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Dominique Chartier, par amour du gazon
© Michel Duperrex

Dominique Chartier, par amour du gazon

17 novembre 2021

Dominique Chartier et son équipe font un travail remarqué et apprécié au Stade municipal, où la pelouse fait des envieux. Il y a une explication à cela: la passion et le savoir-faire du greenkeeper.

Il ne se passe pas une semaine sans que, au Stade municipal ou aux Vuagères, la qualité des terrains soit louée par les joueurs du cru, par les visiteurs et par les dirigeants. Les billards yverdonnois, ce sont Dominique Chartier et son équipe qui les bichonnent avec amour et expertise.

Le secret est bien là: dans la passion et l’investissement des jardiniers du stade. Arrivé en 2018 à Yverdon, après dix-huit ans passés sur les parcours du Golf de Vuissens, Dominique Chartier, aux commandes de l’équipe, est un amoureux de son métier. Un homme – et c’est le cas de le dire – de terrain.

Engagé par la Ville en prévision d’une ascension en Challenge League d’Yverdon Sport – la Swiss Football League exige des spécialistes dans les gazons sportifs –, celui qui a œuvré dans un golf de la région parisienne à ses débuts dans le métier et qui est établi à Combremont-le-Petit, a petit à petit révolutionné les choses: ses collègues et lui sont passés du Service des travaux et de l’environnement à celui des Sports, il s’occupe directement et quotidiennement de l’entretien des machines et, surtout, il attache une grande importance à la communication et aux relations avec les utilisateurs des terrains. «Il faut expliquer les choses, avoir des contacts réguliers», lâche-t-il.

Une philosophie qui plaît énormément. «Il cherche toujours une solution», relevait dernièrement, ravi, le président du RC Yverdon Vincent Piguet. Un tel investissement demande du temps – les ressources humaines municipales en savent quelque chose –, de la main d’œuvre et de la volonté. Ce que Dominique Chartier et son équipe donnent avec plaisir.

«L’important, c’est de donner de la vie au sol», lance Dominique Chartier. Tout en permettant à des footballeurs de jouer dans les meilleures conditions possibles. Le souci principal est la surutilisation de ces pelouses toutes entièrement naturelles, sans drainage, sous lesquelles se trouve une nappe phréatique. De la mi-octobre à la mi-mars, grosso modo, l’herbe ne pousse plus. «Dès l’instant où on pratique le football dans cette période, on entame le capital santé du gazon, souligne-t-il, aux petits soins pour ses terrains. Si j’avais quelque chose à dire, je préférerais qu’on arrête plus longtemps l’hiver et qu’on continue de jouer jusqu’à fin juin.»

Mais il n’est pas question de se plaindre, au contraire. Le greenkeeper de formation veut du positivisme dans son équipe, de l’envie de bien faire et de trouver des solutions. Il faut aller sur le terrain, enfiler les gants, et se mettre au travail pour décompacter le sol, l’aérer en perçant tous les quinze jours, le sabler pour améliorer sa perméabilité et rectifier la planimétrie. «Avoir un bon système racinaire est primordial, afin de maintenir un bon ancrage, assure le passionné. On utilise des appareils de mesures pour cela, ainsi que pour contrôler la perméabilité et la compaction. Selon les résultats, cela donne les axes de travail à suivre. Mon métier, ce n’est pas que de tondre le gazon.»

Depuis son arrivée dans la Cité thermale, le jardinier en chef de 49 ans a également introduit des permanences lors des matches de Challenge League. A la mi-temps, après la rencontre, il s’agit d’entretenir la pelouse. Son équipe et lui remettent les mottes en place après chaque entraînement. Cela nécessite du temps, certes, mais c’est le prix à payer.

Forcément, la création d’un ou même plusieurs terrains synthétiques intervient dans la discussion. «A Yverdon, c’est ce qui manque vraiment. Au Stade municipal, cela changerait complètement les choses, s’il y avait des pelouses artificielles pour l’entraînement, en hiver surtout.» Ce n’est pas le seul projet que Dominique Chartier aimerait voir aboutir: «En ce qui concerne l’arrosage, il existe le projet de se connecter directement à la sortie de la STEP, juste à côté, et d’utiliser ainsi l’eau qui repart au lac, plutôt que celle du réseau.» Tout pour voir la vie en vert au Stade municipal.

 

Du golf au foot: c’est pour quelle coupe?

 

As des terrains de golf, Dominique Chartier a découvert un nouvel univers. «C’est plus simple au foot, car tout est tondu à la même hauteur, sur un terrain plat. Au golf, il y a plus de variations. Chaque surface est entretenue avec des hauteurs, des machines et des fréquences différentes, explique-t-il, lorsqu’on le lance sur le jeu des comparaisons. Au foot, c’est surtout l’utilisation qui pose problème.» D’où l’importance d’entretenir de très bonnes relations avec les utilisateurs, et particulièrement les entraîneurs.

En plus des surfaces de jeu du Stade municipal, les jardiniers du Service des sports se chargent de l’entretien du terrain des Isles et de celui des Vuagères. Ils viennent aussi de semer au stade d’athlétisme de l’USY, inondé cette année, afin qu’il soit en état au printemps prochain. Pour que tout roule, Dominique Chartier collabore étroitement avec Philippe Stengel, en charge du stade (bâtiment). Tous deux ont leur bureau dans le même local.

En chiffres

 

25 millimètres: la hauteur à laquelle la pelouse du terrain principal du Stade municipal (et de ceux d’entraînements) est tondue. Cela nécessite de couper trois fois par semaine, voire parfois quotidiennement.

30 heures: c’est, au grand maximum, l’utilisation possible par semaine pour garder un terrain naturel en état. Au Stade municipal, on atteint le plafond. Au-delà de 800 heures par an, un gazon 100% terre ne peut pas résister. Aux Isles, neuf équipes, les écoles et les enfants du quartier passent 1500 heures dessus. Le terrain est totalement surutilisé, il n’a pas le temps de se régénérer.

2024 Dans à peine plus de deux ans, l’utilisation de produits phytosanitaires (fongicides, insecticides) sera interdite. Bien conscient de la dimension écologique dans son métier, Dominique Chartier n’a pas eu à utiliser le moindre traitement du genre cette année. Le fruit du bon travail effectué – il faut garder le gazon en forme, l’entretenir, le régénérer avec de nouvelles semences et le stimuler avec des produits naturels pour éviter les attaques  –, mais aussi une part de chance. Des essais avec uniquement de l’engrais naturel sont pratiqués sur deux terrains, avec des résultats «assez satisfaisants».

 

 

Manuel Gremion