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D’Yverdon-les-Bains à Lausanne, il est devenu le premier citoyen du Canton
Lausanne, 3 juillet 2018. Rémy Jaquier vient d’être élu président. © Michel Duperrex

D’Yverdon-les-Bains à Lausanne, il est devenu le premier citoyen du Canton

4 juillet 2018 | Edition N°2281

Rémy Jaquier a été élu hier à la présidence du Grand Conseil. De géomètre à syndic de la Cité thermale, le Nord-Vaudois de 65 ans accède à la plus haute fonction du Parlement vaudois. La Région Nord vaudois l’a suivi jusqu’à la passation de pouvoir.

L’adage «il ne sert à rien de courir, il faut partir à point» était tout trouvé pour qualifier la journée d’hier de Rémy Jaquier. Alors que le député PLR yverdonnois s’était levé à 5h40 du matin pour aller faire son footing, il a littéralement dû attendre que l’orage passe. «Je n’ai pas peur de la pluie, mais de la foudre, expliquait-il, un peu déçu de ne pas avoir pu enfiler sa tenue de sport. J’ai gardé cette peur depuis que j’ai vécu l’incendie de la grange de mes parents, à Démoret, quand j’étais petit. Tout est parti en fumée en quinze minutes.» Si ce petit jogging aurait été particulièrement apprécié, c’est parce qu’il lui aurait permis de relâcher la pression. Car la date d’hier marquait le jour où les députés vaudois devaient se prononcer sur son élection à la présidence du Parlement.

A défaut de courir, l’ancien syndic de la Cité thermale a relu les dossiers qui allaient être discutés quelques heures plus tard à Lausanne. Après un petit-déjeuner avec son épouse Claude-Anne, il est parti rejoindre son fils Manuel à la gare pour leur fameux rendez-vous du mardi matin. En effet, depuis son élection au Grand Conseil en 2007, Rémy Jaquier et son fils de 32 ans ont instauré un petit rituel, qui commence à 8h22 précises, à une table du dernier wagon restaurant de l’ICN. «Comme on n’a pas beaucoup le temps de se voir, on profite du trajet jusqu’à Lausanne pour discuter et échanger nos points de vue sur les décisions politiques», soulignait le juriste de 34 ans. «On refait un peu le monde», renchérissait son papa.

Sérénité avant le vote

Une fois arrivé au Parlement et après avoir salué les premiers députés présents dans la salle des débats, Rémy Jaquier est parti à la rencontre du Bureau du Grand Conseil, qu’il côtoie depuis 2014. L’occasion de faire un premier point sur son futur agenda présidentiel et d’informer le secrétaire général qu’il préfère recevoir les dossiers en version papier.

«Je suis de la vieille école et je l’assume, confiait-il. Je préfère consulter des pages que lire sur un écran.» Il ne s’en cache pas, mais cette singularité le distingue de la majorité des députés, qui naviguent sur Internet avec leur tablette ou leur ordinateur. D’ailleurs, durant les débats, le seul gadget que Rémy Jaquier sort volontiers de sa poche, c’est son smartphone.

Pour sa dernière matinée en tant que vice-président du Parlement, «l’homme du jour», comme l’ont appelé certains députés, a par erreur été mis sur la touche par la présidente sortante, Sylvie Podio. En effet, Rémy Jaquier devait, selon l’ordre du jour, introduire le nouvel élu Cédric Echenard, mais la Morgienne est passée directement à l’assermentation. Un oubli vite pardonné lorsque le Bureau est allé manger la traditionnelle côte de bœuf sur le toit du Grand Conseil.

Alors que les débats de l’après-midi étaient rythmés par l’élection des membres du Bureau, Rémy Jaquier affirmait être «serein». Et il avait raison puisqu’il a été élu avec 133 voix, deux bulletins blancs et une abstention.

Après les applaudissements et le salut présidentiel, la cérémonie de passation de pouvoir a animé l’auditoire. «Voici un badge tout neuf et la cloche, très utile pour gérer les débats», lui a glissé Sylvie Podio. «Je vais faire deux heureux, à savoir les députés assis à côté de moi, car ils auront plus de place pendant une année!», a lancé Rémy Jaquier. Et d’ajouter: «Vous allez devoir vous habituer à un personnage voûté et qui penche la tête lorsqu’il s’ennuie, notamment lorsque vos interventions sont trop longues.» Un discours à l’image du Nord-Vaudois, selon ses amis députés.

Christelle Maillard