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Entreprise mise à mal par le Canton

13 avril 2015

Belmont-sur-Yverdon – Chris Andrié a jusqu’au 31 juillet prochain pour déménager son magasin de caravanes, qu’il a développée en zone agricole. S’il ne trouve pas un terrain d’ici là, il devra mettre la clé sous le paillasson.

Chris Andrié avec (de g. à dr.) son employé Michel Zwahlen, sa compagne Agnès Laurent et sa fille Maria Andrié. © Nadine Jacquet

Chris Andrié avec (de g. à dr.) son employé Michel Zwahlen, sa compagne Agnès Laurent et sa fille Maria Andrié.

De retour en Suisse après avoir vécu à Miami, Chris Andrié a créé un commerce de caravanes. Il pensait pouvoir vivre le rêve américain à Belmont-sur-Yverdon en installant, il y a cinq ans, sa petite société Evasion Caravanes dans une ferme qui n’était plus exploitée depuis 2003. En quelques années, il est devenu le plus important vendeur de caravanes d’occasion de Suisse romande et il travaille avec deux employés. Mais le rêve se transforme, depuis le début de l’année, en cauchemar pour les deux familles qui vivent de cette entreprise.

«Au mois de janvier, j’ai reçu une lettre du Canton, qui me donnait trois mois pour quitter les lieux, parce que mon commerce est en zone agricole», raconte le patron de l’entreprise. Pourtant, six mois après s’être basé à Belmont-sur-Yverdon, il avait été convoqué par la Commune, qui souhaitait en savoir plus sur son activité. «C’est à ce moment que j’ai découvert qu’il y avait différentes zones d’affectation et que je n’étais pas dans la bonne. Mais les autorités communales ne voyaient pas d’inconvénient à ce que je reste. Je n’avais juste pas le droit de stocker des camping-cars, à cause des moteurs et des risques de pollution.»

Dans un premier temps, Evasion Caravanes avait jusqu’au 31 avril prochain pour quitter les lieux, mais un délai supplémentaire de trois mois a été accordé par le Canton. «C’est impossible de trouver quelque chose et de déménager la cinquantaine de caravanes en si peu de temps», se révolte Chris Andrié, qui ne comprend pas pourquoi on l’a laissé faire pendant cinq ans, et qu’on lui donne aussi peu de temps pour partir.

«Un défi impossible à relever»

Pour trouver une solution, l’entrepreneur s’est, notamment, entouré de l’aide de l’Association pour le développement du Nord vaudois (ADNV). «L’activité de Chris Andrié n’a, en effet, pas sa place dans une zone agricole, mais je suis surpris par les délais accordés, qui sont trop courts, indique Jean-Marc Buchillier, directeur de l’ADNV. Ils ne tiennent pas compte de la pénurie de locaux dans notre région, c’est donc lui rendre le défi impossible à relever.»

«On pénalise les gens qui veulent travailler, s’indigne Gaston Loup, le propriétaire de la ferme. On avait fait une demande pour changer d’affectation en 2013 et la réponse qu’on reçoit c’est que mon locataire doit quitter les lieux.»

Le propriétaire ne sait pas ce que deviendra son terrain. Etant donné que des habitations ont poussé à seulement quelques mettre de sa ferme, elle ne peut pas être utilisée pour abriter du bétail. «On peut juste y stocker de la paille et, éventuellement, des véhicules. Qui voudrait la louer… Je perds mon locataire et la commune perd un commerce qui lui rapporte des impôts.»

La seule solution, pour éviter qu’ Evasion Caravanes ne mette la clé sous la porte, c’est de trouver un terrain de minimum 2000 m2, et vite. «Les autorités viendront faire un constat des lieux le 3 août prochain, explique, avec crainte Chris Andrié. Mais nous n’avons rien trouvé pour le moment. Et nous ne nous contentons pourtant pas de chercher que dans la région.» «Il faudrait nous laisser le temps de nous retourner», ajoute Agnès Laurent, l’amie du directeur, qui s’occupe de l’administration de la société à côté de son emploi principal. Et de prévenir: «Mon salaire à 80% ne suffira pas pour entretenir ma famille et la maison.»

 

Position du Service du développement territorial

La Région Nord vaudois: Le terrain de Gaston Andrié pourrait-il changer d’affectation?

Christian Exquis, chef de service du développement territorial (SDT):Un changement d’affectation du sol devrait être dûment motivé et la surface de terrain compensée, selon les nouvelles règles de la Loi sur l’aménagement du territoire. Il est très incertain, dans le cas d’espèce, qu’une telle mesure puisse aboutir.

Le cas de Chris Andrié est-il hors du commun?

Chaque cas est spécifique. Cependant, le cas ici semble assez grave dans la mesure où il s’agit d’un commerce illicite en zone agricole.

Que risque le locataire, si le terrain n’est pas libéré d’ici le 31 juillet?

Sans nouvelles de sa part, le SDT pourrait envisager de faire évacuer le site par une entreprise mandatée par ses soins (suite à un ordre d’exécution forcée, susceptible d’un recours au Tribunal cantonal).

Muriel Aubert