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Il n’y a eu qu’une seule bulle…
La start-up yverdonnoise 4πR2 a imaginé des sphères, baptisées bulles d’énergie, où les citadins pourraient s’adonner au sport de façon technologique, écologique, économique et sûre. @ DR

Il n’y a eu qu’une seule bulle…

17 décembre 2018
Edition N°2397

L’organe délibérant a accepté à l’unanimité un budget de 250 millions de francs, mais il a mis toute son énergie dans la destruction d’un projet de bulles.

Le diable se cache dans les détails, c’est bien connu. Et il fallait bien qu’un grain de sable agite le Conseil communal d’Yverdon-les-Bains jeudi dernier. Ce n’est pas tant le budget colossal – il dépasse pour la première fois les 250 millions de francs – qui a agité les esprits, et cela malgré les postures des Verts et de l’UDC qui sont déjà en campagne électorale, mais une affaire de bulles (lire La Région Nord vaudois du 8 novembre). Il s’agit d’un projet qui allie innovation, marketing et risque, car la Municipalité souhaite participer financièrement à la création d’une sphère qui n’existe, pour l’heure, que sur papier. Et ce risque, chiffré à 180 000 francs, l’organe délibérant n’a pas voulu le prendre alors qu’il a pourtant, dans un passé récent, avalé des pilules bien plus amères, comme la réfection du Théâtre Benno Besson qui a coûté presque deux millions de francs de plus que prévu.

Une image tronquée

La Municipalité demandait ce crédit d’investissement pour financer le prototype d’une «bulle d’énergie» à buts multiples. Elle permettait à la Ville d’apparaître dans les Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) Lausanne 2020, de soutenir le projet novateur de la start-up 4πR2, domiciliée à Y-Parc, en collaboration avec la Haute Ecole d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud (HEIG-VD), et surtout d’inciter jeunes et moins jeunes à se dépenser physiquement, tout en produisant de l’énergie. Du fitness en bulle en quelque sorte!

Mais plutôt que fédérer, ce projet a divisé les familles politiques. L’UDC, par la voix de son porte-parole Ruben Ramchurn, l’a d’emblée rejeté, considérant que c’était donner un mauvais signe aux collaborateurs de la Ville – qui ont dû consentir à des efforts pour aboutir à un budget 2019 serré –, et que ce n’était pas le rôle de la collectivité de soutenir une start-up.

Les Verts, par la voix de Younes Seghrouchni, ont jugé cet investissement inopportun à un moment où «les voyants sont au rouge», en allusion à l’endettement de la Ville, et alors que quatre places de jeux, désaffectées pour des raisons de sécurité, ne sont pas encore reconstruites. Au Parti socialiste, le projet a aussi divisé, Gildo Dall’Aglio relevant qu’il avait été «largement discuté».

Seul le groupe PLR, par la voix de Maximilien Bernhard, est venu au secours de Jean-Daniel Carrard. Le syndic a eu beau livrer un baroud d’honneur, l’affaire était entendue. Par 38 voix contre 29 et 9 abstentions, l’organe délibérant a finalement rejeté le projet. Et dire que la fameuse bulle aurait, peut-être, fini sur le podium des JO de Paris 2024!