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Du Congo en Pays de Vaud avec le sarakendo

19 mars 2014

Sarakendo – L’enseignement de cet art martial, de défense uniquement, est prodigué à Orbe et Vallorbe.

Maître Sara désarme un assaillant muni d’un pistolet factice, ici au dojo urbigène. L’art martial congolais est un moyen de défense, l’attaque étant interdite.

Maître Sara désarme un assaillant muni d’un pistolet factice, ici au dojo urbigène. L’art martial congolais est un moyen de défense, l’attaque étant interdite.

Lorsque l’on évoque les arts martiaux, viennent inévitablement à l’esprit quelques images mythiques : des scènes épiques des films de Bruce Lee à la fabuleuse médaille de bronze de Sergei Aschwanden, à Pékin en 2008, les références sont légion. Néanmoins, loin de la lumière, il existe un art martial moins populaire et, surtout, qui se veut plus défensif que ses cousins : le sarakendo. Cet art martial d’autodéfense constitue un mélange détonant entre l’aïkido, le judo, le ju-jitsu japonais, les techniques de sol africaines, le kung-fu shaolin et le karaté. Rien que ça.

Maître Sara, pionnier

Dépourvu de compétition, le sarakendo consiste à confronter les participants aux dangers de la réalité extérieure. Face à des pistolets factices ou à des bâtons, parfois les yeux bandés, ils doivent surpasser toute sorte de menaces, quelque soit la situation. Le sarakendo prône donc la défense, puisque l’attaque y est interdite, excepté dans les cas d’extrême nécessité. En outre, Maître Sara, l’homme qui a importé cette discipline en Suisse, précise qu’il diffuse également un tout autre état esprit : «Inculquer des valeurs est très important dans ce sport. On prodigue la tolérance aux élèves, ils apprennent à se mélanger et à être ensemble ici.»

Cet art martial si atypique trouve son origine au Congo, dans la période de colonisation, à la fin du XIXe siècle. Les arts martiaux étant prohibés à ce moment-là, il a dès lors fallu trouver une variante pour contourner cette loi. C’est alors qu’on créa le sarakendo, héritage de la lutte traditionnelle libanda, de l’ethnie Mbuza. «A propos de cette origine, j’aimerais insister sur le symbole de l’arc-en-ciel, qui signifie que nous unissons toutes les nations différentes et que nous sommes tous égaux», ajoute Maître Sara. Inconnue à son arrivée en Suisse, cette pratique demeure passablement confidentielle aujourd’hui, quand bien même elle est en constante émergence, à l’image de membres qui affluent de tout le canton dans les dojos situés à Vallorbe et à Orbe.

Après avoir implanté ce sport de défense dans nos contrées, le pionnier congolais vient de passer le témoin à son fils, Ludovic Lumengo, tout juste âgé de vingt ans. Ce dernier poursuit le travail entrepris par son père, tout en mettant l’accent sur la promotion de ce sport à travers des démonstrations dans les écoles, à la police ou dans les maisons de jeunes notamment. «Le sarakendo séduit beaucoup par son originalité, nous sommes vraiment différents, car c’est le seul art martial à n’être porté que sur la défense.»

Mais pourquoi une telle volonté de le promouvoir, tandis que celui qui lui a transmis cette passion préconisait le travail dans la discrétion ? «La violence d’aujourd’hui n’est plus celle d’il y a vingt ans, elle a énormément changé. Je pense qu’il est devenu primordial de savoir se défendre correctement», conclut le jeune entraîneur. Force est de constater qu’il est difficile de lui donner tort dans le contexte actuel. Ainsi, si l’on désire joindre l’utile à l’agréable, le sarakendo en est une parfaite conjugaison.

Steven Bonzon