«Il n’y a aucun dumping de la part du Canton»
5 juin 2014La conseillère d’État Béatrice Métraux a tenu à réagir aux accusations portées, la semaine dernière, par le municipal yverdonnois Jean-Daniel Carrard, suite à la décision de quatre communes de quitter Police nord vaudois.
La semaine dernière, un petit séisme a secoué la région. Quatre des sept communes membres de Police Nord vaudois (PNV), Corcelles- sur-Chavornay, Ependes, Essert-Pittet et Suchy, annonçaient leur volonté de quitter la structure régionale en 2016, en cas de succès de leur procédure de fusion avec Chavornay, la commune ainsi créée confiant alors sa sécurité à la Police cantonale vaudoise, moins chère. Cette décision remet en cause l’unité territoriale, donc les fondements même, de l’organisation. Face à ce risque, le municipal yverdonnois Jean-Daniel Carrard, président du Comité directeur de Police Nord vaudois avait poussé «un coup de gueule», reprochant au Canton de faire du dumping sur les prix, poussant ainsi, à terme, à la création d’une police unique (La Région Nord vaudois du 28 mai 2014). A la suite de ces déclarations, la conseillère d’Etat Béatrice Métraux a souhaité à s’exprimer.
La Région Nord vaudois : Pourquoi avoir tenu à réagir à ce «coup de gueule» de Jean-Daniel Carrard, président de PNV ?
Béatrice Métraux : Tout d’abord, j’aimerais préciser que je m’exprime ici, non pas en tant que cheffe du Département des institutions et de la sécurité (DIS), mais en tant que présidente du Conseil cantonal de sécurité (CCS), où siègent, avec moi, Grégoire Junod, municipal de la Police de Lausanne, Jean- Christophe de Mestral, municipal de police d’Aubonne, représentant les communes qui ont délégué leur sécurité à la Police cantonale, et Jean- Daniel Carrard, représentant les communes qui possèdent une police communale.
Et à ce titre, donc, qu’est ce que vous aimeriez dire ?
Lors de notre première séance du CCS -Monsieur Carrard était présent-, j’ai clairement dit que je respecterai le vote des citoyens vaudois, qui ont rejeté la police unique lors de la votation du 27 septembre 2009. J’ai pris acte de la volonté populaire de conserver des polices municipales, en plus de la Police cantonale.
Les responsables de Police Nord vaudois s’inquiètent néanmoins de voir la Police cantonale proposer des prestations à deux points d’impôts, qui finalement ne coûtent rien aux localités, vu que le système, complexe, prévoit également un transfert, justement de deux points d’impôts, du Canton aux communes pour financer leurs services de sécurité de base. Que pouvez-vous leur répondre ?
En plus de ce donné-rendu de deux points, toutes les communes doivent s’acquitter d’environ 1,6 point d’impôts pour les missions générales de police, comme la police de sûreté dont police secours. Donc il est faux de dire que la Police cantonale ne coûte rien et qu’elle offre les mêmes prestations pour le socle sécuritaire de base aux communes sans corps de police, que celles fournies par les polices communales sur leur propre territoire de compétence. Il n’y a aucun dumping.
Cela reste toujours moins cher de confier sa sécurité à la Police cantonale…
Mais je comprends les inquiétudes. Elles sont légitimes. Lors de la révision de la péréquation financière, un accord a été signé entre les communes et le Canton au sujet de la facture policière.
Mais les responsables des polices régionales sont tous au courant que nous allons la rediscuter –nous nous y sommes déjà attelés–, car le système actuel, même si tout le monde l’a validé au départ, ne satisfait plus personne.
Comment cela ?
Les communes qui ont délégué leur sécurité à la Police cantonale ne veulent plus payer ce supplément d’environ 1,6 point d’impôts, car elles prétendent ne pas voir suffisamment la Police cantonale sur leur territoire. Elles se demandent ce qu’elles ont pour ce prix là. Quant aux communes qui possèdent leur police, elles estiment également payer beaucoup trop pour leur organisation régionale. Je répondrais toutefois à ces dernières, qu’elles disposent d’une densification sécuritaire plus importante que les autres. Elles l’ont choisie et ceci a un coût, forcément.
Vu ce coût important, ne va-t-on pas tendre, de fait, vers une police unique ?
Non, ce n’est pas à l’ordre du jour pour l’instant. Car vu la grandeur du territoire, la Police cantonale, aujourd’hui, ne peut pas toujours offrir partout les mêmes services de prestations, notamment de proximité, que les polices communales. Je tiens à ces dernières, qui jouent un rôle important, au niveau de la prévention entre autres. Les policiers municipaux, ce sont un peu les gendarmes en pèlerine de mon enfance. Je crois surtout maintenant qu’il faut trouver, d’ici à 2016, des solutions au niveau du financement pour éviter qu’à chaque processus de fusion -il y en a plusieurs en cours- l’une ou l’autre des communes quitte une structure de sécurité ou y adhère. Il faut viser l’apaisement et la stabilisation du système !