Chaque semaine, un ou des habitants du Nord vaudois ouvrent l’album de leurs souvenirs et une fenêtre sur leur village.
On est face à lui depuis quelques secondes seulement, et Daniel Perrin, 75 ans, annonce déjà la couleur: «Nous ne sommes pas là pour moi, mais pour parler de Pailly.» Ancien agent pénitencier, mais aussi bûcheron et écuyer-palefrenier, il est effectivement entièrement dévoué à son village. à tel point que, passionné de maquettes et bricoleur dans l’âme, il en a construit une qui représente la bourgade dans les années 1950. Pour l’élaborer, il s’est basé sur ses souvenirs d’adolescent: «Si l’échelle n’est pas tout à fait respectée, le nombre de fenêtres sur les façades est fidèle à la réalité.»
Très détaillée, on reconnaît les rues, l’école, la laiterie et les granges environnantes. C’est l’occasion de découvrir l’histoire de certains lieux-dits avec notre interlocuteur. Ainsi, un hangar a été appelé Bikini. Il se nomme ainsi non pas en référence au célèbre maillot de bain, mais parce que le bâtiment a été terminé le jour où l’armée américaine a largué un essai nucléaire sur l’atoll éponyme, dans le Pacifique.
La jeunesse, toujours là
La maquette permet également de réaliser à quel point le visage de la commune s’est transformé, depuis que de nombreuses villas ont été construites. Fort heureusement, certaines choses semblent immuables, à l’image de la société de Jeunesse dont a fait partie Daniel Perrin. Et il ne manque pas une occasion de donner un coup de main à la nouvelle génération, comme ce fut le cas lors de l’organisation du Challenge du Gros de Vaud 2018, qui s’est tenu sur les hauts du village. Le point de rencontre de la Jeunesse n’a pas changé non plus, puisqu’elle se retrouve toujours à l’auberge communale. «à l’époque, on venait le dimanche graisser les boules du jeu de quilles pour se faire quelques sous. On rentrait ensuite avec les pantalons tout tachés», s’amuse Daniel Perrin.
Un nombre d’agriculteurs en baisse constante
Habitant de Pailly depuis toujours, il a aussi vu évoluer la vie du village. Des fermes ont été transformées, d’autres détruites pour faire place à des bâtiments plus modernes. Alors que dans sa jeunesse une quarantaine d’agriculteurs étaient basés à Pailly, ils ne sont plus que quatre à y travailler à temps plein, de même qu’un paysan. «Mais la quantité de lait produite est relativement semblable à celle de l’époque», observe Daniel Perrin, qui descend d’une famille d’agriculteurs, et dont le fils fait partie des derniers exploitants du village. Celui-ci gère un cheptel de 250 taureaux. Les propriétaires de plus petits domaines doivent quant à eux avoir en parallèle un autre emploi pour s’en sortir.
Pour petits et grands
Comme nombre d’agriculteurs, Daniel Perrin s’investit pour sa commune. En dehors de son passe-temps de maquettiste, il construit les décors des spectacles du chœur local. Et à plusieurs reprises, il a fait venir les Milices Vaudoises, dont il fait partie, aux fêtes du village. Fin août, il a également aidé à mettre en place la traditionnelle Braderie de Pailly. Celle-ci commence à acquérir une certaine renommée, car elle accueille une manche des Championnats de Suisse de caisses à savon. Et l’affaire est sérieuse: «Dès le matin, les concurrents sont déjà là pour étudier la route», précise-t-il. Ainsi, que ce soit avec les caisses à savon ou les reproductions à échelle réduite de Daniel Perrin, Pailly a de quoi ravir nos âmes d’enfants.