Logo
Les hirondelles trouvent refuge aux Clées
©Jonathan Carrard

Les hirondelles trouvent refuge aux Clées

27 juin 2017 | Edition N°2025

Les Clées – Une expérience pilote unique en Suisse romande est menée dans la gravière située sur les hauts du village. Une butte artificielle a été aménagée, afin de favoriser la nidification des hirondelles de rivage. Le Canton s’en félicite.

La conseillère d’Etat en charge du Département du territoire et de l’environnement, Jacqueline de Quattro, n’exclut pas d’autres aménagements de ce type ailleurs dans le canton. ©Michel Duperrex

La conseillère d’Etat en charge du Département du territoire et de l’environnement, Jacqueline de Quattro, n’exclut pas d’autres aménagements de ce type ailleurs dans le canton.

Concilier exploitation des gravières et préservation de la biodiversité, c’est le défi que s’est récemment lancé le Canton de Vaud. A la gravière des Clées, une expérience pilote unique en Suisse romande a été lancée ce printemps. Afin d’encourager la nidification des hirondelles de rivage, une butte artificielle de sable -de cent-vingt mètres carrés pour une hauteur de près de quatre mètres- a été aménagée, leur offrant ainsi une alternative aux parois sablonneuses qui se raréfient au bord des cours d’eau (voir ci-dessous).

«C’est une réussite totale, s’enthousiasme François Turrian, directeur romand de l’association Birdlife Suisse. Plus de 160 trous ont été creusés par les hirondelles à leur retour d’Afrique. Près de 80% d’entre eux sont aujourd’hui occupés par cet oiseau inscrit sur la liste rouge des espèces nicheuses vulnérables en Suisse.»

 

«Un partenariat exemplaire»

 

Les hirondelles de rivage sont nombreuses à avoir élu domicile aux Clées. ©Jonathan Carrard

Les hirondelles de rivage sont nombreuses à avoir élu domicile aux Clées.

Du côté des autorités cantonales, on se félicite du bon déroulement de l’expérience, et en particulier du partenariat qualifié «d’exemplaire » entre la société Gravière de la Claie-aux-Moines S.A. Et l’association Birdlife Suisse. «De prime abord, tout les oppose. Mais, ces deux acteurs ont trouvé un terrain d’entente, une façon de concilier l’exploitation et la protection de l’environnement. L’aménagement de ces buttes est un bel exemple de réussite», se réjouit la conseillère d’Etat Jacqueline de Quattro.

La butte, dont la construction a été financé par l’entreprise basée à Savigny, se situe sur la partie remblayée de la gravière. «Sa durée de vie est d’une dizaine d’années, poursuit la cheffe du Département du territoire et de l’environnement (DTE). A ce moment-là, un second monticule sera aménagé dans une autre partie de la gravière, actuellement exploitée. Les mesures en matière de conservation de la nature s’étaleront donc sur vingt ans.»

A noter qu’une butte artificielle a également été construite à la gravière de Bretonnière, sur le site du «Sapelet», à un jet de pierre de la zone d’extraction des Clées. «Le Nord vaudois est connu pour la bonne qualité de ses sols, où les gisements sont plus nombreux qu’ailleurs, souligne Jacqueline de Quattro. D’autres projets en matière de conservation de la nature, liés aux gravières, pourraient encore voir le jour.»

 

La Municipalité ravie de l’initiative

 

Davantage spectatrices qu’actrices dans la démarche, les autorités communales des Clées saluent l’initiative. «La gravière est critiquée par les habitants du village à cause des nuisances sonores et de la poussière soulevée, relate le municipal Gérard Conod. Cette action menée en faveur de la biodiversité a le mérite de calmer les ardeurs, ainsi que de faire un peu de pub pour la commune.»

 

Une espèce menacée

 

Plus légère que sa cousine rustique, plus menue que celle des fenêtres, la sémillante hirondelle de rivage compense sa petite taille par une frénésie de tous les instants. Cette espèce typiquement alluviale, qui figure sur la liste rouge des oiseaux nicheurs de Suisse sous la mention «vulnérable », construit ses cavités de nidification -jusqu’à un mètre de profondeur- dans des falaises dépourvues de végétation.

«Autrefois, elle trouvait des sites appropriés sur les berges de rivières. Mais la canalisation de la plupart des cours d’eau lui a fait perdre son habitat naturel façonné par l’érosion fluviale, explique François Turrian, directeur romand de l’association Birdlife Suisse. Du coup, l’hirondelle de rivage ne niche presque plus exclusivement que dans les gravières, que ce soit dans des buttes artificielles ou dans des filons de sable creusés par les machines.»

On estime à 4000 le nombre de couples nicheurs présents sur le territoire suisse.

Enregistrer

Simon Gabioud