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«J’ai fait office de paratonnerre»
Jean-François Golaz. © Michel Duperrex

«J’ai fait office de paratonnerre»

15 avril 2021

Ancien président et directeur du Camping Club d’Yverdon, Jean-François Golaz a quitté ses fonctions l’année passée après des mois de tension avec certains membres du club. Il revient sur sa gestion et assure avoir toujours agi dans le but de redresser l’association.

Les accusations à l’encontre de Jean-François Golaz sont dures. Elles ont d’ailleurs profondément touché l’ancien président et directeur du Camping Club d’Yverdon (CCY), une association qui gère trois campings dans le Nord vaudois. «J’ai complètement quitté le CCY et aujourd’hui je revis», confie-t-il.

Gestion autoritaire, comptes opaques, trahison envers les résidents: lorsque nous avions rencontré les membres du club l’été dernier, les critiques pleuvaient à l’encontre de Jean-François Golaz. Aujourd’hui, alors que les campings du Pécos à Grandson et du VD8 à Cheseau-Noréaz viennent d’ouvrir, l’ancien président a voulu donner sa version des faits et défendre son bilan à la tête du CCY.

Et dire que rien ne le prédestinait à vivre cette expérience conflictuelle. Il l’assure, c’est un peu par hasard qu’il entre dans le comité du CCY. «J’étais simplement résident au camping des Cluds lorsqu’Alain Blanc est devenu directeur du club, en 2017. De par mon expérience professionnelle (ndlr: il a notamment été directeur de l’hôpital de la Vallée de Joux), il m’a demandé de donner un coup de main. C’est pour ça que je suis devenu président.»

Seulement voilà… les problèmes des différents campings sont nombreux et la situation financière devient de plus en plus délicate. En août 2019, Alain Blanc n’est plus directeur du CCY. «Il a fallu trouver un remplaçant. Personne n’a voulu endosser ce rôle, alors je l’ai fait», indique Jean-François Golaz. Il a désormais une mission, redresser le club, dont la dette dépasse le million de francs. Et il assure, lors de l’assemblée générale d’avril 2019, qu’il n’ira pas plus loin que la séance de novembre 2020.

Les soucis ne sont pas que financiers. «J’ai hérité de toutes les casseroles, tant en termes de conformité des sites avec la loi que de gestion des ressources humaines.» Face à cette situation, il décide de prendre la main de façon ferme. «J’assume le fait d’avoir eu une gestion très directive. Mais il le fallait à ce moment-là. Mon profil professionnel a fait que j’ai géré le CCY comme une entreprise et pas comme une association. Par contre je ne peux pas accepter que l’on dise que les comptes étaient opaques. Une commission de vérification des comptes et une fiduciaire les ont validés chaque année depuis 2017.»

Mais cette gestion ne plaît pas à tout le monde et le style blesse de nombreux campeurs. Comme lorsque Jean-François Golaz contacte directement un cadre de la Direction générale de la mobilité et des routes (DGMR) pour l’inviter à se rendre sur le site de Grandson. C’est suite à cette inspection que les autorités de la Cité d’Othon ont demandé la remise en conformité de nombreuses installations. Un acte vécu comme une trahison par les campeurs grandsonnois. «J’ai simplement demandé des conseils à cette personne, afin que le camping respecte les règles. Et bien sûr, après qu’il a transmis ses constatations à la Commune, celle-ci a voulu changer ce qui contrevenait à la loi.» Pour l’ancien chef du CCY, c’est justement sa volonté de remettre les campings dans les normes qui a provoqué le mécontentement des membres du club. «J’ai fait office de paratonnerre», estime-t-il.

Sans le soutien d’une partie des campeurs, Jean-François Golaz renonçait à renouveler son mandat à la fin de l’année. Une assemblée générale extraordinaire est alors demandée par les membres dont l’objectif est clair: changer de comité et tourner la page Jean-François Golaz. Une demande à laquelle l’ancien président accède en proposant M. Waldispuehl comme nouveau président. Après avoir été repoussée à plusieurs reprises («avec le Covid, il était impossible de nous réunir au début de l’été»), l’assemblée se tient en septembre 2020.

C’est donc à cette date que l’aventure de Jean-François Golaz au sein du CCY s’est terminée. Non sans amertume: «Je suis déçu. Après avoir travaillé à plus de 100%, avec tous les efforts que l’équipe administrative a faits, voir ce qui a été publié ensuite… j’ai trouvé ça pas sympa. On s’est vraiment tués pour ce boulot.»

 

«J’ai laissé le CCY en meilleure santé financière»

 

S’il n’a désormais plus aucun lien avec le Camping Club d’Yverdon, Jean-François Golaz assure souhaiter que l’association vive encore longtemps. Mais il demeure sceptique face aux changements apportés par la nouvelle équipe. «Lorsque je suis arrivé, nous avons professionnalisé le camping. Avec 2,5 postes, nous étions toujours sur le pont. Au final, le poste que j’ai occupé a permis au CCY d’économiser de l’argent, puisque nous travaillions sans compter. Avec la gestion bénévole qui est mise en place, on revient à l’ancien mode de fonctionnement qui a amené le club à une menace de dépôt de bilan en 2019.»

Pour l’ancien président et directeur, le remboursement de la dette d’ici 2023 aurait permis à l’association de devenir une société anonyme, au moins pour le VD8. «En passant à une SA, on aurait pu dire aux sociétaires qu’ils devenaient actionnaires et créer un capital-actions comme garantie bancaire. Lorsque je suis arrivé, l’association était au bord du dépôt de bilan. Les mesures que j’ai prises ont permis de redresser la barre. Sans ça, aujourd’hui le CCY n’existerait plus. A la place, j’ai laissé une association en meilleure santé financière, mais qui aurait dû poursuivre son projet d’assainissement de la dette.»

 

Son passage au Camping Club Yverdon en dates

 

2014: devient résident d’une caravanne au camping des Cluds, à Bullet.

Avril 2017: sur demande d’Alain Blanc, qui devient directeur de l’association, il prend le rôle de président du CCY.

Avril 2019: Alain Blanc ayant quitté son poste, il devient directeur du CCY, tout en restant président.

Septembre 2020: après des désaccords avec les membres du club, le comité est renouvelé lors d’une assemblée extraordinaire. Marc Waldispuehl prend la place de président.

 

Les trois campings du CCY

 

Le VD8, Cheseaux-Noréaz – 622 places

Le mastodonte de l’association, celui qui lui permet de tenir financièrement. Très prisé des touristes alémaniques, le site se transforme en véritable village l’été venu et accueille près de 3000 personnes certains dimanches.

Le Pécos, Grandson – 159 places

Le camping qui veut changer. Avec sa volonté de s’ouvrir plus aux touristes de passage, en caravane comme à vélo, celui que l’on appelle aussi le VD 24 pourrait bien présenter un nouveau visage ces prochaines années. Surtout qu’un projet d’épicerie est à l’enquête.

Les Cluds, Bullet – 100 places

Le plus petit des trois campings. Le seul à être ouvert toute l’année et le seul à ne pas se trouver au bord du lac. A 1200 mètres d’altitude, le VD 28 fait la part belle aux sports de nature.

Massimo Greco