La manifestation syndicale organisée lundi a surpris la direction, qui affirme avoir amélioré les conditions de travail de ses employés. Du coup, elle doit rendre des comptes à Promotion Santé Suisse, qui menace de lui retirer son label.
Des représentants du syndicat Unia Vaud ont manifesté lundi devant la société agroalimentaire. Les syndicalistes dénonçaient des conditions de travail qu’ils jugent déplorables, et ce malgré l’obtention en octobre dernier du label Friendly Work Space.
Depuis le siège de l’entreprise à Schaan, au Liechtenstein, Markus Amann, chargé de communication, pointe l’attitude du syndicat: «Unia Vaud ressasse sans cesse les mêmes histoires anciennes qui ne correspondent plus à la réalité. Depuis début 2019, Hilcona a organisé plusieurs entretiens avec le syndicat, afin de lui présenter de façon claire et compréhensible les améliorations apportées dans les domaines de la sécurité, de la rémunération et de la planification du personnel. Le syndicat avait qualifié ces rencontres de constructives.»
Ces déclarations vont bien sûr à l’encontre de ce que dénonce Unia Vaud, et elles ne sont pas tombées dans l’oreille d’une sourde. Catherine Favre Kruit, cheffe des relations publiques et membre de la direction de Promotion Santé Suisse, confie avoir envoyé une lettre recommandée avant même la manifestation de lundi. «Nous avons pris les informations transmises par Unia Vaud très au sérieux. En dix ans, il n’est jamais arrivé que l’on retire un label, mais ça pourrait arriver en cas de violation importante du cadre légal en matière de sécurité ou de santé au travail.»
Promotion Santé Suisse est une fondation de droit privé soutenue par la Confédération, les cantons et les assurances maladie, sous forme d’une taxe de 40 centimes prélevée auprès de chaque assuré. Elle est garante du respect des conditions d’obtention du label Friendly Work Space. «S’il y a un souci, Promotion Santé Suisse cherche le dialogue avec l’entreprise pour faire évoluer la situation», temporise Catherine Favre Kruit.
Conditions strictes
«Notre label est délivré selon des conditions strictes à la demande des sociétés. Un audit au siège d’Hilcona SA a eu lieu à Schaan, mais je ne peux pas vous dire si les employés d’Orbe ont été interrogés. En revanche, ce que je peux affirmer, c’est que tant les cadres que les employés sont entendus. L’idée est de se faire une image de l’entreprise candidate. Cependant, nous ne vérifions pas les conditions salariales, car nous ne sommes pas mandatés pour vérifier que la loi est respectée; nous partons du principe qu’elle l’est. Ce contrôle est du ressort des inspecteurs cantonaux du travail. L’obtention de notre label ne tient compte que des mesures que les entreprises prennent en plus du cadre légal pour le bien-être de leurs employés, et sur une base volontaire», poursuit Catherine Favre Kruit.
Le Friendly Work Space est octroyé pour une durée de trois ans, renouvelable sur demande de l’entreprise. Celle-ci doit prouver que les conditions d’obtention sont toujours valables.
De son côté, Markus Amann affirme que «la toute dernière enquête menée auprès du personnel révèle que plus de 90 pour cent des collaborateurs apprécient leur employeur. Plus une seule procédure n’est en cours devant les tribunaux de prud’hommes. L’entreprise optimise constamment les conditions de travail et a introduit, début 2019, un nouveau système de sécurité de la planification.» Il admet cependant que «au vu de la forte volatilité de la demande, il se peut que des changements de planning interviennent à court terme, mais les collaborateurs ont le libre choix d’accepter ou pas. Les salaires sont supérieurs au salaire minimum de la Convention collective de travail (CCT) de Swissstaffing et ont de nouveau été validés par la commission tripartite. Tous les employés bénéficient des mêmes avantages et prestations supplémentaires, qu’ils soient en contrat à durée limitée ou pas. Enfin, une augmentation des salaires des collaborateurs temporaires est déjà budgétée pour 2020.»