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Florence Renaut lumineuse en Jehanne
Photo: Robert Kovacs

Florence Renaut lumineuse en Jehanne

16 septembre 2021

La chanteuse lyrique yverdonnoise tient le premier rôle de Jehanne, Opéra de château, créé par la compositrice vaudoise Jimena Marazzi, dont les deux ultimes représentations auront lieu ce week-end dans la cour intérieure du château. Entretien.

Florence Renaut, vous avez la particularité, avec votre sœur Isabelle, notamment directrice du Théâtre de la Tournelle à Orbe, d’être très marquées «culture» et hyperactives dans vos domaines respectifs. Mais d’où est venue la petite étincelle?

Il y a le hasard et un peu l’influence de nos parents, qui nous ont emmenées très tôt au théâtre – ça marque à cet âge-là – et fait découvrir des tonnes de possibilités artistiques. Je me suis lancée en chorale dès l’enfantine, avec ce souvenir d’avoir toujours trouvé incroyable de découvrir les émotions qui nous traversent quand on chante. Par la suite, j’ai croisé la route de ma première professeure de chant lyrique, Véronika Horber, qui a dirigé le chœur A Cappella, et provoqué en moi le vrai déclic, avant d’être influencée par Isabelle, de six ans mon aînée, qui très tôt s’est ouverte au théâtre.

Partir si jeune sur le chant choral ne faisait-il pas de vous un ovni parmi vos camarades, plus enclins au rock ou à la variété?

A vrai dire, je me suis vraiment dirigée vers le chant lyrique à l’adolescence seulement. C’est un monde un peu particulier, mais la question ne s’est jamais vraiment posée.

Et Yverdonnoise, vous l’avez toujours été?

A quatre ans près, oui, puisqu’on vivait à Paris avec nos parents, et qu’on est venus s’installer à Yverdon, d’où venait ma maman, quand j’avais 4 ans. Après avoir obtenu un Bachelor of Arts à l’Université de Neuchâtel, j’ai bifurqué vers des études musicales professionnelles à Lausanne. Celles-ci terminées, j’ai éprouvé le besoin de changer d’air, avec mon époux, tout en étant nourrie par l’envie de me rapprocher de personnes évoluant dans la musique ancienne. Voilà donc sept ans que nous sommes établis à Bâle, avec nos deux enfants. Ce qui ne m’empêche pas de donner des cours de chant au Conservatoire d’Yverdon.

Ça c’est incroyable… Mais à quelle cadence?

Au minimum une fois par semaine, car je dirige aussi un atelier lyrique. Et par le biais de la compagnie Cantamisù, que j’ai créée avec Isabelle, je garde d’autres liens très profonds et réguliers avec la région.

Parlez-nous de Grandson et de son château…

Le bourg, où vivaient mes grands-parents, et le château me sont très familiers. Chanter dans la cour du château est une expérience nouvelle pour moi, magique, unique. Et si je me retrouve dans ces murs, c’est à l’invitation de la compositrice et pianiste Jimena Marazzi. Pour de belles retrouvailles, car nous avons étudié la musique ensemble il y a de cela bientôt dix ans, et c’est avec Jimena que je suis montée sur scène la première fois pour des récitals piano-chant. J’ai tout de suite eu un immense respect pour son travail, son écoute, son talent. Nous travaillons en pleine confiance. J’admire sa passion pour son travail, qu’elle décline de mille façons.

Puisque vous évoquez Jimena Marazzi, la compositrice qui enseigne la musique au collège Léon-Michaud à Yverdon depuis 2002, en quoi un opéra contemporain comme Jehanne se rapproche-t-il d’un opéra dit «classique»?

Jehanne se rapproche du style d’un opéra classique par opposition à celui d’un opéra-rock ou d’une comédie musicale, dans le sens où Jimena a écrit pour des chanteuses et chanteurs lyriques. Il n’y a pas de récitatif, par exemple, mais des monologues écrits et interprétés par Manon Lelièvre, qui s’insèrent entre les scènes chantées, et des influences musicales variées: de la musique médiévale, de la Renaissance, baroque ou romantique, du folklore vénézuélien et de la musique de film sont fusionnés pour donner à Jehanne les outils nécessaires à nous faire comprendre tout au long de l’œuvre les couleurs de ses états d’âme.

Et comment se sont déroulées les trois représentations du week-end passé?

Très très bien: par un temps magnifique, y compris lors des répétitions, et à deux reprises la jauge de 120 personnes a été atteinte. Les retours ont été extrêmement positifs.

 

Florence vue par Jimena Marazzi, compositrice de Jehanne

 

«Espiègle, intelligente et sensible, Florence est une femme fascinante. Je l’ai connue quand j’étais moi-même aux études et c’est elle qui m’a réconciliée avec le chant lyrique. Le timbre de sa voix, d’une rare clarté, mélangé à une interprétation toujours étincelante des personnages qu’elle incarne, m’a permis de me projeter dans une nouvelle compréhension de Jehanne. Cela nous tenait à cœur de sortir du cliché de la folle pieuse pour aller vers la jeune femme brillante qui change le cours de l’histoire par sa foi et sa force. Florence détenait dans son être les qualités qui ont permis d’avoir, sur scène, la Jehanne que nous avions imaginée».

 

infos pratiques

 

Représentations: Samedi 18 (20h) et dimanche 19 septembre (19h), château de Grandson. Quelques places sont encore disponibles; supplémentaires possibles (infos sur www.jehanneopera.ch).

Mesures sanitaires: Pass Covid non requis, masque obligatoire.

En cas de pluie: Renvoi aux 25 et 26 septembre.

Patrick Wurlod