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La directrice du Semo Nord tourne la page

28 décembre 2017
Edition N°2153

Yverdon-les-Bains – Claude-Anne Jaquier a œuvré pour tisser des liens entre la formation et la vie pratique. Avec un objectif impératif : aider les jeunes gens à s’intégrer dans la vie active.

Claude-Anne Jaquier quitte le Semo. Mais elle n’a pas l’intention de rester inactive. L’action à but idéal reste une motivation très forte pour elle. ©Carole Alkabes

Claude-Anne Jaquier quitte le Semo. Mais elle n’a pas l’intention de rester inactive. L’action à but idéal reste une motivation très forte pour elle.

Sans l’indiscrétion d’une connaissance, son départ aurait pu passer complètement inaperçu. Car si elle est une femme très à l’aise en société, Claude-Anne Jaquier se mue en une grande timide lorsqu’il s’agit de parler d’elle. Et pourtant, l’impulsion qu’elle a donnée au Semo (Semestre de motivation), en particulier en rapprochant cette structure de l’économie réelle, mérite bien un bilan au moment où la directrice transmet le témoin.

La démarche engagée par Claude-Anne Jaquier peu après son arrivée à la tête du Semo Nord, il y a une quinzaine d’années, a une valeur d’exemplarité. Elle a d’ailleurs fait tache d’huile.

A son arrivée à la tête du Semo, en 2003, la structure accueillait 24 jeunes gens. La plupart étaient en difficulté comportementale ou placés par le Service de protection de la jeunesse (SPJ). Pas de quoi rebuter cette assistance sociale du SPJ et mère de quatre enfants.

Ces adolescents étaient alors plus occupés que préparés à entrer dans la vie active, dans le cadre d’ateliers de céramique, de couture et d’informatique (téléchargement de musique).

 

Esprit d’entreprise

 

La nouvelle directrice a été d’emblée animée par une question, qui devait également répondre à l’objectif de l’institution : comment les motiver ?

La réponse s’est concrétisée sous la forme d’une cuisine. Bien évidemment, la préparation des repas pour les jeunes et les sept collaborateurs ne suffisaient pas à occuper une journée. D’où l’idée de proposer les repas à d’autres institutions. La garderie Les Goélands, au Centre Saint-Roch, a été le premier client institutionnel. D’autres ont suivi avec la professionnalisation de la cuisine.

Aujourd’hui, quelque 500 repas sont préparés quotidiennement dans la cuisine du Semo et distribués dans 22 garderies de la région.

Les bénéfices de la cuisine ont permis d’investir dans un atelier chocolat. Puis a suivi la reprise d’un magasin de vêtements de bébé de seconde main. Il se trouvait aux Tuileries-de-Grandson et a été replacé dans les locaux du Semo, à la rue Haldimand.

Le Semo traite aussi dans sa buanderie le linge des clients des Centres médicosociaux d’Yverdon-les-Bains, Yvonand, Vallorbe, et Grandson. Il a aussi repris, de Pro Senectute, la gestion des Alizés, le centre de la ruelle Vautier, qui est ouvert au public, et où plus de 400 personnes âgées participent chaque mois aux activités proposées.

Plus de 260 jeunes gens, soutenus par 45 collaborateurs, passent chaque année par le Semo et deux coachs assurent le suivi d’une quarantaine d’apprentis de première année en entreprise.

 

La moitié du budget

 

Claude-Anne Jaquier tire une légitime fierté de cette évolution : «Sur le plan romand, nous sommes le Semo le plus avancé au niveau de cette culture entrepreneuriale. La création des ateliers de production nous a permis d’apprendre aux jeunes les réflexes du monde du travail : prix, hygiène, ponctualité. Les compétences sont transvasables.»

Grâce à cette initiative entrepreneuriale, le Semo finance la moitié de son budget de fonctionnement avec les revenus de ses propres activités. Et, c’est sans doute le plus important, les jeunes gens acquièrent dans le cadre des ateliers -ils fonctionnent comme cinq mini-entreprises- des compétences qui se muent en atout à l’heure de conquérir une place d’apprentissage ou un emploi.

Au moment de transmettre le témoin à Ingrid Artieda -la nouvelle directrice œuvre dans l’institution depuis cinq ans-, Claude-Anne Jaquier est à la fois reconnaissante envers tous ceux qui ont soutenu les entreprises du Semo -elle a aimé accompagner son époux Rémy alors qu’il était syndic, car cela lui a permis de développer un extraordinaire réseau- et fière d’avoir pu mettre en pratique le sens commercial qui dormait en elle.

Face aux difficultés que connaissent certains jeunes, la désormais ex-directrice du Semo ne peut rester insensible. D’autant plus qu’elle a de l’énergie à revendre. Elle a déjà un projet en tête. Mais il faut le laisser mûrir…

www.semonord.ch

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