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Forger l’avenir sera difficile
L’équipe du musée, avec de g. à dr. Kilian Rustichelli, Sylvie Fantoli, Amélie Pietrzykowski, Michael Schmieder, Valentine Loeffler, Julien Favre, Jean-Philippe Dépraz, Simon Leresche, Christine Leuenberger, Valentin Reuterer et François Roch.

Forger l’avenir sera difficile

4 avril 2025 | Textes et photos: Jean-François Reymond
Edition N°3922

L’assemblée générale du Musée du fer et du chemin de fer a mis en exergue une année 2024 difficile, marquée par des défis financiers à résoudre, dont le futur dépend.

La Fondation des Grandes Forges et l’Association des Amis du Musée du fer et du chemin de fer se sont réunies pour tenir leur assemblée générale, vendredi dernier au Restaurant du Mont-d’Orzeires.

Dans son rapport annuel 2024, le conservateur et chef d’exploitation Kilian Rustichelli ne s’est pas montré optimiste pour l’avenir de l’institution. En effet, l’exercice écoulé a été difficile, avec des faits marquants comme des inondations des locaux qui ont nécessité des interventions d’urgence causant des travaux de réfection et de maintenance. Tout cela avec aussi une hausse des charges et des frais d’entretien. Et ça tombe mal, juste au moment où l’on constate une baisse notoire de la fréquentation.

Le musée a accueilli 9136 visiteurs en 2024, contre 10 156 l’année précédente. Avec un net recul entre mars et juin, à cause d’une météo maussade, et un Festival des Couteliers qui n’a pas répondu aux attentes. D’où un déficit qui s’élève à 11 000 francs avec des fonds propres quasiment épuisés.

Un tournant stratégique

Le musée fonctionne essentiellement grâce au bénévolat et au soutien de partenaires privés et publics, comme la Commune de Vallorbe qui finance 65% du budget. Même avec de nouveaux partenaires de banques régionales, cela reste insuffisant pour stabiliser la situation.

Face à ces difficultés, la direction prévoit une réduction des coûts et la recherche de nouvelles sources de financement. Une tâche d’autant plus ardue que l’Association des Amis du Musée est devenue quasi inexistante. Là aussi, il s’agit de la redynamiser, de réactualiser le fichier d’adresses, de trouver des nouveaux membres et de se présenter sous un jour nouveau dans les manifestations publiques du musée.

Perspectives et défis

Il ne fait aucun doute que l’année 2025 sera cruciale pour déterminer l’avenir de cette institution culturelle et emblématique vallorbière. Le site des Grandes Forges fonctionne sans interruption depuis 1495, soit depuis 530 ans! Quant au Musée du fer, il fêtera cette année ses 45 ans d’existence. Le défi futur consiste en un projet qui est en cours pour que le musée devienne un centre de compétence professionnel pour les métiers de la forge (forgeron, cloutier, serrurier, armurier, maréchaux, etc). C’est en bonne voie depuis que le musée a obtenu l’inscription des «Savoir-faire de la forge traditionnelle» au patrimoine immatériel du canton de Vaud. Un comité de pilotage travaille actuellement à l’étude du projet, à son financement (plusieurs millions) et à sa finalisation, si possible avant 2030.

D’ici là, il faut tenir le coup… Heureusement, cette année a bien commencé, avec une première conférence qui a connu une bonne fréquentation, et la perspective très proche du Festival des couteliers est prometteuse, sous le signe des Vikings. C’est pourquoi on ne parle ici que du «Savoir Fer»!


Un très fort engagement

Après une implication très forte depuis les débuts du Musée du fer, le membre du comité de la Fondation des Grandes Forges Jean-Philippe Dépraz a été actif dans plusieurs fonctions depuis 1977.  Ainsi qu’il l’écrit dans sa lettre de démission, il détaille: «Il est temps pour moi de lever le pied et de laisser la place à des personnes plus jeunes. J’ai 77 ans et je sens mes facultés physiques et intellectuelles quelque peu ralentir. »

Toujours bénévolement, notre homme a une longue aventure avec le musée. Il en a été le conservateur, le directeur, le secrétaire de l’Association des Amis, le président et vice-président de la fondation. A l’origine, c’était une volonté communale… C’est lui qui a réussi à concrétiser tout cela. «Malgré les difficultés qui ne manquaient pas, je ne peux qu’être ravi de cette période qui m’a apporté de grandes satisfactions et je suis fier de ce que nous avons pu réaliser pour Vallorbe. La réputation dont jouit le Musée du fer et du chemin de fer en est la meilleure preuve!»

C’est bien sûr avec un pincement au cœur qu’il se retire, serein et confiant en l’équipe en place face à un avenir incertain. Mais il ne veut pas couper totalement les ponts. Il va donc rester à disposition et en appui pour diverses tâches bénévoles lors des événements liés au musée. On aura donc l’occasion de revoir son sourire et sa bienveillance sur le site.