Logo

Elle est le ciment de l’intégration

14 août 2014

Katja Blanc occupe depuis cinq ans le poste de déléguée à l’intégration de la Ville d’Yverdon-les-Bains. Elle revient sur son mandat et évoque ses nouveaux défis avec énergie et passion.

Katja Blanc est rattachée au Service jeunesse et cohésion sociale de la Ville d’Yverdon-les-Bains.

Katja Blanc est rattachée au Service jeunesse et cohésion sociale de la Ville d’Yverdon-les-Bains.

Désignée pour occuper le poste de déléguée à l’intégration de la Cité thermale, Katja Blanc est arrivée à Yverdon-les-Bains comme elle aurait débarqué à Addis-Abeba ou Ouagadougou. Une image qu’elle emploie en référence à son long parcours humanitaire marqué par différentes missions en Afrique et au Moyen-Orient, comme la gestion d’un camp de réfugiés au Brurundi pour le compte du Haut commissariat des réfugiés de l’ONU.

Pour prendre le pouls de l’intégration dans cet endroit inconnu, cette dynamique quinquagénaire domiciliée à Cugy (VD), mène une enquête sociologique, qui consiste à poser cinq questions à cinquante personnes de divers milieux. Ses premières impressions sont globalement positives et elle peut de surcroît, compter sur l’effervescence qui règne au sein de la Commission consultative Suisses-Immigrés (CCSI) locale. «La commission fêtait ses 30 ans et ce cap a fait émerger des projets très intéressants, comme le Mondial des quartiers ou les cafés citoyens. J’ai pu profiter de cette dynamique de mobilisation», relève-t-elle.

Chargée de surperviser les activités de cette structure qui regroupe les communautés étrangères yverdonnoises (quatre nouvelles associations l’ont rejointe depuis 2010), Katja Blanc a participé à la mise en place d’un groupe de travail destiné à en améliorer la visibilité, afin de montrer que ce «chaudron d’idées» ne devait pas uniquement être utilisé pour proposer des stands de nourriture exotique lors de manifestations. Elle cite, entre autres, le projet nappes ouvertes, qui consiste à réunir, une fois par mois, les différents services de la Ville d’Yverdon-les-Bains autour d’un repas à la découverte des spécialités culinaires d’un membre de la commission.

Engagée à 30%, Katja Blanc a vu son poste augmenter à 60%. Et ce n’est pas le travail qui manque. «C’est un vaste programme. Je dois me retenir de ne pas venir tous les jours. Je cherche des parades pour répondre aux besoins de la population », indique-t-elle. Comme le programme FemmesTische, surtout connu outre-Sarine, qui consiste à réunir des personnes issues de communautés étrangères intégrées et des femmes migrantes autour de diverses thématiques dans le but de briser l’isolement de ces dernières. «Nous sommes devenus le centre régional, ce qui a permis l’engagement d’une collaboratrice à 20%», précise Katja Blanc.

Le concept illustre bien la politique prônée par la déléguée. «Il faut passer par la base, c’est-à-dire les personnes d’origine étrangère qui aiment vivre dans cette ville et sont prêts à s’engager. Je dois me battre pour cela.» Des acteurs de l’intégration attristés par certaines étiquettes qui collent à la Cité thermale. «Beaucoup de gens de couleur viennent se proposer pour faire du bénévolat à la gare car ils supportent mal l’image d’Africains dealers qu’elle véhicule.
Cela m’affecte également», observe Katja Blanc.

Davantage de forces

Une chargée de projet à 60% est venue grossir les rangs du Pôle intégration de la Ville d’Yverdon-les-Bains depuis juin dernier. «Elle a été engagée pour s’occuper du programme d’intégration communal (Mini PIC). Celui-ci s’articule autour de 25 mesures qui seront déployées entre cette année et 2017», précise Katja Blanc.

Le résultat d’un partage des responsabilités

La création du poste de Katja Blanc à Yverdon-les-Bains fait suite à l’entrée en vigueur, en 2008, de la nouvelle Loi fédérale sur les étrangers, qui a attribué la tâche de la promotion de l’intégration à la Confédération, aux cantons et aux communes. Sur Vaud, ces dernières n’envisagent pas toutes cette responsabilité de la même manière. «Le répondant peut très bien être le syndic ou un municipal, précise Katja Blanc. Un poste de délégué à l’intégration n’a été pourvu que depuis une année à Nyon et des localités comme Morges, Moudon ou Payerne n’en ont, par exemple, pas créé. Mais cela ne veut pas dire que le travail effectué n’y est pas bon. En fait, cela dépend beaucoup des commissions», ajoute-t-elle.

Le remède de l’intégration sur le lieu de travail

Lorsqu’on lui demande quelles sont ses plus grandes sources de satisfaction jusqu’ici, Katja Blanc mentionne, outre l’ouverture de certaines institutions aux mesures d’intégration, la mise en place, cette année, des cours de français à l’attention des employés du Centre thermal et du Grand Hôtel des Bains. Payé par l’employeur, cet enseignement est donné sur le temps de travail des collaborateurs. Aux yeux de Katja Blanc, le marché du travail, «l’un des plus grands moteurs de l’intégration avec l’école», ne propose pas beaucoup d’opportunités dans ce domaine. L’employabilité figurent d’ailleurs parmi les principaux objectifs de la politique d’intégration yverdonnoise jusqu’en 2017.

Ludovic Pillonel