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Frédéric Piguet, deux décennies de service
t. © Michel Duperrex

Frédéric Piguet, deux décennies de service

4 mai 2023

Frédéric Piguet a siégé durant plus de vingt ans à la Municipalité, qu’il a présidée depuis 2009, avec quelques belles réalisations à la clé et, surtout, le sentiment du devoir accompli. Le syndic remettra son mandat à fin juin.

Réussir sa sortie, et surtout en décider le moment, est un privilège. Que Frédéric Piguet, syndic de Bonvillars depuis 2009, s’est tout naturellement accordé, avec le sentiment du devoir accompli, d’avoir donné ce qui était possible à la collectivité. Deux éléments importants l’avaient conduit à se représenter en 2021: le projet de fusion et celui du plan d’affectation communal. Le premier a échoué. Le second est en bonne voie, puisque envoyé au Canton pour adoption après avoir passé sur le plan communal.

Homme réservé, Frédéric Piguet ne se livre pas d’emblée. Mais il ne cache pas que sa démission, envoyée en février dernier, est le fruit d’une réflexion à la suite d’un accident qui aurait pu mal tourner. «J’ai chuté dans les escaliers de mon domicile et je me suis dit que cela aurait pu se finir comme cela», explique-t-il. Alors qu’il lui reste sans doute de belles années à vivre avec ses enfants et petits-enfants, et des sites à découvrir avec son épouse à travers l’Europe.

A l’heure du bilan, le syndic démissionnaire évoque les réalisations, qu’il attribue au collège municipal, sans dissimuler quelques échecs, tel le refus de la réfection de la grande salle de la Cour. Après avoir accepté le crédit d’étude, le Conseil général avait rejeté en 2016 la demande de crédit de 3 millions de francs. Mais il n’en tient rigueur à personne. C’est le lot de la démocratie. Fort heureusement, routes et infrastructures ont pu être mises à niveau et le patrimoine communal est bien entretenu.

D’ailleurs, la salle de la Cour revient au programme puisque la toiture va être rénovée, isolée et dotée de panneaux solaires. Peut-être qu’un peu plus tard, si les trois classes d’école sont effectivement fermées d’ici 2026, la rénovation des locaux reviendra à l’ordre du jour. Son successeur et ses collègues en décideront le moment venu.

Originaire du Chenit, né à Yverdon en 1954 – son père était pilote de locomotives –, Frédéric Piguet a suivi sa scolarité à Payerne. Il a ensuite obtenu son brevet d’enseignant à l’Ecole normale d’Yverdon, ouverte dans l’ancien bâtiment de l’Ecole des métiers, à l’extrémité sud de la rue Pestalozzi, et dans les locaux occupés aujourd’hui par le Conservatoire, à l’entrée du quartier des Cygnes. Il a enseigné à l’Etablissement scolaire de Grandson dès 1974, jusqu’à sa retraite en 2012.

Elu à la Municipalité en 2002, Frédéric Piguet a choisi les Forêts: «Mes collègues étaient étonnés. Ils pensaient que j’allais prendre les Ecoles. J’ai aimé ce travail, la collaboration avec le garde forestier, et les balades en forêt.»

Devenu syndic – il a succédé en 2009 à Jean-Michel Jaquier –, il a pu garder sa part de nature, en s’occupant, outre les finances et le social, des vignes: «J’ai découvert la vigne. J’ai eu du plaisir à travailler, à donner un coup de main à l’employé communal, à participer aux vendanges et à porter les caissettes.»

Il faut dire que la Commune de Bonvillars est propriétaire de plus de trois hectares de vignes – 5000 m2 de Gamay, 6500 de garanoir et le solde en chasselas –, dont s’occupe principalement l’employé communal.

Le syndic en profite pour rendre hommage à Antonio Fernandes, qui avait succédé à son frère Manuel il y a 28 ans, et qui a pris sa retraite le 31 janvier dernier. «La vigne, c’était son royaume!» commente le syndic reconnaissant. Ces deux frères portugais avaient en effet déjà l’expérience de la vigne dans leur pays et Bonvillars en a profité.

Durant longtemps, une petite partie du raisin était livrée à la Cave de Bonvillars et le reste chez Schenk. La Commune a acquis des parts sociales supplémentaires de la coopérative et aujourd’hui tout est livré à la Cave.

La préparation du plan d’affectation communal a passablement occupé la Municipalité ces dernières années. Et compte tenu de l’évolution de la loi sur l’aménagement du territoire, ce genre de projet, et les contraintes qu’il impose, génère des inimitiés, qui se focalisent sur le président de l’exécutif.

Même s’il a pu en souffrir, Frédéric Piguet n’en conserve aucune rancune. Aujourd’hui, le PACom est en procédure d’adoption au Canton et la situation sera ainsi réglée pour ces quinze prochaines années. C’est dire qu’excepté des transformations, d’anciennes fermes par exemple, il ne sera plus possible de construire durant cette période.

Si ce projet est figé pour un temps, d’autres seront portés par la Municipalité dans sa future composition. L’élection complémentaire est agendée au 18 juin prochain. En effet, la zone d’activités Arnon-Poissine fait toujours l’objet de négociations, notamment avec Philip Morris, qui y détient encore des terrains, et des acquéreurs potentiels.

En passant la main, Frédéric Piguet abandonnera tous les mandats, en particulier la vice-présidence du Centre sportif de Borné-Nau, à Grandson. «Quand on arrête, on arrête!» Santé Monsieur le syndic, et bons voyages!

 

Un baroud d’honneur pour conserver l’école villageoise

 

Enseignant devenu syndic, Frédéric Piguet considère que si l’église doit figurer au milieu du village, l’école, du moins pour les petits, y a aussi sa place. L’annonce de la fermeture de celle de Bonvillars, idéalement placée dans le périmètre de la Cour, le blesse. «Qu’on construise un nouveau collège à Champagne ne me pose pas de problème. On peut y faire trois classes de moins et conserver celles de Bonvillars, qui dispose d’une salle de gymnastique à proximité», plaide le syndic.

Il y a plus de dix ans, lors d’une assemblée professionnelle tenue à la Cour, Anne-Catherine Lyon, alors en charge de la Formation, avait assuré que cette école était «Harmos compatible». Plus tard, Cesla Amarelle avait décliné l’invitation, qu’elle avait renvoyée à l’Association intercommunale (ASIGE). Le nouveau conseiller d’Etat Frédéric Borloz a fait halte à la Cour l’automne dernier. Mais à défaut de baguette magique, il lui est difficile d’inverser le mouvement de concentration des écoles vaudoises amorcé il y a plusieurs décennies.

Nullement découragé, Frédéric Piguet a fait appel aux bons offices du préfet. Fin février, il a rencontré les représentants du comité directeur de l’ASIGE. «J’ai au moins pu m’exprimer», commente-t-il. Maigre récompense pour un noble combat.

Isidore Raposo