D’Yverdon au cap Nord à la force des bras
11 mars 2022Olivier Forney et Aline Guignard (photo, de g. à dr.) s’élanceront sur le lac de Neuchâtel en kayak, lundi, pour un périple long de 4600 km. Tout en levant des fonds pour l’association Zoé4life, qui soutient la lutte contre le cancer de l’enfant.
Un an et demi pour atteindre l’extrême Nord
Après deux jours de marche au départ de Vevey, où ils résident actuellement, c’est à l’embouchure de la Thièle, à Yverdon, qu’Aline Guignard et Olivier Forney mettront leurs kayaks à l’eau, lundi aux alentours de 11h. De là, ils donneront les premiers coups de pagaie d’un voyage qui les mènera jusqu’au cap Nord, dans une année et demie.
«Le Nord fait partie des régions qu’on apprécie et qu’on voulait découvrir encore un peu plus. Il y a aussi un avantage non négligeable pour les personnes qui voyagent en itinérance: le camping sauvage est légal, il fait partie de la culture nordique», explique Aline Guignard.
«On aime les natures polaires. De plus, le cap Nord, c’est symbolique, renchérit Olivier Forney. La plupart des gens savent le situer, ce qui facilite la communication dans le cadre du projet avec Zoé4life.»
Autre avantage: le fait que la densité de population soit peu élevée dans les pays du Nord. «Le principal danger, quand on fait de l’itinérance, c’est l’homme. Même si les rencontres sont aussi l’une des plus belles choses du voyage», relève le Vaudois. Qui espère aussi voir l’un de ses souhaits se réaliser: «J’ai toujours rêver de voir les orques qui viennent se reproduire en automne dans ces régions. Parce qu’en fait, quand on sera au cap Nord en juin 2023, ce sera la fin de notre voyage avec Zoé4life, mais pas celle de notre vie de voyageurs.»
Si sa condition physique et sa santé le lui permettent, le couple espère ainsi pouvoir rester dans l’extrême Nord jusqu’à l’hiver 2023-24. «Puis, si on n’en a pas ras-le-bol du kayak, on essaiera de redescendre le long des côtes (ndlr: itinéraire en pointillé sur la carte), et peut-être même un jour d’atteindre le Groenland. Mais avec des bateaux entre deux!»
Le kayak pour changer de perspective
Depuis 2012, les deux Veveysans ont passablement sillonné le globe à vélo, pour un total de 45 000 km. «Quand on vit en Suisse, on peut avoir cette vision qu’on a notre vie, notre profession, et qu’on s’offre des parenthèses de voyage. Notre manière de fonctionner diffère de ça: on a une vie qui est faite de voyages, et il y a des obligations financières. Lorsqu’on revient ici pour remplir un peu le porte-monnaie, on ne peut pas dire qu’on a tourné la page du voyage, puisqu’il y a une nouvelle envie qui émerge. On est plutôt dans une sorte de continuité», explique Olivier Forney.
Après un projet plus sédentaire en Suède et un retour en Suisse pour des raisons de santé, Aline Guignard et Olivier Forney ont décidé non pas de reprendre la route, mais de continuer leur exploration sur l’eau. «J’avais besoin de voir autre chose, souligne l’éducateur de 41 ans. On considère que la manière dont on traverse les pays oriente ce qui va être perçu et vécu, les rencontres avec les communautés locales. À vélo, on a les yeux à environ 1m60 du sol, et on voit relativement loin. Sur un kayak, l’horizon est plus limité. On a cette curiosité de découvrir ce que cette différence de vision va nous apporter ou nous enlever.»
«On a cette envie de changer de point de vue, de perspective», acquiesce Aline Guignard.
Un entraînement minimal
Le duo ne le cache pas, il ne connaît «rien au monde de la mer, et relativement peu de choses à la vie des côtes». Et Olivier Forney de préciser: «Le fait d’utiliser un kayak va nous forcer à nous retrouver avec des populations qui vivent avec ou grâce à la mer. Comment seront ces gens? Il y a le souhait de découvrir une réalité différente. Durant nos trajets à vélo, nous avions beaucoup aimé les zones de montagnes, car on se retrouvait avec des personnes relativement ouvertes à l’itinérance. Je pense qu’elles avaient une vie suffisamment ardue pour comprendre les difficultés qu’on pouvait rencontrer au travers de notre itinérance. Et il y avait une connivence, un besoin d’apporter de l’aide qui débouchaient sur des rencontres riches.»
Pour apprendre les bases de son nouveau moyen de transport et récolter des informations, notamment sur le matériel à acquérir, le couple s’est inscrit au Kayak Club Chablais. «La préparation du voyage en lui-même et la mise en place du projet avec Zoé4life nous ont cependant pris pas mal de notre temps libre, depuis une année, et on n’a pas tellement eu l’occasion d’aller s’entraîner à ramer sur le lac ou faire de la préparation spécifique, glisse Aline Guignard. Mais les muscles s’habitueront à mesure du voyage.»
Car il ne suffira de loin pas de se laisser glisser au fil de l’eau: entre le matériel de camping, les habits et la nourriture, notamment, ajoutés au poids de chaque kayak, l’ergothérapeute de 37 ans transportera environ 60 kg, et Olivier Forney 80 kg. Qu’il faudra parfois déplacer sur quelques centaines de mètres sur terre pour contourner des usines hydroélectriques. De quoi, aussi, changer un peu de la position assise.
Une cause pour surmonter les difficultés
Si l’idée de faire profiter d’autres personnes de leur voyage au travers d’une association leur avait déjà traversé l’esprit, Aline Guignard et Olivier Forney ont sauté le pas pour la première fois avec le projet Cap Kayak. Les personnes intéressées peuvent ainsi «acheter» un ou plusieurs des 4600 km du parcours, en versant 5 francs par kilomètre au profit de Zoé4life, qui soutient la lutte contre le cancer de l’enfant. «Je voulais que ce soit une association qui me fasse vibrer, car je sais que notre voyage ne sera pas facile tous les jours. J’avais besoin d’une cause qui me renforce dans les moments pénibles», explique Aline Guignard, qui a elle-même été atteinte d’un cancer à l’âge de 18 ans. «La collecte de fonds est à 100% pour l’association, précise Olivier Forney. L’argent arrive directement sur son compte.»
Pour suivre l’avancée du projet Cap Kayak et faire un don:
www.chasseursdhorizon.com