Logo
Fermeture de la piste contestée
Maire de Jounge, Morel est prêt à rencontrer la présidente du Conseil départemental pour négocier un compromis.

Fermeture de la piste contestée

30 décembre 2024 | Textes et photos: I. Ro.
Edition N°3860

La suspension de l’exploitation de Piquemiette, à deux pas de la frontière suisse, ne passe pas.

«C’est une aberration. C’est la meilleure partie du domaine skiable et la seule piste homologuée FIS dans la région!» Décidée abruptement à la fin de l’été, la fermeture de la piste de Piquemiette, ouverte en 1969 et très appréciée par la clientèle franco-suisse, passe mal. D’autant plus, pied-de-nez de la nature, qu’après trois hivers secs, la neige est tombée en abondance avant Noël. La décision prise à Besançon par le Conseil départemental a provoqué un véritable tollé.

En effet, si la transformation de l’économie touristique régionale, sur les deux versants du Jura, paraît inéluctable, la décision prise sans consultation préalable a choqué les acteurs du tourisme et autorités de Jougne.

Premiers touchés

En effet, au pied de la piste de Piquemiette, en bordure de la route principale Vallorbe-Pontarlier, le restaurant Chez Franckie venait d’être repris par de jeunes exploitants. Ils avaient des perspectives jusqu’en 2035, aujourd’hui réduites à néant.

Juste à côté, Aimé Sandona loue du matériel de ski et de randonnée. «C’est un coup dur, mais on résistera», explique-t-il. Il est proche du maire de Jougne Michel Morel qui porte le combat.

Le plus touché est sans doute Jérôme Tyrode, exploitant du Pisteur, le restaurant situé tout en haut de Piquemiette. L’arrêt du télésiège le prive de la quasi-totalité de la clientèle, alors qu’il vient de réinvestir. Le chalet n’est plus accessible qu’en raquettes ou en peaux de phoque, ou à pied s’il n’y a pas de neige. Or de la neige, ces jours, il y en a en abondance. «En haut, c’est plus d’un mètre. A Piquemiette, il neige deux fois car elle s’accumule sur la corniche du Mont-d’Or et le vent la pousse en bas», image Michel Morel.

Un véritable non-sens

Le maire de Jougne déplore la méthode: «Cette décision a été prise sans consultation préalable. Et c’est une aberration. Les chiffres le démontrent.»

En effet, lors de la séance du Tribunal administratif (voir encadré), il a été démontré que le nombre de forfaits de saison – 768 l’année dernière – a chuté à quelque 220. Or le domaine venait d’adhérer au Magic Pass.

Pour Michel Morel, ce sont 220 000 euros de recettes qui se sont volatilisés. Et puis il y a les pertes de chiffre d’affaires des commerçants.

Dialoguer et mutualiser

Sur le fond, soit les conséquences du changement climatique, le maire de Jougne n’a rien à redire. De son point de vue, il aurait fallu prendre exemple sur la région des Rousses. Là-bas, au terme d’une large consultation, chacun a accepté d’abandonner une partie de ses activités: «Ils ont mutualisé en gardant les meilleures pistes. Ici, ils ne faisaient plus de publicité pour Piquemiette et ils ont supprimé les navettes il y a trois ans.»

La fermeture de «La Pique», comme l’appellent les habitués, est aussi mal ressentie côté suisse. En effet, de nombreux skieurs de la région de Vallorbe appréciaient cette piste située à quelques minutes  à peine de leur domicile, un kilomètre plus haut que la frontière du Creux.

Michel Morel place désormais son espoir dans une prochaine rencontre avec Christine Bourquin présidente du Conseil départemental. Il pourrait en sortir un compromis avec, espère-t-il, une prolongation d’exploitation pour donner un peu de temps aux personnes impactées.


Un maire forgé au combat de proximité

Le maire de Jougne n’est pas près de baisser pavillon. Michel Morel, ancien boxeur, est un fin tacticien. Il a aussi arbitré plus de 2000 combats. A 80 ans passés, il n’a rien perdu de ses qualités stratégiques. Ainsi, la veille de Noël, il a pris un arrêté interdisant l’utilisation de la liaison Troupézy-Piquemiette et toute descente à skis dans le secteur. L’Etat l’a immédiatement assigné devant le Tribunal administratif.

L’élu de Jougne s’est ainsi retrouvé jeudi dernier à Besançon face aux représentants de l’Etat. Et, si du point de vue juridique il a perdu ce round, il estime l’avoir emporté aux points: «Cela les a obligés à prendre des mesures au haut des pistes côté Métabief. Car s’il y a un accident côté Jougne, la responsabilité me revient. Le sous-préfet de Pontarlier, Nicolas Onimus, a fait faire le nécessaire. Pour moi, c’est une victoire.»

Et de souligner au passage que si le SMMO (Syndicat mixte du Mont-d’Or) qui exploite le domaine skiable peut utiliser des canons à neige à Métabief, c’est bien grâce à l’eau pompée dans la Jougnenaz, puis acheminée le long de la piste de Piquemiette sur l’autre versant de la montagne. Autrement dit, du bassin du Rhin à celui du Rhône…


Lorsque la politique s’en mêle…

Pour le maire de Jougne, la fermeture de Piquemiette pourrait être un retour de bâton. En effet, le président du SMMO, et vice-président du Conseil départemental, n’est autre que Philippe Alpy, maire de Frasne. Cet ancien LR (Les Républicains) aux ambitions nationales est passé à la majorité présidentielle à l’occasion des législatives 2022. Sans succès…

«Nous avons préféré soutenir notre députée Annie Genevard (LR) de Morteau. Depuis, elle est devenue ministre», explique Michel Morel. Elle a fait partie du gouvernement de Michel Barnier, qui lui a confié l’agriculture, et elle a été renconduite par François Bayrou, sans les attributions liées à la forêt.

Philippe Alpy a-t-il voulu punir Jougne? A ce stade, la question reste sans réponse. Nous avons tenté de joindre le maire de Frasne, sans succès. A la consultation du registre des intérêts, on constate que cet élu est très occupé.

Les autorités suisses n’ont pas non plus été consultées. «J’ai juste appris, lors d’une réunion à la mi-septembre à Sainte-Croix, à laquelle ont participé Philippe Alpy et le sous-préfet, qu’ils allaient faire une annonce importante. Mais ils ne nous en ont pas dit plus», explique Stéphane Costantini, syndic de Vallorbe.

Résumé de la politique de confidentialité

La Région S.A.s'engage à protéger votre vie privée. Contactez-nous si vous avez des questions ou des problèmes concernant l'utilisation de vos données personnelles et nous serons heureux de vous aider.
En utilisant ce site et / ou nos services, vous acceptez le traitement de vos données personnelles tel que décrit dans notre politique de confidentialité.

En savoir plus