Entreprise galvanisée depuis cinquante ans
9 mai 2025 | Textes: Robin Badoux | Photos: Michel DuperrexEdition N°3940
L’entreprise STS Industrie SA, basée à Yvonand depuis 2003, a fêté hier son premier demi-siècle d’activités dans le domaine bien particulier de la galvanoplastie.
«On ne se doute pas toujours des activités que mènent toutes ces entreprises dans les zones industrielles de nos communes», a déclaré, en substance, Philippe Miauton, directeur de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI), de passage dans le Nord vaudois pour saluer les cinquante ans d’existence de l’entreprise STS. Et, en effet, on se doute difficilement, en passant devant les locaux de cette petite boîte, qui emploie 28 personnes sur son unique site de production à Yvonand, que ses produits se vendent à travers le monde, des États-Unis à la Chine, en passant par divers pays en Europe.
STS est active dans le domaine de la galvanoplastie. Elle se spécialise dans la planification et l’installation de machines pour la réalisation de cette technique.
Une histoire de cow-boy
L’aventure de STS Industrie démarre en 1975. Elle a été fondée par trois ex-cadres de la société américaine Oxy Metal Finishing, alors basée à Genève et active dans la vente de produits chimiques destinés à la galvanoplastie, qui coula lorsque son propriétaire, Occidental Petroleum, décida de fermer brutalement la boîte genevoise. «C’était un licenciement à l’américaine. Les employés avaient dix minutes pour quitter les lieux», se souvient Pierre-André Shopfer, président du conseil d’administration.
STS continue alors à servir le marché des traitements de surface. En 1983, l’entreprise se base au Mont-sur-Lausanne. La société américaine Shipley approche alors STS et en acquiert la majorité du capital. STS devient Shipley STS SA. En retour, elle connaît un boom à l’international, emploie plus de 100 ingénieurs, techniciens et monteurs et ouvre une succursale à Singapour. En 1990, Shipley se sépare de l’activité de fabrication de machines, que quatre cadres finissent par racheter. La raison sociale devient alors STS Industrie SA. L’entreprise se développe, collabore avec l’EPFL pour parfaire ses connaissances techniques, rachète même des concurrents et s’installe à Yvonand en 2003.
Le swiss made a la cote
Aujourd’hui, STS affiche une santé rayonnante, avec une bonne reconnaissance à l’international. «Le carnet de commandes est bien rempli», résume le CEO Claude Gmünder. Malgré tout, des incertitudes demeurent, surtout en ce qui concerne le marché américain et les récentes décisions de son président. «Ça ne se passe pas très bien là-bas. Même si on essaie de vendre hors taxe, on subit une baisse d’activité aux USA.»
L’entreprise était d’ailleurs fière de montrer, sur son site, la construction d’une très grosse machine de galvanoplastie, commandée par un client au Vietnam. «C’est une des plus grandes qu’on ait jamais conçues», commente le directeur. À elle seule, elle remplit en effet une grande partie du hangar de montage de STS de 1000 mètres carrés. «Nous produisons sur mesure selon les besoins du client. Nous nous caractérisons par notre grande expertise dans l’automatisme.» Le coût total d’une telle machine reste un secret, mais oscille entre 5 et 10 millions de francs. Relativement élevé, mais «le client reste sensible à la qualité suisse. D’autant plus que depuis le Vietnam, il aurait pu en acheter une pour trois fois moins.»
Parmi ses gros clients, STS compte plusieurs grands groupes horlogers suisses – les boîtes helvétiques représentent près de 60% du chiffre d’affaires – ainsi que d’autres industriels qui, grâce aux machines de l’entreprise tapa-sabllia, produisent des pièces pour l’automobile, le médical, la connectique, l’armement ou encore l’aéronautique, comme Boeing ou Airbus.
Galvanoplastie, quésaco?
La galvanoplastie est un procédé électrochimique qui permet de recouvrir un objet d’une fine couche de métal à l’aide d’un courant électrique. Elle repose sur le principe de l’électrolyse.
L’objet à recouvrir, appelé cathode, est plongé dans une solution contenant des ions du métal à déposer. Cette solution, appelée bain électrolytique, est généralement composée d’un sel métallique (comme du sulfate de cuivre ou du chlorure de nickel), d’agents conducteurs, de régulateurs de pH et d’additifs qui améliorent la qualité du dépôt. Une anode, souvent faite du métal à transférer, est également immergée dans le bain. Lorsqu’un courant électrique est appliqué, les ions métalliques migrent vers la cathode et se déposent à sa surface sous forme solide.
Ce processus permet de conférer à l’objet des propriétés spécifiques, comme une meilleure résistance à la corrosion, une apparence plus esthétique ou encore une conductivité améliorée. La galvanoplastie est largement utilisée dans l’industrie, notamment dans l’horlogerie, la bijouterie, le revêtement de pièces automobiles et aéronautiques, la production de composants électroniques ou encore médicaux.
Pour l’anecdote, lorsqu’on dit qu’une personne enthousiaste est galvanisée, cela repose sur l’origine du terme galvanisme, désignant l’effet de l’électricité sur les organismes vivants, découvert par Luigi Galvani, un médecin et physicien italien au XVIIIe siècle.