Car c’est en façonnant ces animaux en forme de brique de lait dans les années 2000 que l’artiste nord-vaudois DeLaPerouze s’est intéressé, pour la première fois, à la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il avait accompagné ses sculptures d’un manifeste prônant un droit des vaches à l’image de celui des hommes. Et aujourd’hui, le peintre s’apprête à lancer, avec sa conjointe Sara.H, le projet d’un parc entier aux USA consacré à la charte des Nations unies qui fête ses septante ans cette année.

Cette exposition à ciel ouvert sera le fruit de multiples collaborations et de l’expérience accumulée à la suite de la création de leur premier parc à Lausanne, en 2015 (lire encadré). «Cela faisait des années qu’on avait en tête de faire un projet pour rendre accessible la Déclaration universelle à tous, aux enfants comme aux personnes malvoyantes et en situation de handicap, confie l’artiste DeLaPerouze. Mais on ne savait pas vraiment où le réaliser.» Coup de chance ou heureux hasard, c’est au détour d’une discussion que leur concept a pris forme. «L’une de mes deux sœurs, qui vit à San Francisco et qui œuvre pour les enfants défavorisés, nous a dit qu’elle était intéressée à y participer», ajoute Sara.H.

Motivée à soutenir le duo nord-vaudois, l’Américaine se charge actuellement de fonder une association du nom de Seeing through touch, littéralement voir c’est toucher. «Cela nous permettra de rencontrer les autorités et de discuter d’un parc sur lequel on pourra installer nos pièces», poursuivent les artistes.

100% made in Switzerland

Pour l’instant, le Human Rights Sculpture Park n’en est qu’à ses débuts, puisque ni le lieu exact, ni le financement, ni le détail des statues n’ont été déterminés. Mais les sculpteurs nord-vaudois ont bien une petite idée de ce à quoi il devrait ressembler. «On a imaginé 26 statues avec des textes en anglais et en braille qui expliqueront les trente articles de la Déclaration universelle de 1948», dévoile DeLaPerouze, qui a esquissé les grandes lignes du projet pour que son épouse puisse les matérialiser. Le duo a estimé le projet à plus de 1,2 million de francs, soit le double du parc lausannois qui compte dix-huit scènes. Et cela s’explique par le fait que tout sera produit en Suisse. «On a calculé et il s’avère moins cher et plus simple de fabriquer les pièces en Suisse parce qu’on doit se déplacer à la fonderie à chaque fois qu’un moule est prêt à être rempli de bronze», relève l’artiste de Mathod. D’ailleurs, côté budget, une levée de fonds va bientôt commencer sur sol américain.

Le couple assure que le parc n’a pas pour objectif de lui rapporter de l’argent mais d’aider: «Le but est de faire découvrir la charte autrement, de façon artistique et ludique. Comme on est pleins de bonne volonté, les gens le ressentent et ils sont prêts à nous suivre dans notre délire!»

Caroline Gebhard