Lausanne – Le père incestueux, qui a abusé de plusieurs de ses huit enfants, a comparu hier devant le Tribunal cantonal. La Cour a rejeté l’appel de cet ex-Yverdonnois et confirmé les 18 ans de prison infligés en première instance.
Les cheveux courts, une chemise en jeans bleue sur le dos: le père incestueux accusé d’avoir abusé de plusieurs de ses huit enfants semblait méconnaissable, hier devant le Tribunal cantonal à Lausanne. En mars dernier, c’est un homme barbu et hirsute qui avait comparu devant le Tribunal de l’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois.
Contrairement à ce qu’il avait affirmé en première instance, cet ancien Yverdonnois a reconnu les actes qui lui sont reprochés en déclarant à la présidente du Tribunal cantonal: «J’admets les faits car j’en ai marre.» Avant d’ajouter: «Que je dise la vérité ou non, ça ne change rien, on ne me croit pas.»
Le prévenu a toutefois contesté certaines accusations, dont un viol sur sa deuxième fille qui se serait déroulé il y a deux ans dans une chambre d’hôtel à Moudon. «Elle raconte beaucoup de choses, mais je ne sais pas pourquoi elle fait ça, a-t-il lancé. Est-ce pour de l’argent?»
Ses avocats ont également mis en doute les actes de maltraitance que leur client aurait fait subir à sa famille et l’idée selon laquelle il aurait refusé de coopérer avec le Service de protection de la jeunesse. «Avec mon épouse, nous collaborions précisément avec eux, parce que nous avions peur qu’on nous enlève nos enfants», a-t-il déclaré, assurant que les huit frères et sœurs se lavaient tous les jours lorsqu’ils vivaient sous son toit. Plusieurs rapports d’expertise versés au dossier dénoncent les conditions d’hygiène et la crasse dans laquelle vivait la fratrie, couverte de poux et de gale.
«Pardon»
«Je les remercie d’avoir eu le courage de m’attaquer en justice», a ensuite déclaré le quadragénaire à l’adresse de ses enfants, tout en leur demandant «pardon». Il a toutefois refusé de préciser la nature de ce pardon, tout comme il n’a pas voulu s’excuser face à sa fille aînée, pourtant présente lors de l’audience d’hier.
Invoquant la présomption d’innocence, la défense a argué que la peine de 18 ans de prison infligée en première instance était trop lourde et plaidé pour une réduction de celle-ci. La Cour a estimé, pour sa part, qu’il n’existait aucun doute sérieux sur les faits qui se seraient déroulés à Moudon et confirmé le verdict rendu en mars à Yverdon-les-Bains.
«L’enjeu, c’était la peine», a commenté avec satisfaction Christian Maire, procureur chargé de l’affaire, à l’issue de l’audience. C’est avant tout une reconnaissance des souffrances qu’ont vécues ces enfants durant ces années.» Quant à Xavier Rubli, avocat des victimes mineures, il s’est déclaré soulagé: «J’espère qu’ils vont désormais pouvoir se reconstruire.»
La défense a annoncé qu’elle se réservait le droit de faire recours devant le Tribunal fédéral: «Je reste encore dubitatif, mais je vais lire attentivement le jugement motivé et je prendrai une décision en conséquence», a affirmé Me Loïc Parein.