Êtes-vous plutôt galette ou couronne des Rois?
6 janvier 2025 | Textes: J.-Ph. Presse-Wenger | Photo: Michel DuperrexEdition N°3863
L’Epiphanie amène avec elle, comme chaque année, le doux parfum des traditionnelles délices de début janvier.
L’année vient de débuter et revoilà déjà le temps des galettes des Rois. Qui n’a pas vécu, en famille ou entre amis, cette fiévreuse attente de savoir qui aura la fève? Qui aura le droit d’être couronné roi ou reine pour la journée? Au final, et dès un certain âge, le moment de partage et de convivialité prime souvent sur les réponses aux questions évoquées.
Cette période des Rois représente aussi pour les boulangers-pâtissiers un travail supplémentaire, après le gros morceau que constituent chaque année les fêtes de fin d’année. L’importance de cette tradition dans les boulangeries a fluctué avec le temps, comme le confirme l’Yverdonnois Yves Schneider. «Mes parents ont ouvert leur commerce à la rue du Lac en 1957 et je me souviens que quand j’étais enfant, mes parents prenaient plutôt des vacances début janvier, la couronne des Rois n’était pas une priorité», se rappelle l’artisan. Les choses ont toutefois changé depuis la moitié du siècle dernier et les ventes ont rapidement augmenté. L’Association suisse des patrons boulangers-confiseurs l’a aussi bien compris. Depuis quelques années, elle propose à ses membres des couronnes en carton spéciales à distribuer; elle a également mis sur pied un concours des meilleures galettes ou couronnes de Suisse. «Oui, il y a un peu plus de travail, concède Yves Schneider. Mais rien de comparable avec la période de Noël où nous devons gérer beaucoup plus de produits différents dans un court laps de temps.»
Tendance à la diversification
Si la tradition se borne à présenter deux gâteaux différents, la galette à la frangipane et la couronne fabriquée avec plusieurs boules qui se rapprochent de la brioche, les variations dans les recettes restent relativement raisonnables. Toutefois, les artisans ont l’habitude d’écouter les désirs de la clientèle et, dans la mesure du possible, d’y adapter leur offre.
Pour ce qui est de la galette, les goûts des consommateurs semblent tendre vers l’utilisation d’une compote de pommes à la cannelle à la place de la traditionnelle frangipane. Cette dernière, dans sa conception traditionnelle, est notamment constituée d’amandes, d’œufs, de sucre et de fleur d’oranger, et continue de faire le bonheur des petits comme des grands gourmands.
Lorsque finalement on ose la question de savoir ce qu’il faut pour qu’une galette des Rois, ou une couronne, soit gustativement réussie, la réponse d’Yves Schneider fuse dans un sourire: «Du beurre! Beaucoup de beurre!» Après les copieux repas des fêtes, les bonnes résolutions de la nouvelle année devront encore attendre!
Petits rappels historiques
Oui, l’Epiphanie est bien une commémoration en hommage à l’arrivée des Rois mages à Bethléem. Mais beaucoup de questions demeurent sans vraies réponses: étaient-ils bien trois? Leurs présents étaient-ils bien de l’or, de l’encens et de la myrrhe? Certains chercheurs en doutent.
Le partage d’une galette, lui, date des fêtes romaines données en l’honneur de Saturne. Les esclaves partageaient le gâteau avec les Romains et s’ils trouvaient la fève, ils avaient le droit d’exiger ce qu’ils voulaient durant un jour. Plus tard, au Moyen Âge, le roi d’un jour devait s’acquitter d’une tournée pour les gens présents. C’est à cette époque que la fève, jusqu’alors comestible, aurait été remplacée par de la porcelaine. Afin d’éviter la fraude!