Il a gagné le bras de fer de la piscine
25 août 2015Les Tuileries-de-Grandson – L’ingénieur civil Daniel Richardet a remporté son long combat judiciaire contre la Commune d’Yverdon-les-Bains dans le dossier du grand bassin extérieur de la piscine. il raconte son histoire.

L’ingénieur civil Daniel Richardet estime avoir été victime d’une injustice dans le dossier de la piscine.
Le Tribunal fédéral a rendu son verdict. Daniel Richardet n’aura pas à débourser le moindre centime en faveur de la Commune d’Yverdon-les-Bains dans le cadre du litige de la piscine plein air. Tout à son soulagement, il accepte de revenir dans La Région Nord vaudois sur ce feuilleton judiciaire qui l’a concerné pendant plus de vingt ans, menaçant même, à une certaine période, la survie de son bureau yverdonnois en raison de l’absence de mandats de la Ville.
«Nous avions collaboré avec Clensol dans le cadre de la construction du centre thermal. Alors, quand cette entreprise a été désignée comme concepteur de la piscine extérieure d’Yverdon-les-Bains, elle a fait appel à nous», explique l’ingénieur civil.
Et de préciser que, dans le cadre d’un chantier, le rôle des représentants de sa profession est de faire en sorte que tous les détails soient réunis pour obtenir une structure solide et stable. C’est précisément sur ce dernier point que la bisbille a surgi en 1992, quelques mois après l’inauguration du site. Le personnel a, en effet, remarqué que l’écoulement du grand bassin ne se faisait pas de façon optimale. «L’angle nord-ouest du bassin s’est tassé. Par conséquent, l’eau s’écoulait essentiellement par ce coin de la piscine», explique Daniel Richardet, qui indique comprendre le mécontentement de la Commune.
Le tassement de l’angle de la piscine avait, dans un premier temps, fait craindre que le béton de cette dernière ne casse. Des travaux devisés à «plusieurs centaines de milliers de francs», précise le syndic Jean-Daniel Carrard, avaient permis de mettre à niveau les grilles d’évacuation.
Le géotechnicien et l’ingénieur civil sont jugés coupables des malfaçons. Leur tort, selon les autorités yverdonnoises? Avoir minimisé les caractéristiques du sol à l’endroit de la construction. Des pieux de douze mètres ont été utilisés pour traverser la portion de terrain instable. «Leur portance avait été confirmée par le géotechnicien et l’expert», déclare Daniel Richardet. Plus tard, en cours de procédure, un spécialiste indiquera que, même en ayant recours à des pieux de 45 mètres, aucune garantie ne pourrait être fournie, tant le sol est mauvais dans le périmètre en question. «Les enfoncer davantage aurait de toute façon coûté très cher, et le rôle de l’ingénieur civil est aussi d’éviter des frais disproportionnés au maître d’ouvrage», précise l’homme de 68 ans.
Bataille en trois temps
Dans un premier temps, la Ville attaque, en 1999, Daniel Richardet et le géotechnicien en justice. La première manche du bras de fer sourit à la partie plaignante, mais l’issue de l’appel est favorable au camp adverse. Yverdon-les-Bains décide alors, l’année dernière, de s’en remettre au Tribunal fédéral, qui tranche en faveur de l’ingénieur civil, désormais seul sur le banc des accusés.
«Je suis soulagé, mais écoeuré par la fixation faite sur ma personne. L’influence possible des remblais autour de la piscine sur le tassement du terrain n’a, par exemple, jamais été prise en considération», relève l’habitant des Tuileries.
Daniel Richardet est également déçu de l’attitude de la Commune, jamais encline à discuter pour trouver un arrangement durant le procédure, selon ses dires. Il tient, par ailleurs, à saluer la pugnacité de son avocat -«Il s’est passionné pour ce cas, et a toujours estimé que j’étais accusé à tort».
Aujourd’hui à la retraite, il espère vivement que son successeur aura la confiance de la Commune dans l’optique de futurs mandats.
Le syndic indique, pour sa part, que la Municipalité d’Yverdon-les-Bains est «interpellée» par la décision du Tribunal fédéral. «Nous avons fait appel à des spécialistes desquels nous attendions qu’ils amènent des solutions liées à ce terrain de mauvaise qualité. La Commune en est, certes, la propriétaire, mais il est surprenant qu’elle endosse l’entière responsabilité dans une telle situation.» A noter que l’ouvrage, qui fait, chaque année, l’objet du contrôle d’un géomètre, semble s’être stabilisé.