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Feu vert pour Vassilis Venizelos, rouge pour Cesla Amarelle!
© Duperrex-a

Feu vert pour Vassilis Venizelos, rouge pour Cesla Amarelle!

10 avril 2022

Le verdict est tombé concernant l’élection au Gouvernement vaudois, dont le 2e tour avait lieu ce jour. Avec une sensation que le 1er tour pouvait déjà laisser pressentir: en charge du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture, la conseillère d’Etat yverdonnoise sortante Cesla Amarelle n’a pas été réélue, au contraire de son colistier des Verts Vassilis Venizelos, Yverdonnois lui aussi.

Le Canton de Vaud bascule donc à droite. Après l’élection au 1er tour de Christelle Luisier Brodard (PLR), ont effectivement été élus aujourd’hui dans cet ordre: Nuria Gorrite, PS (55,70%), Rebeca Ruiz, PS) (55,02%), Isabelle Moret, PLR (53,24%), Frédéric Borloz, PLR (53,08%), Vassilis Venizelos, Les Verte·s (49,51%) et Valérie Dittli, Le Centre (48,86%). Suivent, non élus, Cesla Amarelle, PS (46,20%) et Michael Buffat, UDC (44,57%).

La centriste Valérie Dittli, quasi inconnue avant le scrutin et qui n’a jamais occupé de mandat électoral, a ainsi créé une énorme surprise en accédant au gouvernement, au détriment de la socialiste sortante Cesla Amarelle, qui n’a devancé que le candidat UDC.

 

Trois PLR (Christelle Luisier Brodard, Isabelle Moret, Frédéric Borloz), deux socialistes (Nuria Gorrite Rebeca Ruiz), un Vert (Vassilis Venizelos) et une centriste (Valérie Dittli) composent désormais le gouvernement vaudois.

Cesla Amarelle: « Un département très exposé! »

Celsa Amarelle ne cachait évidemment pas sa tristesse, tout en essayant d’expliquer sa contre-performance. Elle estime payer le prix fort d’un département de la formation très exposé, notamment durant la pandémie. « Les mesures prises n’ont pas toujours été comprises, notamment des parents. Les enseignants ont aussi été très affectés et fatigués par la gestion du Covid », analyse-t-elle.

« C’est un couplage de choses »

Les deux plaintes pénales, déposées contre elle avant le 1er tour du scrutin, ont certainement aussi joué un rôle dans son score, estime-t-elle. Bref, « c’est un couplage de choses » qui explique cette défaite, selon elle.

Actuelle présidente du gouvernement vaudois et candidate arrivée en tête ce dimanche, la socialiste Nuria Gorrite a affirmé que « les forces de gauche restent debout » malgré la perte de la majorité au Conseil d’Etat. Concédant que « c’est un moment difficile pour Cesla Amarelle », grande perdante du jour. « Nous savions que ce serait serré » pour la dernière place, soit le septième siège. « Nous avons réussi une remontada » par rapport au 1er tour, mais pas pour l’ensemble du ticket rose-vert, a-t-elle livré en substance.

Présidente du PS vaudois, Jessica Jaccoud estime que Cesla Amarelle a aussi été victime d’attaques « ciblées » et d’un « vote sanction » pour sa gestion du Département de la formation. Selon elle, c’est désormais à la droite d’assumer ce dicastère fortement exposé, en main de la gauche depuis 1994. Elle se réjouit en revanche « du score incroyable » de Nuria Gorrite et Rebecca Ruiz. « Nous conservons deux personnalités très fortes au gouvernement qui sauront se faire entendre », a-t-elle dit.

Vassilis Venizelos: « Une grande responsabilité »

Arrivé en cinquième position, le Vert Vassilis Venizelos, relativement discret pendant la campagne, a réussi à redresser la barre par rapport au 1er tour. Avec 81 509 voix, il sauve le siège que son parti occupe depuis 28 ans au Conseil d’Etat. Le futur conseiller d’Etat Vert s’est lui-même dit satisfait de son résultat, et surtout que l’écologie politique soit toujours représentée au gouvernement vaudois. « Nous aurons une grande responsabilité sur les sujets de l’urgence climatique, de l’environnement et de la transition énergétique face à la majorité de droite », a-t-il déclaré.

Le Département de l’environnement, une logique

Président cantonal des Verts, Alberto Mocchi tirait lui un bilan mitigé. « Nous maintenons une présence écologiste au gouvernement, mais nous regrettons que la gauche n’y soit plus majoritaire », a-t-il résumé. Selon lui, il serait désormais « logique » que Vassilis Venizelos reprenne le Département de l’environnement à sa collègue de parti Béatrice Métraux, qui partira à la retraite fin juin.

Michaël Buffat dernier mais « satisfait »

Dernier de cette élection, Michaël Buffat, de Vuarrens, s’est malgré tout dit « satisfait ». Il se réjouit que son parti, l’UDC, ait contribué à redonner une majorité de droite au gouvernement. L’Alliance de droite, qui comprenait aussi trois PLR et la centriste Valérie Dittli, a fait « une bonne campagne et l’UDC y a contribué », a-t-il commenté au stamm de la droite, au restaurant Le Vaudois à la Riponne, à Lausanne.

Pour le conseiller national, la droite ne serait pas parvenue à renverser la gauche au Conseil d’Etat sans l’UDC. « C’est une fierté d’avoir fait perdre sa majorité à la gauche », a-t-il dit. L’UDC est absente du gouvernement vaudois depuis le décès de Jean-Claude Mermoud, en septembre 2011.

Le président de la section cantonale de l’UDC, Kevin Grangier, n’a pas pris non plus la défaite de Michaël Buffat comme une défaite. « Aujourd’hui, c’est un oeil qui rit, un oeil qui pleure », a-t-il imagé.

« Nous y sommes parvenus »

Du côté du PLR, la satisfaction était de mise après l’élection de Christelle Luisier (au 1er tour) puis d’Isabelle Moret et de Frédéric Borloz ce dimanche. « Notre alliance a très bien fonctionné. Le but était de renverser la gauche et nous y sommes parvenus », a remarqué Marc-Olivier Buffat, le président du PLR vaudois. Selon lui, ce sont des électeurs de gauche qui, en ajoutant Valérie Dittli sur leur liste, pourraient avoir permis ce renversement de majorité. Il a, en revanche, regretté la « campagne de dénigrement » de la gauche qui aurait pénalisé Michaël Buffat.

Valérie Dittli « peine à réaliser »

Valérie Dittli a dit son « émotion » de devenir conseillère d’Etat. « C’est aussi une grande surprise pour moi. Je peine à réaliser ce qu’il m’arrive, a reconnu la centriste de 29 ans. Je suis très heureuse, même si je regrette que toute l’équipe de l’Alliance de droite n’ait pas passé », a-t-elle ajouté, en référence à la non-élection de l’UDC Michaël Buffat.

Présidente du Centre Vaud, un micro parti dans le canton, la Zougoise d’origine s’est dite « fière » de placer pour la première fois son parti au Conseil d’Etat vaudois. « C’est une nouvelle ère pour nous », a-t-elle relevé.

« Reconnaissante » envers les Vaudois qui l’ont élue, Valérie Dittli est bien décidée à donner une nouvelle impulsion au Conseil d’Etat, qui était à gauche depuis dix ans. « Je suis toutefois du Centre, je ne veux pas tout bousculer (…) Je resterai fidèle à mes valeurs (…) Mais il y a des dossiers que j’ai envie de faire avancer », a ajouté celle qui, durant la campagne, s’est surtout profilée sur les questions de formation.

L’avocate-stagiaire a aussi envie d’apporter de la fraîcheur au Château Saint-Maire. « La nouvelle génération a le droit d’être représentée » au gouvernement, a-t-elle affirmé. Interrogée sur son manque d’expérience, Valérie Dittli a assuré qu’elle n’avait pas peur de la tâche qui l’attend. « Je me réjouis des cinq prochaines années. Je vais me mettre à l’écoute des gens, beaucoup observer et agir », a-t-elle dit.

Mineur jusqu’ici en terre vaudoise, le parti Le Centre pourrait connaître un bel engouement avec l’élection de Valérie Dittli. « Je ne serais pas surpris par une vague d’adhésions », estime l’une des figures du parti, Axel Marion.

La participation s’est élevée à 37,59%. Elle a légèrement augmenté par rapport au premier tour (34,28%).

Rédaction