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Devenir curateur permet de s’enrichir en contacts

16 janvier 2019
Edition N°2415

Le Canton était le dernier à imposer les curatelles. Il a mené une réforme qui est entrée en vigueur le 1er janvier 2018. Un an plus tard, le bilan est réjouissant, malgré la suppression de l’obligation de s’occuper d’un pupille.

Etre curateur ou curatrice, ce n’est pas un métier, c’est une vocation. Aider quelqu’un dans la difficulté, pour quelque raison que ce soit, demande abnégation, empathie et dévouement.

Jusqu’au 31 décembre 2017, les curateurs étaient désignés au hasard par les assesseurs de la Justice de paix. Depuis le 1er janvier 2018, ce sont eux qui choisissent d’endosser cette charge. Non seulement la fonction, mais surtout le recrutement et la formation des curateurs, ont été complètement revus. Suivant les vœux de la conseillère d’Etat Béatrice Métraux, le Département des institutions et de la sécurité, celui de la santé et de l’action sociale et l’Ordre judiciaire vaudois ont mené les réflexions sur cette réforme. «Avant, être curateur était perçu comme une corvée à laquelle il était impossible d’échapper, relève Katiuska Stekel, cheffe ad interim de la direction de l’Office des curatelles et tutelles professionnelles. Nous avions alors un ratio de 20% de professionnels chargés des cas lourds, et 80% de curatelles imposées.» Une vaste campagne de communication visant à recruter des curateurs volontaires a été lancée en juin 2017. «Nous étions persuadés que lorsque l’obligation d’accepter le poste tomberait, plus personne n’accepterait. Et à notre grande surprise, non seulement la plupart des personnes qui avaient été recrutées d’office ont décidé de renouveler leur mandat, mais en plus, notre campagne a intéressé plus de 1700 personnes, dont 1046 qui ont confirmé leur intérêt après leur premier entretien au sein d’une agence d’assurances sociales. Ce succès a dépassé toutes nos attentes.»

Des efforts sur la formation

Parmi les réformes mises en place figure notamment la formation. Car on ne s’improvise plus curateur. Cette charge demande une bonne connaissance du système social vaudois et suisse, des connaissances de base en comptabilité et surtout des qualités humaines. Après avoir suivi trois modules de formation, les curateurs peuvent désormais choisir quel type de personnes ils souhaitent aider. D’aucuns préfèrent les personnes âgées, d’autres les jeunes alors que certains décident de mener un accompagnement social. Ils peuvent aussi désigner la zone géographique dans laquelle ils interviendront. Les curateurs volontaires peuvent choisir s’ils préfèrent que leur pupille réside près de leur domicile ou de leur lieu de travail. Les candidats ont désormais la possibilité de s’annoncer auprès des agences d’assurances sociales de leur région. Une hotline a été mise en place pour les volontaires, et ils peuvent s’adresser en tout temps au Bureau d’aide aux curateurs privés ou à leur assesseur référent, qui les suit depuis le début de leur mandat. Autre innovation: les curateurs polyglottes peuvent choisir la langue dans laquelle ils souhaitent s’exprimer avec leur pupille, ouvrant ainsi l’accès à des bénéficiaires non francophones.

Si les droits des curateurs se sont un peu étendus, leurs devoirs n’ont pas diminué. Ils doivent rendre une fois par année un bilan et des comptes à la Justice de paix. Enfin, leur défraiement est passé de 1600 francs à 1800 francs par année et par mandat. On le voit, la richesse d’une curatelle ne tient pas dans le porte-monnaie.

«Nous nous sommes rendu compte que la solidarité est là. Il faut juste la laisser venir et ne pas l’imposer», conclut Katiuska Stekel.