Culture – Le CACY accueille une nouvelle exposition, celle de l’artiste tessinoise Lisa Lurati, dans un mélange entre la nature et l’homme, entre l’espoir et la mort.
Au cœur du Centre d’art contemporain d’Yverdon (CACY) règne une atmosphère particulière qui invite à aller voir de plus près. Un doux mélange entre des oeuvres sombres en état de décrépitude et d’autres plus vivantes, font de cette exposition ambivalente un ensemble logique.
Dans l’abstrait, l’exposition Raving Cosmo combine la difficile représentation de l’immensité du cosmos, harmonieux et ordonné, et la dégénérescence, le sauvage des fêtes humaines (ndlr: en référence aux raves party, soit des fêtes libres). «Raving Cosmo est un bordel, une fête sauvage dont la seule invitée est la nature», annonce spontanément Lisa Lurati.
La Terre de feu comme inspiration
Dans le concret, l’expo présente de majestueux cyanotypes (ndlr:technique d’impression photographique par contact) sur toiles de lin, sur lesquelles des peintures représentant des herbes géantes sont imprimées. Mais aussi des sculptures de plantes en bronze à l’allure carbonisée, une série d’étoiles noires en gravier envahissant le sol, ou encore de petites chaises en bois, rappelant la petitesse de la place humaine dans le cosmos.
Et pour ces œuvres, la photographe de formation s’est inspirée d’un voyage très particulier dans la Terre de feu, l’archipel sud-américain proche du Chili. «La Terre de feu est un lieu spécial où il y a très peu de présence humaine, c’est un no man’s land. On a le sentiment d’être petits face à la nature en tant qu’être humain et je voulais retransmettre cela à travers mon travail.»
Réfléchir à la place de l’humain sur Terre
Car c’est là tout l’enjeu de l’exposition sur laquelle travaille Lisa Lurati depuis une année et demi. «Depuis, je dirais quatre ans, j’explore la thématique de la nature et à travers ma pratique d’artiste, je réfléchis à la place de l’humain sur la Terre. Cela nous touche tous», ajoute Lisa Lurati.
Autour des œuvres, c’est le néant. Pas de socles, de supports ou de cadres, les accrochages sont épurés. «Les toiles invitent à se plonger dedans, à avoir une réflexion dans cet univers dense, presque aquatique», explique Rolando Bassetti, directeur du CACY.
Lisa Lurati détaille le processus de carbonisation: «L’idée de brûlure que l’on revoit aussi dans les sculptures fait également écho à la Terre de feu.»
«Tension entre beauté et décadence»
Mais ce qui intrigue davantage, c’est la marée d’étoiles noires en relief qui jonchent le sol. L’idée? Représenter le concept de la naine noire, soit l’hypothétique dernière étape de vie d’une étoile. «Elles rappellent également des étoiles de mer, on dirait comme une armée qui avance. Un peu dans l’idée que la nature reprend son espace», explique l’artiste.
Rolando Bassetti va plus loin: «Dans le travail de Lisa, il y a toujours cette tension entre beauté et décadence, on y voit une célébration à la fois de la vie et de la mort, il s’agit d’une danse qui devient macabre. L’exposition semble comme tirer une sonnette d’alarme qui dirait: The party is over! (ndlr: la fête est finie), avec les étoiles qui semblent être des tas de cendres d’après-fête. Mais il y a quand même de l’espoir, car la flore revient, comme on le voit dans ces toiles monumentales.»
Lisa Lurati, artiste hybride
Née en 1989 à Lugano, Lisa Lurati a suivi des études de photographie au CEPV de Vevey, de 2011 à 2015, puis réalisé un Master aux Beaux-Arts de Bâle. Son travail se concentre surtout sur l’aspect primitif de la photographie, en travaillant sur des négatifs, et en abordant le concept de l’hybridité. Mais Lisa Lurati présente des œuvres variées en passant du portait à la sculpture, ce qui lui a valu des expositions en Suisse et à l’étranger, notamment à Berlin et Paris.
Sa nouvelle exposition inédite, Raving Cosmo, prend place au CACY. Son contenu présente des bronzes et des photographies (cyanotype) sur toile de lin qui questionnent les différentes places entre nature et Homme sur la Terre.
Infos pratiques
Raving Cosmo: Exposition à découvrir au CACY du 10 octobre au 24 décembre. Le vernissage en présence de l’artiste aura lieu le samedi 9 octobre dès 17h, et rencontre avec l’artiste le jeudi 21 octobre. Entrée libre, certificat Covid obligatoire.
On the corner: Exposition dans les cabines téléphoniques d’Yverdon, par Caroline Tschumi.
