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Interdite de baignade scolaire à Yverdon

17 décembre 2013

Une écolière de 9 ans s’est vu refuser l’entrée dans le bassin de la piscine couverte car elle portait un burkini. Des faits dénoncés par l’Établissement Pestalozzi.

C’est à la piscine couverte d’Yverdon-les-Bains que la fillette s’est vu refuser la baignade, lors d’un cours scolaire de natation.

C’est à la piscine couverte d’Yverdon-les-Bains que la fillette s’est vu refuser la baignade, lors d’un cours scolaire de natation.

L’histoire remonte au mardi, 10 décembre dernier. Dans le cadre des cours de natation obligatoires, donnés aux écoliers de tous les établissements primaires du Nord vaudois, une fillette de 9 ans a été interdite de baignade, au grand dam de ses professeurs et camarades présents sur place.

«Au cours de l’année scolaire, les élèves ont une période de cours de natation par semaine, pendant 12 semaines, explique Françoise Meier, directrice de l’Etablissement primaire Pestalozzi. Un certain nombre d’élèves, de confession musulmane et âgées entre 10 et 14 ans, ont le souhait d’aller à la piscine en burkini (ndlr : mot-valise désignant un vêtement de bain, intégral ou semi-intégral, destiné aux femmes musulmanes). Toutefois, le règlement de la piscine couverte d’Yverdon-les-Bains l’interdit, ce qui va à l’encontre de la politique d’intégration que nous menons à l’école.»

Instauré en 2009, celui-ci stipule, de manière assez vague, qu’il est prohibé «de porter des vêtements spéciaux, longs ou courts, marquant une différence culturelle ou religieuse à l’intérieur et au bord des bassins». Un article dont n’avaient pas connaissance les professeurs de la fillette.

«Le responsable de la surveillance du bassin lui a donc prié de retourner se changer, en laissant ses camarades démarrer la leçon», poursuit la directrice de Pestalozzi. Néanmoins, la malheureuse n’est pas autorisée à revenir sur le bord du bassin, car le règlement indique également qu’il est interdit de pénétrer dans les installations en tenue de ville. S’en suit donc, pour les professeurs, un dilemme lié à la surveillance de l’élève. «Ceux-ci ont très bien réagi et finalement obtenu du surveillant que cette dernière, douchée et habillée, puisse observer ses camarades depuis le bord», indique madame Meier.

«Incohérence politique»

Une affaire qui laisse transparaître une certaine contradiction entre la politique scolaire et celle de la Municipalité (voir encadré), reflétée par le règlement de la piscine, selon la directrice. Et qui a conduit cette dernière à interpeller le municipale chargé des sports, Jean-Daniel Carrard, dans le but de trouver une alternative.

«Pour la Municipalité, cette interdiction est liée à une question d’hygiène, rappelle Françoise Meier. Or, les professeurs qui donnent les cours de natation sont autorisés à porter des combinaisons complètes ou semi-complètes, car ils restent parfois six heures dans l’eau. On peut donc imaginer que, dans un cadre scolaire, des exceptions soient également consenties pour les fillettes désirant suivre les cours de natation en burkini.» Une démarche qui se veut intégrative. «Pour exemple, lors du concert de Noël organisé par l’école, pratiquement tous les élèves ont participé, indépendamment de leur confession religieuse. Et lorsque l’on entre à la piscine, celle-ci fait sortir du lot quelques individus. Ceci est une incohérence. On joue avec l’intégration de ces personnes» , insiste-t-elle.

Une interprétation du règlement qui va certainement ouvrir le débat politique sur un sujet sensible. Hygiène ou problèmes de différences culturelles, les raisons de cette interdiction méritent donc d’être éclaircies.

 

«Nous dialoguons déjà avec les écoles»

Contacté par La Région, le municipal des sports, Jean-Daniel Carrard, réagit au sujet de cette affaire : «Il s’agit d’un problème beaucoup plus large que notre piscine d’Yverdon-les-Bains. La véritable question est de savoir comment faire pour que ces jeunes musulmanes puissent se baigner dans le respect de leurs coutumes, tout en suivant celles qui régissent notre vie en société. Cette interdiction a été mise en place pour des raisons d’hygiène, mais il existe quelques exceptions, notamment pour les professeurs et lors de compétitions sportives. Tous les règlements sont susceptibles d’être changés. Ainsi, nous dialoguons déjà avec les écoles afin de trouver des alternatives. On pourrait, par exemple, imaginer l’autorisation de combinaisons de natation semi-intégrales.»

Benjamin Fernandez