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Il a mouillé le maillot de l’Atlético

7 avril 2016 | Edition N°1717

Football – 1re ligue – Arrivé dans la Cité thermale cet hiver, David Jimenez a rapidement gagné une place de titulaire dans les rangs d’Yverdon Sport. Rencontre avec un joueur talentueux, au parcours aussi varié qu’atypique.

Yverdon Sport accueille Fribourg, samedi, au Stade Municipal (coup d’envoi à 17h30). Sorti sur blessure lors du dernier match, David Jimenez espère être opérationnel. © Simon Gabioud

Yverdon Sport accueille Fribourg, samedi, au Stade Municipal (coup d’envoi à 17h30). Sorti sur blessure lors du dernier match, David Jimenez espère être opérationnel.

On jouait la 36e minute de la rencontre entre Yverdon Sport et Team Vaud M21, samedi passé, lorsque David Jimenez demandait à sortir, en invoquant une douleur à la cuisse. Alors que le milieu de terrain regagnait le bord du terrain en boitant, le visage teinté d’une grimace, un vent d’inquiétude parcourait le banc yverdonnois. «Plus de peur que de mal, lâchait-il, lundi, à la sortie d’une séance de physiothérapie. Apparemment, il n’y a pas de déchirure, je devrais pouvoir reprendre l’entraînement dans le courant de la semaine.» Juste une alerte, donc. Une de plus pour un joueur qui, au fil de sa carrière aux quatre coins du monde, en a vu d’autres.

Formé au Lausanne-Sport, l’Hispano-Suisse avait un chemin tout tracé au sein de l’équipe vaudoise. Jusqu’à cette fameuse soirée, à Marbella, en Espagne. C’était en 1998, le jeune prodige avait alors 15 ans. «Lors d’une fête traditionnelle, un genre de Comptoir du Nord vaudois, j’ai fait la connaissance du maire de la ville, Jesús Gil, qui n’était autre que le président de l’Atlético Madrid, se souvient, le sourire en coin, David Jimenez. Culotté, je lui avais, alors, demandé s’il n’avait pas besoin d’un milieu de terrain dans son équipe. Le lendemain, j’ai reçu un téléphone de sa part. Il me convoquait, à Madrid, pour signer un contrat avec la réserve des Colchoneros (réd: il n’a jamais évolué avec la première équipe).»

Du rêve à la réalité

En juillet 2002, David Jimenez (en blanc), alors sous les couleurs du Lausanne-Sports, avait affronté la prestigieuse équipe du FC Barcelone de Van Gaal, lors d’un match de préparation. Les Blaugrana de Xavi (à droite), Riquelme, Cocu, Mendieta, Saviola et Kluivert s’étaient imposés 2-0, à la Pontaise. DR

En juillet 2002, David Jimenez (en blanc), alors sous les couleurs du Lausanne-Sports, avait affronté la prestigieuse équipe du FC Barcelone de Van Gaal, lors d’un match de préparation. Les Blaugrana de Xavi (à droite), Riquelme, Cocu, Mendieta, Saviola et Kluivert s’étaient imposés 2-0, à la Pontaise.

Durant les cinq années passées dans la capitale espagnole, il y côtoiera, entre autre, Gabi, l’actuel capitaine du club madrilène, ainsi qu’un certain Fernando Torres. Si l’expérience s’est avérée salutaire sur le plan personnel et sportif, David Jimenez avoue que tout n’a pas été facile: «Lorsque vous arrivez de Suisse dans un club d’envergure, qui plus est si jeune, tout est déroutant, c’est un grand pas vers l’inconnu. Je suis parti seul, sans mon entourage, alors que, comme toute famille latine, nous étions très liés. Ça a cassé quelque chose en moi. J’ai connu une période de doutes, notamment quant à mon choix. Même si l’Atlético ne voulait pas me laisser partir, j’ai reçu une offre du Lausanne-Sport, le club de mon coeur. J’ai accepté.»

En 2002, de retour dans la capitale vaudoise, au sein d’un LS qui l’a vu grandir, tout ne s’est passé comme David Jimenez l’aurait espéré. Peu après, le club endetté, le président Philippe Guignard et son comité demandent la mise en faillite. Sans équipe, à presque 22 ans, le demi fait, alors, le pari de l’Asie. Une année après son retour au pays, il quitte à nouveau tout et s’engage au sein du Tokyo Verdy, un club de première division du Japon. Un choix qui ne s’est pas avéré payant. Trop cher, puis blessé à un genou, il décide de rentrer au bercail et de poser définitivement ses valises dans le canton de Vaud, au FC Echallens, en 1re ligue, où il passera plusieurs saisons.

Sous les couleurs challensoises, David Jimenez garde, notamment, un excellent souvenir d’un certain 15 septembre 2012, et ce match de Coupe de Suisse face à Zurich (réd: victoire du FCZ 6-0), synonyme de fin de carrière pour Ludovic Magnin, l’enfant du pays. «C’était une journée extraordinaire, s’enthousiasme David Jimenez. Les Trois-Sapins avait fait le plein. On jouait contre une équipe composée que de professionnels, c’était comme une journée de Ligue des Champions pour nous.»

David Jimenez ne cache pas son amour pour la compétition, qu’Yverdon Sport disputera, d’ailleurs, la saison prochaine: «Les trois fois où j’ai joué la Coupe (ndlr: deux fois avec Echallens, une fois avec le LS), nous avons tiré une équipe de Super League. Je voudrais répéter l’histoire avec YS», lance-t-il. Et c’est tout le mal qu’on lui souhaite.

Après une pige d’une année à Azzurri Lausanne et six mois à Vevey-Sports, l’expérimenté milieu de terrain a rejoint les rangs d’Yverdon Sport, lors de la dernière trêve hivernale, convaincu par l’entraîneur Julien Marendaz, qu’il avait déjà côtoyé dans le Gros-de-Vaud: «Je connaissais la grande majorité de l’équipe. Il n’y a eu aucun souci d’intégration.» Quant aux jeunes joueurs qui ont, dernièrement, rejoint les rangs de la première équipe, «Jimmy» prend sa casquette de «papy» très à coeur. «Je souhaite apporter mon expérience aux plus jeunes, les aider au mieux dans leurs débuts», argue-t-il.

A 33 ans, David Jimenez respire la jeunesse et la joie de vivre, et ça se voit sur le terrain, où il apparaît, toujours, aussi concentré qu’enjoué. «Je peux encore apporter beaucoup à mon équipe», confie l’intéressé. Mais, le no 6 en est conscient, il sait que la plus grande partie de sa carrière est derrière lui. Celui qui a signé un contrat jusqu’en juin prochain se verrait bien, encore, jouer au moins deux ans: «Ce serait très gratifiant de terminer mon parcours ici, à Yverdon Sport. En tout cas, je vais tout faire pour cela.»

Simon Gabioud