Villars-Burquin – Antoine Bodmer, un garçon souffrant d’un handicap physique, partira avec sa famille à la conquête de l’Himalaya népalais durant les prochaines vacances scolaires.
La terrasse du domicile tévenol d’Antoine Bodmer offre, en ce bel après-midi, une vue imprenable sur le Mont-Blanc. Mais le garçon de onze ans ne voulait plus se contenter de ce spectacle quotidien, aussi sublime soit-il. «Les Alpes, on les a assez vues», commente le jeune Nord- Vaudois en passe de réaliser son rêve d’Himalaya, malgré son handicap. «Cela fait bien longtemps que nous avions envie d’aller là-bas, mais nous avons dû, durant plusieurs années, mettre de côté nos projets de voyage en raison de la mauvaise santé d’Antoine», explique sa mère, Carine Bodmer.
Une discussion avec Patrick Genaine, président de l’association «Bipana For Life» (lire encadré), et lui aussi de Villars-Burquin, a ouvert des perspectives face à la résignation. «A chacun de mes retours du Népal, Antoine me demandait, en rigolant, que je le prenne avec moi la prochaine fois. J’ai fini par lui dire qu’on allait le faire», explique cet ami de la famille.
Les Bodmer, regonflés à bloc, ont parlé du projet autour d’eux. Des lettres de demande de soutien ont été distribuées aux habitants du quartier. Elles ont reçu un écho favorable, prélude à une mobilisation à l’échelle communale. «La municipale de Romairon Martine Dell’Orefice et d’autres personnes ont organisé un repas de soutien au mois de juin. Les 120 inscriptions ont permis de financer le voyage d’Antoine, le billet d’avion de mon autre fils et le déplacement d’un journaliste népalais paraplégique qui nous accompagnera depuis Katmandou», relève Carine Bodmer, très touchée par cet énorme élan de solidarité.
Des sites à visiter
Le périple, programmé le 15 octobre, conduira les voyageurs de Zurich à la capitale népalaise en passant par le Qatar. Antoine Bodmer entend bien mettre à profit son passage à Katmandou pour visiter plusieurs sites, comme le stupa de Bodnath -l’un des principaux sanctuaires bouddhistes de la région- et le temple de Pashupatinath. «J’aimerais au moins voir un hindou en vrai», déclare- t-il, en consultant les guides qu’il semble déjà connaître par coeur.
La ville de Pokhara, point de départ des treks dans l’Annapurna, sera ralliée après un vol d’une trentaine de minutes. Cinq heures de route en 4×4 et deux jours de marche sépareront encore les visiteurs du fief de la famille de Bipana. La caravane de mulets du père de la défunte acheminera le matériel et des porteurs prendront en charge Antoine Bodmer, ainsi que le journaliste local. La destination finale ? Le village de Ghurjung, dans les terres de l’ethnie Gurung, au pied de l’Annapurna sud.
Un ami de Patrick Genaine officiera comme interprète et un caméraman retraité de la télévision belge immortalisera cette belle aventure humaine. «Le but serait de réaliser un film et de le projeter à Tévenon», explique Carine Bodmer. «Et pourquoi pas dans les cinémas de la région», ajoute son fils, impatient de partir. «Je veux montrer que c’est possible. Que tout le monde peut le faire. Nous allons vivre de belles aventures», déclare-t-il, des étoiles dans les yeux.
L’Association «Bipana For Life» poursuit sa mission au Népal
Au chevet d’une famille meurtrie
L’association «Bipana For Life» est issue de la rencontre entre Patrick Genaine et des paysans népalais anéantis par le viol et l’assassinat de leur fillette de onze ans. Touché par leur désarroi, le travailleur social a entrepris de les accompagner dans leur deuil. «La légende de Bipana», paru en 2014, retrace le récit de cette aventure humaine construite sur une période de onze ans. «C’était psychiquement trop lourd pour eux de parler de ce drame. Ils ne savaient pas comment l’aborder. Le conte est, dans ce genre de situation, un outil thérapeutique. Il aide à prendre du recul à partir d’une histoire racontée d’un point de vue extérieur», commente Patrick Genaine. Le soutien à la famille de Bipana est désormais axé sur Sanita, une des soeurs de la disparue, qui souhaite devenir enseignante, mais n’a pas les moyens financiers pour réaliser son objectif.
Quant au projet relaté dans nos colonnes, il permettra au jeune tévenol Antoine et à Gajendra, le journaliste vivant à Katmandou, de rencontrer les parents de Bipana. Cette expérience hors du commun leur donnera, sans doute, une force nouvelle pour affronter leurs épreuves respectives.