Flexcell dans la tourmente du solaire
27 août 2012Plus connue sous sa marque Flexcell, la société yverdonnoise VHF Technologies va, à moins d’un miracle, disparaître. Un véritable désastre avec la disparition de 125 emplois et une dépense de 95 millions de francs.
L’espoir, fût-il infime, fait vivre. Et pourtant, alors que l’inévitable révocation du sursis concordataire ouvre la voie à la faillite (La Région Nord vaudois de vendredi), il est encore techniquement et juridiquement possible de sauver VHF Technologies et ses produits photovoltaïques dont l’originalité est leur capacité à s’adapter sur des supports souples, du type d’un store.
Il faut toutefois être réaliste. Après le renoncement successif de trois repreneurs potentiels, la recherche d’un entrepreneur est pour le moins ardue. Car le renoncement des précédents suscite bien évidemment doutes et pessimisme. Si, au final, VHF Technologiques tombe en faillite et que son appareil de production -95 millions de francs ont été dépensés dans cette aventure industrielle- vient à être dispersé, on ne pourra reprocher à personne de ne pas s’être investi pour sauver la société.
Une action saluée
«Je souligne les efforts consentis par ces messieurs», a déclaré devant le Tribunal de la Broye et du Nord vaudois, jeudi dernier, Raymond Ducret. Ce type de compliment, venant de la bouche d’un commissaire au sursis, est rarissime. En effet, les administrateurs Diego Fischer et Peter Kladny, et le directeur Sébastien Dubail, se sont battus comme des lions. Et ils continuent à le faire, quand bien même il ne touchent aucune rétribution depuis fin mai, lorsque l’ensemble du personnel a été licencié. «Le coup de massue, c’était quand même la défection de S.», a expliqué le commissaire au sursis. Le dernier repreneur potentiel en date a longtemps «promené» ses interlocuteurs, alors que cet homme d’affaires hollandais n’avait pas le pouvoir d’engager un tel montant.
La Ville a joué son rôle
Les autorités se sont elles aussi fortement engagées. Bien avant que la société ne plonge vers les abîmes, la Ville d’Yverdon-les-Bains a donné un sérieux coup de pouce. Non seulement en acquérant des terrains propriété de VHF Technologies pour un montant de 2,3 millions de francs, mais aussi en faisant preuve d’une grande patience: les factures du Service des énergies (SEY) en souffrance totalisent plus de 500 000 francs… D’ailleurs, les parties ont unaniment souhaité que le SEY fasse encore preuve de patiente. En effet, la rupture de la fourniture d’électricité mettrait à mal le matériel de production et en réduirait sa valeur.
Le Canton -l’affaire Novartis a fait école- s’est aussi engagé pour trouver une solution qui aurait permis, au moyen d’un crédit-relais d’un million de francs accordé par Retraites Populaires, de consacrer plus de temps à la recherche de repreneurs.Les conseillers d’Etat Pierre-Yves Maillard et Philippe Leuba ont ainsi multiplié les contacts, mais cette solution s’est heurtée au refus de Mitsubishi de postposer ses créances, alors que la Banque Cantonale Vaudoise (BCV), créancier gagiste également, était prête à entrer en matière. Retraites Populaires ne pouvant mettre en péril les fonds de ses associés demandait à devenir créancier privilégié. L’accord des gagistes était requis.
Il faut 8,5 millions
Alors que 95 millions de francs ont été investis dans VHF Technologies, il suffirait de trouver 8,5 millions de francs pour financer un concordat. C’est à la fois peu et beaucoup. Et le contexte actuel est défavorable, a rappelé Pierre Kladny, administrateur de VHF: «Il ne se passe pas un jour sans que les médias ne parlent de la faillite d’une société active dans le photovoltaïque.» Un malheur n’arrivant jamais seul, les produits chinois ont également entraîné la chute des prix.
Dans un contexte où la crise de la dette européenne a pratiquement réduit à zéro le soutien des Etats aux énergies renouvelables, seul un miracle peut désormais sauver VHF Technologies. C’est d’autant plus navrant que le litre à la pompe atteint les deux francs!