Santé - Âgés de 91 et 76 ans, deux Yverdonnois confinés chez eux ont lutté trois semaines contre la maladie. Ils sont aujourd’hui tirés d’affaire.
C’est presque un miracle! Janine Vonlanthen et Jean-Paul Rubin, deux Yverdonnois âgés respectivement de 76 et 91 ans, sont passés par des moments extrêmement difficiles, et ce pendant trois semaines. Janine a tenu chaque jour un livre de santé dans lequel elle a noté les événements marquants alors qu’ils luttaient contre le Covid-19. Aujourd’hui, ils vont bien et racontent les étapes qu’ils ont traversées.
Une maladie, divers symptômes
Tout a commencé le dimanche 15 mars, soit la veille des mesures de confinement décidées par le Canton. «Ce jour-là, en fin de journée, j’ai ressenti des frissons et un certain mal-être. Dans la nuit, j’ai eu de la fièvre. Le lendemain, des maux de gorge et de la toux sont apparus. J’ai donc pris rendez-vous pour un test de dépistage», explique-t-elle.
Jean-Paul, son compagnon, se sent, lui, parfaitement en forme. Mais le mercredi, il ressent de violentes douleurs au bas du dos. Pas de fièvre, pas de toux, difficile donc de savoir s’il s’agissait bien de la maladie. Mais le nonagénaire étant une personne à risque en raison d’un diabète et d’hypertension, par précaution, il accompagne son amie pour subir, lui aussi, un test de dépistage. Et la nouvelle tombe deux jours plus tard: tous deux sont contaminés. Durant la nuit qui suit, Janine perd l’odorat et le goût.
En un temps record, les symptômes s’accentuent, bien différents chez chacun d’entre eux. Alors que Janine a de violentes poussées de fièvre, Jean-Paul, de son côté, n’en a jamais eu mais souffre beaucoup du dos. Isolés à domicile, ils sont suivis par deux médecins par téléphone une à deux fois par jour. «Je voyais que mon ami devenait très faible. Il se déplace avec un tintébin, mais malgré cela, il a failli chuter dans le corridor. J’ai réussi, je ne sais pas comment, à l’empêcher de tomber. Vu mon état, c’est un miracle que j’y sois arrivée», assure Janine.
Très vite, l’entraide se met en place dans leur petit immeuble de la rue Saint-Roch (lire encadré). Les voisins leur posent leurs courses derrière la porte, relèvent leur courrier, s’inquiètent par téléphone de leur état de santé.
«Nous ne pouvions pas nous empêcher de nous informer!»
Tous deux prennent jusqu’à trois Dafalgan par jour. C’est, pour eux, le seul médicament qui est efficace, qui calme un peu les terribles douleurs qu’ils ressentent dans tout le corps. Par chance, malgré une toux tenace, aucun des deux ne souffre de problèmes respiratoires. En revanche, de violentes diarrhées les affaiblissent.
«Nous ne voulions absolument pas aller à l’hôpital, car nous entendions à la télévision et à la radio, et lisions dans les journaux que les médecins craignaient d’être contraints de trier les patients selon leur âge en cas de surcharge, explique la septuagénaire. Toutes ces nouvelles étaient terriblement anxiogènes. Malgré tout, nous ne pouvions pas nous empêcher de nous informer!» Inquiète à l’idée qu’en cas de besoin les secours ne puissent accéder à leur domicile, le couple ne ferme plus à clé sa porte.
Dix-sept jours durant, tous deux s’aident mutuellement, avec des hauts, des bas, des moments douloureux et, surtout, une énorme fatigue. Curieusement, du jour au lendemain, les symptômes ont disparu. Le 1er avril, Janine passe sa première journée sans fièvre. Jean-Paul attendra encore une semaine avant que son état de santé ne commence à s’améliorer. «Aujourd’hui encore, trois semaines après les premiers symptômes, nous sommes terriblement fatigués. Nous avons pu bénéficier du suivi d’un ami très cher qui est un homme-médecine, un guérisseur. Je suis convaincu que si nous nous en sommes sortis c’est aussi grâce à lui», souffle Jean-Paul.
Enfin, le 7 avril, Janine et Jean-Paul réalisent qu’ils ont gagné la partie. «Nous n’avons pas fêté ça, car nous sommes encore bien trop faibles. Mais nous avons pu prendre le soleil dans le jardin, en respectant évidemment les consignes de sécurité!»
Une ville unie dans la bataille
Ce qui a le plus frappé Janine, c’est «l’immense solidarité» dont ont fait preuve ses voisins. Elle tient aussi à relever «l’aide formidable et indispensable» apportée par Ville d’Yverdon solidaire. En effet, les services de la Ville ont mis sur pied une structure d’aide aux personnes âgées de plus de 65 ans ou vulnérables, confinées chez elles. Ce dispositif est animé par les collaborateurs de l’administration, mis au chômage technique par la pandémie. Il vise à assurer la livraison de produits de première nécessité dans un délai de 24 heures en principe. La ligne téléphonique 024 423 68 00 répond du lundi au vendredi de 8h à 12h. La commande passée, une équipe se charge d’acheter et de livrer le tout. «Nous sommes extrêmement reconnaissants à la Commune, et à tous nos voisins et amis, sans qui nous n’aurions pas pu traverser ces semaines épouvantables», souligne-t-elle Et si le couple a choisi de partager son vécu, c’est pour que de bonnes nouvelles paraissent dans le journal. Car oui, on peut guérir du coronavirus même à un âge avancé.