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Histoires de mode

22 octobre 2021

Le Musée suisse de la mode a exprimé, à l’occasion de son assemblée générale, ses intentions pour 2022. L’association déborde non seulement de cartons de vêtements mais aussi de projets après une pause due à la pandémie et malgré des problèmes de locaux de plus en plus pressants.

Deux salles, deux couleurs, une atmosphère imposante; du point de vue de sa taille, l’espace dédié au Musée suisse de la mode (ou MuMode pour les intimes), cantonné à une petite partie du château d’Yverdon, ne paie pas de mine. Mais la salle ronde aux pierres apparentes dans laquelle se tient actuellement la mini-exposition Tout blanc tout noir mérite bien son nom de «vitrine», car elle exprime avec puissance le potentiel de la collection du MuMode. En quelques pas, le visiteur se retrouve entouré d’un dégradé bicolore de superbes pièces de couture qui l’enveloppe d’une ambiance magique et qui ne lui donne qu’une envie: en voir plus.

Après un passage à vide dans ses activités publiques dû à la pandémie, le MuMode revient avec des projets plein ses cartons. Seul musée suisse dédié uniquement à la mode, il rassemble depuis quarante ans une collection impressionnante, à laquelle contribuent côte à côte connaisseurs aiguisés et public amateur, et abrite ainsi dans ses réserves quelque 12 000 vêtements et accessoires allant du XVIIIe siècle à nos jours. Or, ce fonds impressionnant sera mis à grande contribution en 2022.

Outre sa nouvelle vitrine mentionnée ci-dessus, qui sera visible jusqu’au 27 mars 2022, le musée vient de confirmer les dates de sa prochaine exposition, Collection haute couture, dédiée entre autres au créateur Philippe Venet. Initialement prévue l’année passée, elle aura finalement lieu entre le 5 février et le 10 avril 2022. D’autre part, le musée travaillera également en collaboration avec le magazine queer suisse 360°, afin de présenter en photo, chaque mois pendant l’année 2022, des pièces de sa collection.

 

Quarante ans en 2022

 

Pour couronner le tout, le MuMode fêtera l’année prochaine ses 40 ans, ce qui sera l’occasion de célébrer cet anniversaire en grande pompe en dédiant un espace au château à Robert Piguet, célèbre créateur de mode né à Yverdon et maître de certains des plus grands noms de la couture, tels que Christian Dior et Hubert de Givenchy.

Le Musée oeuvre également sur la création d’un catalogue des croquis du créateur, qui, on l’espère, permettra au musée et à ses activités de rayonner davantage

La culture locale… en manque de locaux

 

Le Musée suisse de la mode est un acteur culturel important d’Yverdon et, par extension, du Nord vaudois. La relation étroite qu’il entretient avec la Municipalité l’illustre: au bénéfice de deux salles du château et d’une convention de subvention à hauteur de 120 000 francs par an pour une durée de trois ans, le MuMode a notamment accueilli pour son assemblée générale Raphaël Kummer, chef du Service de la culture de la Ville.

Malgré cette reconnaissance, le MuMode souffre aujourd’hui d’un manque de locaux adéquats pour développer ses projets. Bien qu’il parvienne fréquemment à étendre son exposition au château, son espace dédié reste trop restreint pour arborer le nombre impressionnant de pièces en sa possession.

Ces dernières, stockées dans les anciennes casernes, souffrent non seulement d’un problème de place, mais manquent également de protection adéquate face à des problèmes tels que les inondations, qui ont menacé cet été les réserves de plusieurs musées. Interpellé sur la question du centre multifonctions dont la Ville avait projeté la construction il y a de cela plusieurs années et dont le MuMode devait profiter, Raphaël Kummer a dû décevoir les attentes du comité. «Les années passent et nous n’avons toujours pas de bonnes nouvelles à vous annoncer concernant un nouveau Musée de la mode à Yverdon», a-t-il énoncé.

«Mes services ne ménagent pourtant pas leurs efforts pour essayer de trouver un accord parmi les très nombreux partenaires d’un projet aussi complexe que celui de notre hypercentre». Il a cependant rendu hommage au travail de l’association et encouragé les membres à faire appel à la Ville afin de se voir attribuer plus d’espace dans les anciennes casernes.

Carline Estermann