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Gosses couverts de poux et de gale
Le couple est accusé d'avoir maltraité ses enfants. ©Emmanuelle Nater

Gosses couverts de poux et de gale

16 mars 2018 | Edition N°2207

Une fratrie, dont le père est accusé d’avoir abusé sexuellement, vivait dans des conditions d’hygiène désastreuses, selon l’accusation.

Un logement familial «insalubre et en grand désordre» et des enfants qui «se plaignaient d’avoir faim». Telles étaient, selon l’acte d’accusation, les conditions dans lesquelles résidaient trois filles et cinq garçons, dont le père est jugé depuis mardi pour abus sexuels et inceste par le Tribunal criminel d’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois, qui siège à Renens.

En 2007 déjà, le Service de protection de la jeunesse (SPJ) avait observé que la fratrie était «en train de manger par terre sur un sol jonché de détritus». Pourtant, les enfants mineurs n’ont été retirés à leurs parents qu’en juillet 2015. La liste est interminable en ce qui concerne les manquements aux conditions d’hygiène des huit frères et soeurs. Les éducateurs sociaux ont, notamment, constaté qu’ils étaient couverts de poux, qu’ils avaient développé de la gale et qu’ils étaient sales. Mais la mère, qui reconnaît qu’elle n’était pas «une fée du logis», assure qu’elle veillait «personnellement à ce qu’ils se douchent».

Le père a vivement contesté les faits qui lui sont reprochés.

«Le SPJ n’a rien fait», a ajouté la quadragénaire, en pleurs. Alors qu’on l’accuse d’avoir couvert les agissements de son époux, son avocat assure qu’elle aurait alerté le service en 2011. Elle a aussi évoqué la crainte que lui inspirait son mari, qui l’aurait forcée à avoir des relations sexuelles: «Je n’osais pas dire non car il me disait qu’il ferait du mal à mes enfants.»

Interrogé sur les actes qu’on lui reproche, le père a asséné, comme mardi, que tout était faux. Défenseur des enfants mineurs, Me Rubli a voulu savoir comment l’un de ses fils, qui aurait subi un rapport anal, «aurait pu inventer une telle histoire»? Campant sur ses positions, le prévenu a assuré qu’il n’y avait «pas eu de sodomie». Tancé par l’avocat, qui lui demandait s’il fallait en déduire que ses enfants mentaient, il a fini par ajouter: «Ce n’est pas vrai, je suis d’accord avec vous, cette histoire est totalement incompréhensible.» Le procès se poursuit aujourd’hui avec le réquisitoire et les plaidoiries.

 

Emprisonné, il récidive à sa sortie

Un quadragénaire est accusé d’avoir abusé de plusieurs de ses enfants (lire La Région Nord vaudois de mercredi). En juillet 2015, l’aînée de cette famille mormone a déposé plainte contre lui pour abus sexuels. Arrêté dans la foulée, le prévenu a ensuite été libéré par le procureur avant de récidiver. Il s’en est pris à la deuxième de ses filles, dans la chambre d’un hôtel situé dans la Broye vaudoise, pendant que l’un de ses fils faisait les cent pas derrière la porte. Le jeune homme rapporte avoir senti «une odeur sexuelle» lorsqu’il est entré dans la pièce.

La famille a vécu à Orbe et à Yverdon-les-Bains avant de déménager dans la Broye vaudoise. Le père aurait également maltraité sa femme tout au long de leur vie commune. A la suite d’une tentative d’étranglement, celle-ci a voulu mettre fin à ses jours.

Valérie Beauverd