Le Centre Pro Natura accueille le graveur Claude-Alain Giroud et la brodeuse Nathalie Pilloud Gay-Balmaz, qui s’expriment dans des styles artistiques plutôt rares. Ce dernier week-end, ils ont montré la manière avec laquelle ils créent leurs oeuvres.
Le noir velouté et les tailles nettes de la gravure au burin de Claude-Alain Giroud dialoguent avec les broderies rebelles où les fils rouges de Nathalie Pilloud Gay-Palmaz au Centre Pro Natura de Champ-Pittet. L’exposition de ces deux artistes yverdonnois donne l’occasion d’apprendre ou d’en savoir plus sur leurs techniques plutôt méconnues du grand public.
D’abord peintre durant plusieurs années, Claude-Alain Giroud a abandonné ses pinceaux en 1995 pour se concentrer essentiellement sur la gravure et explorer les univers du burin et de la manière noire (une technique de gravure en creux). Du coup, il a ouvert un atelier à Yverdon, justement du nom de «Manière noire», dans lequel il donne depuis 2010 des cours à des adultes et à des enfants, en parallèle de son travail personnel. «J’aime ce noir et ses différentes nuances, explique-t-il, pour remonter vers la lumière et m’ouvrir ainsi plusieurs voies d’exploration. Et je m’inspire souvent d’éléments découverts dans la nature, auxquels je donne diverses interprétations». Comme on peut le constater sur ses travaux finis dans la galerie de Champ-Pittet. Le processus est très lent, car il s’agit d’un travail minutieux où il ne faut pas se tromper en cours de création. Les tailles nettes de la gravure au burin sont sans doute issues de l’orfèvrerie, vers 1450. Plus tardive, la technique de la manière noire est apparue au XVIIe siècle.
Parmi les nombreuses distinctions qu’a reçues l’artiste, il faut relever une mention d’honneur en 2006 lors de la Biennale internationale de gravure à Vancouver (Canada) et en 2011, «l’Opere Segnalate» de la Biennale de gravure d’Acqui Terme en Italie. Exposées dans des galeries et musées en Suisse et sur les quatre continents, ses oeuvres se trouvent aussi bien dans des collections publiques que privées, en Suisse et dans plusieurs pays tels que l’Angleterre, les Etats-Unis, la France ou encore la Suède.
«Fils rouges, écrus ou gris empruntent le chas de mon aiguille. C’est ainsi que le voyage commence et que des points irréguliers prennent vie sur le lin vieilli, usé, rapiécé», signale, quant à elle, Nathalie Pilloud Gay-Balmaz, artiste également d’Yverdon, en parlant de ses broderies rebelles. lls y laisseront leur empreinte si le voyage a pris sens; ils diront le chemin emprunté, les obstacles rencontrés. Ils interpelleront celui qui les regarde…»
Voilà pourquoi il vaut la peine de s’attarder devant le travail de Nathalie, également minutieux, avec tous ces fils qui traversent les fibres du textile. Telles que ces petites bêtes ou bébêtes, les plus grandes aussi, qui avancent sur un territoire à découvrir, point par point… Comme on peut les suivre vivantes dans les prés ou dans la forêt, quand on les voit qui se défilent à l’ombre derrière une marguerite ou un tronc d’arbre. Ou encore dans les rues de la ville sur les murs d’une maison au printemps.
Les broderies rebelles de Nathalie Pilloud Gay-Balmaz sont ainsi nommées, car elles ne s’inscrivent pas dans la tradition. Elles se veulent spontanées, hors des cases. Elles prennent vie sur un morceau de lin ancien, vieilli, usé. Alors pas à pas, point par point, le visiteur est invité à suivre un chemin entre silence et réflexion.
Centre Pro Natura de Champ-Pittet, exposition d’automne ouverte jusqu’au 31 octobre, du mardi au dimanche de 10h à 17h30.