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Ils vont redonner vie à l’ancien abattoir de Mutrux
François Fardel, Pascal Fardel, Armelle Fardel et Ludovic Mercier: à Mutrux, le self (entre autres) est une affaire de famille.

Ils vont redonner vie à l’ancien abattoir de Mutrux

22 janvier 2021

Attention, famille hyperactive! En plus de leurs multiples activités, les Fardel vont exploiter un nouvel abattoir très pratique pour les agriculteurs de la région. Ludovic Mercier s’en occupera au quotidien.

François Fardel est ce qu’on peut appeler un hyperactif, qui a constamment besoin d’avoir des projets devant lui pour avancer. Pas question d’attendre les bras croisés que la vie se passe, le citoyen de Mutrux est plutôt du genre à anticiper, à oser. Comme il le dit lui-même, avec son joli sens de la formule: «On ne se plaint pas, on se diversifie.» Manière élégante de dire qu’un paysan qui n’avance pas est un paysan qui recule.

Alors, quand son beau-frère Ludovic Mercier, boucher renommé et plusieurs fois récompensé pour la qualité de ses produits, lui a dit que ce serait une bonne idée de faire revivre les anciens abattoirs du village, l’agriculteur aux multiples talents a dit oui. «Bon, Ludo, on le connaît bien, il faut le canaliser un peu parfois. Il a mille idées à la minute, pas toutes réalisables. Mais celle-là me plaisait bien», explique François Fardel, par ailleurs municipal au village, agriculteur, producteur de lait pour le Gruyère (la famille s’occupe de 119 bêtes, dont 50 laitières), spécialiste en mécanique agricole, actif dans le chauffage à distance et exploitant de deux alpages dans la région du Creux-du-Van. «Et quand il neige, on déblaie les routes», précise-t-il dans un sourire, quand on lui demande s’il a quand même un peu de temps libre au milieu de tout ça.

Bref, François Fardel est un homme bien occupé, qui aime travailler en famille, notamment avec son frère Pascal, qui gère une grande partie de la ferme, et son épouse Armelle, qui s’occupe principalement de la partie comptabilité et exerce la noble fonction de boursière communale. On l’a compris, la famille Fardel est difficilement contournable à Mutrux, d’autant qu’elle gère le seul magasin du village, un self qui ne vend que des produits de la région et qui fait le bonheur des habitants du coin. Ouvert depuis février 2020, soit juste avant la pandémie, le petit magasin répond à un vrai besoin et Mutrux ne peut déjà plus s’en passer. «On n’a fait aucune publicité et c’est tout le temps occupé», sourit Armelle Fardel.

De plus, les bovins de la famille sont quasiment intégralement nourris avec ce qui est produit sur l’exploitation, un lieu tellement agréable que des bénévoles viennent régulièrement y donner un coup de main. «Oui, ils sont admirables, c’est très bien de pouvoir compter sur eux. Ce sont des gens qui ont un travail à côté et qui viennent s’aérer la tête en nous aidant dans les tâches du quotidien», explique François Fardel. Tradition paysanne oblige, les «bons types» sont récompensés par un solide repas de midi préparé par la génération d’avant, tout heureuse d’apporter des calories et des forces aux «actifs».

Et les abattoirs dans tout ça? L’idée vient donc de Ludovic Mercier et elle devrait être concrétisée avant le début de la saison de la chasse. Mais attention: si le boucher devra être atteignable 24h sur 24 et 7 jours sur 7, aucune mise à mort ne sera pratiquée sur le site, au centre du village. «Ce sera un local de traitement pour entreposer les dépouilles. L’abattage se fera à la ferme ou dans les alpages», explique Ludovic Mercier. Le nouvel abattoir n’est en effet prévu que pour les bêtes blessées et la chasse.

«J’estime à environ dix cas par année les accidents que nous aurons à traiter. Pour ce qui est de la chasse, je pense qu’au total on sera à 140 bêtes, majoritairement des sangliers.» L’avantage du site de Mutrux: il se trouve à proximité de Neuchâtel, mais aussi des alpages et des forêts. Aller à Orbe prend parfois bien plus de temps et la nouvelle activité de la famille Fardel répondra à une vraie demande.

 

Stéphane Silvani: «Tout ce qui peut amener du dynamisme est bienvenu»

 

 

Le syndic de Mutrux voit d’un très bon œil le dynamisme de la famille Fardel et principalement celui amené par le beau-frère, Ludovic Mercier. «Concernant ces nouveaux abattoirs, rien n’aurait pu se faire sans son énergie. L’étincelle est venue de lui et je pense que c’est une excellente initiative que celle de redonner vie à ce bâtiment communal», estime Stéphane Silvani, heureux de voir que Mutrux bouge.

«Tout ce qui peut amener du dynamisme et nous faire rayonner est bienvenu. Concrètement, ces nouveaux abattoirs ne vont pas être utiles aux habitants du village à proprement parler, mais ils seront très intéressants pour les agriculteurs de la région, qui n’auront plus besoin d’aller jusqu’à Orbe pour amener leur animal. On espère pouvoir mettre le bâtiment à disposition de l’exploitant avant la saison de la chasse, en septembre.»

L’exploitant, qui sera donc la famille Fardel. «Oui, c’est logique. On a trouvé judicieux de leur demander de s’en occuper, vu qu’ils ont toutes les compétences nécessaires», enchaîne le syndic.

Les Services vétérinaires du canton ont donné leur accord, sous réserve du respect de leurs normes très strictes, sachant qu’aucune mise à mort ne sera effectuée sur site.

 

Successeur de François Marmier au Marché d’Yverdon

 

François Marmier, l’emblématique boucher (et syndic) de Chavannes-le-Chêne a trouvé son successeur au Marché d’Yverdon en la personne de Ludovic Mercier. Les mardis et samedis, une caravane refaite à neuf vend les produits élaborés à Mutrux directement au consommateur, à la promenade Auguste-Fallet. «C’était une étape logique, cela aurait été bête de ne pas en profiter», explique le boucher. «Nous sommes vraiment une équipe complémentaire dans la famille et comme on a beaucoup d’énergie, on ne fait pas qu’avoir des projets, on les concrétise», explique Ludovic Mercier, qui a quitté en 2019 sa boucherie du centre-ville d’Yverdon, pour mieux rebondir à Mutrux, en famille.

 

Cinq candidats à la Muni, dont deux sortants

 

Le syndic Stéphane Silvani (qui espère une troisième législature) et la municipale Anne Maradan (en poste depuis plus d’une législature) ont décidé de se représenter. Mutrux compte cinq sièges à pourvoir et, bonne nouvelle, un nombre suffisant de candidats se sont annoncés pour les élections du 7 mars. Thierry Guisolan, Jason Oswald et Ghyslaine De Blaireville sont les trois nouveaux prétendants d’une commune d’un peu plus de 150 habitants.

Rédaction