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Ils ne verront plus les orages d’été de la même manière

9 août 2019 | Edition N°2556

Une dizaine de jeunes participent cette semaine au camp «L’orage d’été» organisé par l’Yverdonnois Cédric Oosterhoff. Vadrouillant de skatepark en skatepark, ils n’ont d’yeux que pour leur planche du matin au soir.

Clémence ne l’a pas fait exprès, mais elle vient de rendre dingue la douzaine de skaters qui se trouvent juste devant elle. Clémence, c’est la cuisinière du camp et, visiblement, elle découvre tout juste le milieu du skate. D’ailleurs, sa planche, elle l’a reçue le matin même. L’erreur que la jeune femme a commise, c’est d’attraper son board par la partie métallique qui sépare les roues avant. Cela porte un nom et, au vu de la réaction des spécialistes qui l’entourent, il s’agit d’une immense faute de style. «Tu peux le porter sous le bras, par exemple, mais pas par les roues. Jamais!», lui explique Jeanne Lagger, l’une des responsables de cette semaine qui doit ressembler d’assez près au paradis pour des mordus de la discipline.

Infatigables passionnés

Il est 18h et les jeunes, âgés entre 8 et 14 ans, ont le choix: soit ils quittent le skatepark de Prangins, où ils s’éclatent depuis trois bonnes heures, pour rejoindre celui de Gland, soit la journée prend fin et ils retournent à la cabane du Grand Chêne d’Yverdon-les-Bains, où ils logent durant la semaine. La première option sera choisie sans la moindre opposition, malgré les gros nuages noirs qui menacent le ciel de La Côte. «Hier soir, juste avant d’aller dormir, on a voulu plaisanter en leur proposant de ressortir les planches et d’aller faire un tour au skatepark d’Yverdon-les-Bains. On n’avait pas fini notre phrase qu’ils étaient déjà tous debout prêts à aller chercher leurs affaires. Leur motivation ne cesse de nous surprendre», sourit Jeanne Lagger.

À bas les règles

Il faut dire que les enfants sont bien traités. Durant les trois premiers jours du camp intitulé «L’orage d’été», ils ont pu rider à Cheseaux-sur-Lausanne, Sainte-Croix, Yverdon-les-Bains, Prangins et Gland, ainsi qu’à La Fièvre, le skatepark couvert de Lausanne. Surtout, l’Yverdonnois Cédric Oosterhoff et ses collègues mettent un point d’honneur à accorder un maximum de liberté à leurs poulains. «On a tous connu ces camps dans lesquels on est soumis à un tas de règles. Ici, il n’y en a pas. J’ai l’impression que, dès qu’on choisit de leur imposer quelque chose, les jeunes cherchent à contourner le système, à s’infiltrer dans la première brèche venue. Si on entend du bruit dans les dortoirs à 2h du matin, on va peut-être aller dire quelque chose. Mais sinon, ils sont libres», assure Cédric Oosterhoff.

Une liberté dont les skaters en herbe ne semblent pas abuser. Au contraire, tout le monde n’ayant qu’une seule idée en tête: rouler. Et une fois en piste, l’esprit de groupe se fait instantanément ressentir. D’ailleurs, avant de quitter Prangins, Jeanne Lagger désire à tout prix réussir une figure. Les jeunes se placent alors tout autour de la piste, applaudissent, se prennent la tête dans les bras lorsque la Valaisanne se retrouve à deux doigts d’accomplir son «trick». Et puis, alors que deux enfants entonnent la mélodie de «The Final Countdown», elle y parvient, sous les hourras de la foule.

Atmosphère roadtrip

Toute l’équipe peut alors s’en aller. «Je vais dans le van!» «Moi aussi!» «Moi aussi, sur le siège du milieu!», lancent les jeunes. Les organisateurs, qui répartissent les participants dans leur voiture respective, sourient. «Le van donne une dimension roadtrip au camp. Je crois que les jeunes apprécient.» Objectif accompli pour le voyageur Cédric Oosterhoff. Désormais, le plus dur sera sans doute de renvoyer tout le monde chez lui, vendredi en fin d’après-midi.

Florian Vaney