Cheyres
Manon Leresche vit sa passion de la danse à fond. Elle vient de signer son premier contrat professionnel au sein d’un ballet près de Florence.
«C’est magnifique, je n’y croyais pas!» Grande – elle mesure 178 centimètres –, mince, le port de tête haut, Manon Leresche est passionnée par la danse depuis son enfance. Et elle va peut-être enfin pouvoir en vivre. Car elle a quitté son petit village de Cheyres (FR) pour rejoindre Arezzo, une ville située à côté de Florence (I) pour intégrer la compagnie de Gianni Santucci, qui jouera Casse-Noisette, un ballet-féerie de Piotr Ilitch Tchaïkovski, au Théâtre Mario Spina le 31 décembre.
«J’ai eu beaucoup de chance, car c’est ma professeure, Brigitte Roman, qui a vu que cette compagnie recrutait. Mais les auditions étaient déjà passées. Elle a réussi à obtenir que je passe un essai en privé avec le chorégraphe. Je suis immédiatement partie pour Rome et j’ai été sélectionnée. C’est mon premier contrat professionnel et je suis réellement ravie, enchantée de pouvoir vivre cette expérience.»
«Son séjour se déroule au mieux»
Manon Leresche est partie le 9 décembre et a commencé les répétitions le lendemain. Brigitte Roman est en contact avec elle. «Son séjour se déroule au mieux. Elle est très heureuse. Elle dansera deux solos et un pas de deux, confie-t-elle. Je ne pourrai malheureusement pas la voir le 31 décembre, car j’avais déjà prévu des vacances, que je ne peux pas annuler», déplore toutefois sa professeure et amie.
Avant d’arriver à la signature de son premier contrat, ce sont des milliers d’heures de travail que Manon s’est astreinte à suivre. «Pour moi, cette discipline a toujours été un plaisir. J’aime danser, même sans public et en répétition. Je vis vraiment la musique à travers le mouvement. J’oublie tout lorsque je me donne à fond dans mes exercices. Je répétais une fois par semaine à 12 ans, trois fois par semaine à 13 ans et quatre fois par semaine à 14 ans. Aujourd’hui, je met mes chaussons tous les jours, sauf le dimanche et j’adore ça. Je m’éclate lors des entraînements. Cela n’a jamais été une contrainte, même si c’est parfois très difficile.»
Un drame – un viol – a brisé son élan lorsqu’elle avait 16 ans. Elle a tout arrêté, commencé à fumer, vécu une vie en dehors de toute contrainte; ce qui ne l’a pas empêchée d’obtenir sa maturité, puis un bachelor en littérature. Et, à 21 ans, une fois ses démons exorcisés grâce à l’écriture d’un livre qui raconte son calvaire, elle a renoué avec sa passion. «Classiques, contemporains, tous les ballets me plaisent, même si je trouve la danse classique tellement magnifique, mais aussi tellement dure, confie-t-elle. Lorsque j’ai repris, à 21 ans, j’ai dû tout recommencer à zéro. J’avais perdu la forme, le souffle, le physique. Grâce à Brigitte Roman, j’ai pu évoluer. C’est ma revanche sur la vie.»
Déterminée, têtue, hypersensible, Manon Leresche sait parfaitement ce qu’elle ne veut plus et se donne les moyens de réaliser ses rêves. Si elle peine à maîtriser ses émotions, son impulsivité lui a permis de faire des choix qui se sont avérés heureux. Dominique Suter n