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Du poisson exotique élevé à Chavornay

17 juillet 2014

Au milieu des champs du Nord vaudois, Olivier Mueller élève des pangasius «durables» dans sa pisciculture.

Olivier Mueller et un pangasius d’une année qui pèse déjà entre deux et trois kilos.

Olivier Mueller et un pangasius d’une année qui pèse déjà entre deux et trois kilos.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, des poissons tropicaux sont élevés à Chavornay. C’est en effet au milieu des champs nord-vaudois, dans la zone du Paquier, que le biologiste Olivier Mueller regarde grandir ses 4 000 alevins de pangasius. Ces derniers pèseront, d’ici huit mois, plus d’un kilo et pourront être vendus, sous la forme de filets de poisson exotique suisse, dans les supermarchés.

«Près de l’entier des pangasius consommés en Europe vient du Vietnam. C’est un poisson très apprécié chez nous. Ces derniers sont nourris dans le Mékong avec des aliments venant du Brésil et les filets frais que nous consommons sont transportés jusqu’ici en avion, ce qui pose un problème au niveau environnemental», explique le biologiste, qui a fait le pari de produire ce poisson de façon durable.

Ce poisson est principalement élevé le long du Mékong.

Ce poisson est principalement élevé le long du Mékong.

Le projet a débuté en 2009, avec le soutien des fonds Coop pour le développement durable. Après avoir transformé une ancienne porcherie en pisciculture, il y a élevé du tilapia, entre 2010 et 2012. «C’était la première étape du projet, indique Olivier Mueller. C’est un poisson facile à élever, cela nous a donc permis de voir qu’il était possible d’élever des poissons exotiques ici. Au niveau technique, cet essai a été une réussite, mais malheureusement pas au niveau commercial. En effet, ce poisson ne se vent pas très bien chez nous.»

Ainsi, après avoir constaté que la structure mise en place fonctionnait, le pisciculteur a retenté l’expérience avec un animal aquatique plus apprécié sous nos latitudes.

«Cette fois, ça s’est très bien passé, les filets de pangasius ont été vendus par Coop, entre février et mars dernier, raconte-t-il avec satisfaction. Le premier critère d’achat est la provenance du produit. Les gens sont prêts à payer un peu plus cher pour acheter local.»

Il faut attendre huit à neuf mois pour pouvoir consommer le pangasius.

Il faut attendre huit à neuf mois pour pouvoir consommer le pangasius.

Le projet a donc été reconduit et le soutien financier dont il bénéficie se terminera l’année prochaine. Mais Olivier Mueller ne s’arrêtera pas de si tôt et prépare l’avenir. Les alevins qui nagent actuellement dans le système d’eau en circuit fermé, chauffé entre 24 et 26 degrés à l’aide de déchets de bois recyclé, viennent de Thaïlande. Cependant, le biologiste prévoit de gérer la reproduction de ses poissons pour ne plus avoir besoin de les importer. «Il est facile, en captivité, de gérer la reproduction des pangasius pour en avoir toute l’année. Pour l’heure, je travaille sur un grand projet. Je souhaite proposer aux agriculteurs une installation clé en main, pour qu’ils élèvent ce poisson, comme ils le font avec les poulets.» Avec le soutien de l’Association pour le développement du Nord vaudois, le biologiste souhaiterait voir entre 100 et 200 tonnes de pangasius produits en Suisse chaque année. «C’est une espèce très résistante et assez tolérante», conclut-il avec conviction.

Muriel Aubert