Sainte-Croix – Une semaine après le début de la grève, les négociations n’avancent pas entre les deux parties.
Huit jours. Voilà un peu plus d’une semaine que six ouvriers polonais a priori souspayés, travaillant pour le compte de l’entreprise neuchâteloise Alpen Peak International, sont en grève. Huit jours que des drapeaux et bannières aux couleurs d’Unia ornent les anciens locaux de l’entreprise Bacab, situés à la rue de l’Industrie, à Sainte- Croix. Huit jours que les deux parties campent sur leurs positions dans un climat délétère, s’engageant dans une bataille juridique.
«Nous avons déposé deux plaintes pénales contre Alpen Peak, tonne Lionel Roche, responsable artisanat d’Unia Vaud. L’une pour usure -des conditions de logement précaires sur des chantiers à des prix indécents-, et l’autre pour faux dans les titres, concernant des fausses fiches de salaire.» De son côté, la direction, qui était injoignable hier, nie tout. Par voie de communiqué, l’entreprise réfute «en bloc et avec force» les accusations du syndicat. Taux de travail, salaire horaire, indemnités vacances et 13e salaire : tout est en ordre à en croire la direction. Elle précise même «être en disposition de tous les justificatifs permettant d’étayer ses dires et tout à fait prête à les produire à qui de droit.» Un «pur mensonge construit de toute pièce» selon Unia Vaud qui accuse l’entreprise de vouloir gagner du temps. «Chaque heure qui passe leur permet de produire des fiches de salaire et autres papiers bidons», poursuit Lionel Roche. Et d’ajouter : «Nous soupçonnons l’entreprise de vouloir faire sortir de l’argent de Suisse et de se mettre en faillite.»
Une stratégie qui, si les accusations s’avèrent fondées, permettrait à Alpen Peak d’éviter de payer les plus de 100 000 francs d’arriérés de salaire aux six ouvriers polonais. «Sous demande d’Unia, une action civile a été faite, vendredi dernier, par peur que du matériel ne soit soustrait au capital social de l’entreprise », relatait le syndicaliste. Et de promettre : «Nous ne comptons pas en rester là : d’autres actions syndicales suivront.»
Devant ce qu’elle appelle «des manœuvres d’intimidation», la direction de l’entreprise a fait savoir, toujours par voie de communiqué, avoir «déposé plainte auprès de la gendarmerie pour occupation illicite des chantiers.» Une action juridique qui ne déstabilise pas le syndicat : «Nous possédons un faisceau de preuves irréfutables sur lesquelles nous nous appuyons», conclut Lionel Roche. Le combat continue.
La Municipalité prend ses responsabilités
Muet jusque là, l’Exécutif saint-crix s’est penché, hier soir, sur son rôle à jouer dans l’affaire qui secoue actuellement la localité. «On attend de la Municipalité qu’elle propose ses bons offices pour une négociation qui restera bipartite entre Unia et Alpen Peak International», espère Lionel Roche, responsable artisanat d’Unia Vaud.
A l’heure du bouclage de cette édition, sa position n’était pas encore arrêtée. Un communiqué est attendu ce matin.
Un comité de soutien
Plusieurs personnalités sainte-crix se sont réunies, dimanche soir, pour former un comité de soutien aux six ouvriers polonais présumés exploités. Parmi elles, le chanteur Michel Bühler. «L’idée est d’apporter un soutien moral aux grévistes. C’est important qu’ils sachent qu’ils ne sont pas seuls face à ce que nous considérons comme un escroc», précise- t-il. Et d’ajouter : «Cette situation pénible nuit aux ouvriers et à l’image de Sainte- Croix. Il est urgent que tout cela cesse.»