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«J’ai mis en place des garde-fous»

29 octobre 2018
Edition N°2362

Yverdon-les-Bains – A l’occasion de la Journée des proches aidants de demain, un Nord-Vaudois, qui s’occupe depuis plusieurs années de sa maman, a accepté de témoigner.

«Je ne suis pas du tout le fils qui s’occupe de sa mère au quotidien.» Pendant plusieurs années, Philippe*, un quinquagénaire yverdonnois, n’avait pas conscience qu’il était un proche aidant. C’est grâce à Marylène Cholly, responsable de référence pour les proches aidants à l’Association pour la santé, la prévention et le maintien à domicile du Nord vaudois (Aspmad), qu’il a pu mettre des mots sur ce qu’il vivait.

«Par souci de loyauté, il est parfois difficile pour un proche aidant de se reconnaître en tant que tel, explique Marylène Cholly. Certains ne mesurent pas que le soutien psychologique est tout aussi important qu’une aide concrète comme, par exemple, faire les courses ou le ménage. C’est souvent au moment de l’évaluation de la situation, que les proches aidants se rendent compte qu’ils se sont oubliés.»

C’est d’ailleurs le cas de Philippe, qui ne se considérait pas comme tel dans la mesure où, selon lui, il ne partageait pas un lieu de vie commun avec sa mère, Yvette*.

Savoir poser des limites

Avec le soutien de ses deux filles et du centre médico-social (CMS), l’Yverdonnois a décidé de consacrer du temps à sa mère une fois par semaine. «Pendant longtemps, je me  suis rendu à son domicile à sa demande, je l’aidais à faire ses courses et j’essayais de la stimuler intellectuellement, poursuit Philippe. Au fil du temps, sa solitude et son besoin d’affection sont devenus étouffants pour moi. Je me suis rendu compte que tout cela m’épuisait et que c’était un cercle de plus en plus vicieux. J’ai mis en place des garde-fous pour me protéger.» En instaurant un canevas d’horaire, il a le sentiment qu’Yvette se réjouit de ses visites.

«La relation que j’entretiens avec Yvette a toujours été compliquée et j’ai voulu me protéger d’une certaine tyrannie de sa part qui me faisait culpabiliser de ne jamais en faire assez, confie-t-il. Mais par la force des choses, tout s’est précipité.» En effet, c’est à la suite d’un accident de vélo, en mai dernier, que la santé de la septuagénaire s’est dégradée. Hospitalisée depuis trois semaines, elle est désormais prise en charge par le personnel soignant 24h/24. «Au fond de moi, je sais que le ressort est cassé et que je dois faire le deuil d’une mère indépendante, glisse-t-il. Elle va être placée dans un établissement médico-social pour un court séjour, mais je ne sais pas pour combien de temps et peut-être que je devrai de nouveau reprendre mon rôle de proche aidant plus activement. Et ça, ce n’est pas du tout rassurant pour moi.» 

S’il trouve que, dans notre société de plus en plus vieillissante, il est important de maintenir des relations intergénérationnelles, Philippe estime toutefois que «ce job mériterait plus de reconnaissance». Et de conclure: «C’est quand même grâce aux proches aidants que le système social n’éclate. Et c’est aussi pour ça que la journée qui leur est dédiée a du sens pour moi.»

Prénoms d’emprunt

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Programme

A l’occasion de la Journée des proches aidants, plusieurs moments de partage et d’écoute sont organisés par l’Aspmad et le Réseau Santé Nord Broye dans la région:

– ce soir, de 18h30 à 20h30, au centre sportif à la rue du Stand 9 à Sainte-Croix;

– demain, de 16h30 à 19h, à la salle polyvalente à l’avenue des Cerisiers 3 à Yvonand;

– mercredi, de 18h30 à 20h30, aux EHNV à la rue d’Entremonts 11 à Yverdon-les-Bains.

«Lors de ces soirées, beaucoup de personnes se confient et ont besoin d’être entendues», explique Myriam Pavid, responsable communication de l’Aspmad qui souligne «le rôle précieux et indispensable», des bénévoles qui œuvrent en parallèle au système de santé.

Plus d’informations sur: www.journee.proches-aidants.ch