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Grandson et son château visent haut
Grandson, 8 septembre 2021. Château, Bettina Stefanini. © Michel Duperrex

Grandson et son château visent haut

8 septembre 2021

Patrimoine - Les deux fondations qui gèrent le château (ici Bettina Stefanini, présidente de la SKKG) ont lancé hier «Grandson 2026». La grande mue se poursuit.

Le colosse de pierres attaché au bourg de Grandson être prêt à faire un bond dans le futur. Alors que les travaux de rénovation urgents ont déjà bien avancé, il est temps de s’attaquer au renouvellement muséal complet. Il va falloir mettre les bouchées doubles, car la Fondation du Château de Grandson (FCG) et la Stiftung für Kunst, Kultur und Geschichte (SKKG) ont lancé hier le chrono du projet à quelque 40 millions de francs de «Grandson 2026».
«Dans les mille ans d’histoire du château, il y a une date qui est particulièrement importante pour Grandson et pour la Suisse, voire pour l’Europe entière: 1476 et les célèbres guerres de Bourgogne», rappelle le conservateur Camille Verdier. Une époque qui paraît bien loin de 2021, mais qui sera mise en lumière le 2 mars 2026 pour les 550 ans de la bataille de Grandson. C’est précisément ce jour-là que le dernier coup de sifflet sera donné et que la grande mue de la forteresse devra être terminée. Car de mars à juin de cette même année, de multiples événements seront organisés entre Grandson et Morat pour célébrer dignement cette étape clé de l’histoire.
Le château de Grandson de 2026 n’aura plus rien à voir avec celui de 2021. Les visiteurs y découvriront toute l’histoire de l’édifice et les zones d’ombre éclaircies par les spécialistes ces dix dernières années, ainsi qu’une immersion au cœur de la Bataille de Grandson. «Le visiteur sera amené, comme au cinéma, à comprendre ce qu’il s’est passé durant les neuf jours fatidiques avant le jour J, poursuit le conservateur. Le plus important dans cette exposition sera la polyphonie, car nous faisons tout ce que nous pouvons avec les historiens et les scénographes pour laisser toutes les parties de l’histoire s’exprimer. On veut mettre à bas ce récit national de Charles le Téméraire, le méchant, qui a perdu face aux Confédérés qui ont sauvé une Suisse qui n’existait pas encore. Nous allons en parler bien sûr, parce que cela fait partie de l’histoire, mais nous n’allons pas en faire la base du discours. Nous allons faire parler les Bourguignons et les Italiens aussi pour que les visiteurs puissent se faire leur propre opinion de l’histoire.»
De plus, Grandson accueillera un centre de l’arbalète unique en son genre. Car Bruno Stefanini, qui est tombé amoureux du château au point de l’acheter via la SKKG et de demander d’y faire sa demeure éternelle, a réuni ce qui semble être la plus grande collection européenne, voire mondiale, de ce type d’arme.
En plus de cela, l’équipe grandsonnoise devra continuer la restauration du patrimoine, replacer le site sur la carte touristique et repenser son exploitation. Bref, tout va changer. «C’est un nouveau contrat entre les deux fondations, et entre le château et son territoire», poursuit Camille Verdier. D’ailleurs, le concept même d’un château fermé sera bousculé. «Le temps des seigneurs et des baillis est fini, souligne-t-il. Nous voulons une véritable interface entre le château et son bourg. Les habitants et les touristes pourront transiter à travers le château et ses terrasses librement.»
Ainsi, le rêve du mécène Bruno Stefanini se poursuit grâce à sa fille Bettina (en photo), présidente de la SKKG. Impossible pour cette entrepreneure de ne pas commémorer l’énergie et la passion, parfois démesurée, de son père lors du lancement de «Grandson 2026».

Christelle Maillard