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Initiative verte pas du goût des autorités

19 mai 2017 | Edition N°2000

Yverdon-les-Bains – L’association Les Incroyables Comestibles a porté, devant la Municipalité, un projet qui avait pour but d’installer des potagers urbains, à disposition de tous, au cœur de la Cité thermale. L’Exécutif n’y a pas donné suite.

La présidente Marie-Charlotte Stark (au centre, en bas), entourée d’une partie des membres de l’association Les Incroyables Comestibles. ©Carole Alkabes

La présidente Marie-Charlotte Stark (au centre, en bas), entourée d’une partie des membres de l’association Les Incroyables Comestibles.

Toits et façades végétalisés, potagers urbains ou friches industrielles, l’agriculture urbaine gagne les villes de Suisse romande. De Lausanne à Neuchâtel, en passant par Morges et La Chaux-de-Fonds, les initiatives citoyennes fleurissent. A Yverdon-les-Bains, les citadins désireux de s’approprier un lopin de terre pour cultiver fruits et légumes ne manquent pas. Ils sont une vingtaine de jardiniers en herbe à s’être regroupés sous l’égide de l’association Les Incroyables Comestibles, un mouvement citoyen qui souhaite essaimer les potagers urbains. Mais ces velléités d’un retour à la terre ne sont pas du goût des autorités, puisque la Municipalité a récemment rejeté une initiative déposée en ce sens.

«Je trouve la décision regrettable, déplore Marie-Charlotte Stark, présidente de l’association. Partout, de telles initiatives sont accueillies à bras ouverts. Avec cette décision, Yverdon-les-Bains avance à contre-courant.» Dans le dossier déposé figurait le projet d’installer et de cultiver une dizaine de bacs en bois remplis de terre. Disséminés dans des lieux stratégiques de la ville, les plantages avaient pour but de servir de garde-manger en libre service pour les locavores. Une manière, aussi, pour les habitants à la main verte de venir librement cultiver et arroser ces jardins de poche.

Du côté de la Municipalité, on n’a pas souhaité donner suite au projet. Les trois mises à jour et améliorations apportées au dossier par l’association n’y ont rien changé. «Nous recevons de multiples initiatives de ce type. Nous devons opérer des choix et ne donner notre accord qu’à un certain nombre d’entre elles», explique le syndic Jean-Daniel Carrard.

Derrière les justifications d’usage, le chef de l’Exécutif yverdonnois avance plusieurs arguments. Des réserves quant aux emplacements prévus, à l’intégration paysagère et aux risques élevés de vandalisme sont notamment avancées. «Pour que la nature fasse son effet, je suis d’avis qu’il faille la laisser tranquille. Cultiver au coin de la rue des tomates sur des surfaces aussi petites n’a pas trouvé écho au sein de la Municipalité», se justifie encore Jean-Daniel Carrard.

 

Convivialité et solidarité

 

Des jardins de poche de ce type auraient pu fleurir sur la voie publique. ©DR

Des jardins de poche de ce type auraient pu fleurir sur la voie publique.

L’association fustige la décision des autorités. Car, derrière le passe-temps de remuer la terre, se cache une démarche participative citoyenne, où les objectifs vont bien au-delà de manier la bêche.

«Cultiver des plantages est surtout l’occasion de créer un moment d’échange et de partage avec son voisin, dans un esprit de convivialité», plaide Marie-Charlotte Stark.

L’association ne s’est pas laissée démoralisée par le verdict tombé il y a peu et ira tout de même au bout de son idée. Exit l’appropriation de l’espace public, Les Incroyables Comestibles font désormais un appel du pied aux privés. «Nous sommes à la recherche de personnes qui possèdent un lopin de terre accessible par la voie publique et qui accepteraient de le mettre à disposition d’autres jardiniers», glisse la Nord-Vaudoise.

L’association se laisse encore quelques semaines avant de voir si l’idée germera dans la tête des jardiniers de la ville.

 

Commentaire

 

Lausanne en a fait sa vitrine. Nyon lui a emboîté le pas. Plus récemment, Morges et Vevey n’y ont pas échappé. Une déferlante verte gagne les villes du canton. Toutes ? Non, car une cité peuplée d’irréductibles Nord-Vaudois, où sévit un Exécutif peu enclin à soutenir les démarches citoyennes écologiques, résiste encore et toujours à l’envahisseur.

Entre béton et bitume, des associations germent et les initiatives fleurissent. Porteuses de convivialité, de solidarité et de durabilité, elles ont tout pour séduire. Ailleurs, la magie opère et les plantages sont nombreux à voir le jour. A Yverdon-les-Bains, rien n’y fait. La Municipalité fait la politique de l’autruche. Ce week-end, a lieu la Fête de la nature. Les autorités seraient bien inspirées de sortir la tête de terre et de découvrir les trésors qu’elle recèle.

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Simon Gabioud