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«J’ai toujours détesté courir»
Sacha Rhoner lors de la course finale du Marathon sans fin. Les participants de l’émission auraient dû prendre part au mythique Marathon de New York, mais l’édition 2020 ayant été annulée en raison du Covid, ils ont parcouru les 42,195 km autour d’Avenches. ©DR

«J’ai toujours détesté courir»

16 septembre 2021 | Edition N°3041

Course à pied – Sacha Rhoner, participant de l’émission Le Marathon sans fin, est le parrain de l’Yverdon-Chasseron 2021. Un rôle qui lui tient à cœur, puisque les bénéfices sont versés à la Société suisse de la sclérose en plaques. Une maladie dont est atteint le Valaisan.

Sacha Rhoner, quand les organisateurs vous ont proposé d’être le parrain de l’Yverdon-Chasseron 2021, avez-vous tout de suite accepté?
J’ai pris vingt secondes pour me demander si j’avais quelque chose de prévu le 26 septembre et si oui, si c’était quelque chose que je pouvais annuler. C’est une grande fierté qu’ils aient pensé à moi, et de pouvoir profiter de la petite notoriété que j’ai en ce moment pour faire connaître la sclérose en plaques (SEP).

Êtes-vous déjà monté au Chasseron?
Non, mais j’ai déjà tourné autour. Et j’ai vu le dénivelé (ndlr: 1100 m pour 20,5 km de course), donc je sais à quoi m’attendre.

Au moment de débuter le tournage du Marathon sans fin (diffusé sur la RTS), cela faisait-il vraiment vingt ans que vous n’aviez pas couru?
Oui. J’ai toujours détesté ça. Même dans le cadre de l’armée, je trouvais débile de faire courir les recrues, par exemple pour le test des douze minutes. J’aimais pratiquer des sports tels que la marche, la grimpe et le ski, mais pour moi, c’était impensable d’accélérer le rythme.

Mais alors, qu’est-ce qui vous a poussé à vous inscrire au Marathon sans fin?
Quand j’ai appris que j’étais atteint de la SEP, en décembre 2019, après une année d’analyses, j’ai pensé «cette fois, je suis officiellement malade». Je me suis alors mis à dire oui à tout ce qui se présentait, à acheter des trucs en ligne dont je n’avais pas besoin. Un jour, j’ai vu passer l’inscription pour l’émission, et j’ai décidé de faire une vidéo de présentation à l’arrache, sur un parking. Tellement à l’arrache, d’ailleurs, que j’ai oublié de remplir le questionnaire avec des infos essentielles, du genre comment me contacter.

Et pourtant, à force de persévérance, les gens en charge de l’émission ont réussi à vous joindre…
On m’a alors proposé de passer un casting sur Genève. Comme je devais de toute façon y aller pour des raisons professionnelles, j’ai décidé de me présenter, en pensant que j’avais peu de chances. Et quand j’ai su que j’étais pris, je me suis dit «pour une fois que je gagne quelque chose, il va falloir que je coure» (rires). Je n’étais pas très motivé, mais je savais que je devais le faire.

Et au final, vous avez continué à courir une fois l’émission terminée.
Oui, je m’entraîne deux-trois fois par semaine, et il m’arrive de courir les 16 km qui séparent ma maison de mon lieu de travail. Je participe de temps en temps à des courses, et je me suis mis au trail. Je pense me diriger vers des manifestations qui sortent de l’ordinaire, car il y a peu de malades et d’associations qui y sont présents.

 

«Au début, on est tout content, car on gagne en mobilité, en qualité de vie. Puis on se rend compte de ce qu’on a à perdre.» 

 

Un exemple?
J’envisage de prendre le départ du Marathon des Sables en 2022 ou en 2023, et de l’Arctic Marathon en 2024. Et avant cela, celui-de New York, avec Eric (ndlr: autre participant du Marathon sans fin), en novembre. Mais il se pourrait que ce soit repoussé d’une année à cause des restrictions pour entrer aux États-Unis.

Certains spécialistes mettent en avant les bienfaits du sport pour les personnes atteintes de la SEP. Avez-vous remarqué un bénéfice avec la course à pied?
Les médecins m’avaient dit que le mouvement de façon générale aurait un effet positif. Je ne l’ai pas constaté tout de suite, mais aujourd’hui, je dirais que c’est plutôt le fait de revivre par le sport qui est bénéfique. Par exemple, comme je me lève tôt pour aller m’entraîner, je vais au lit plus tôt.

Votre regard sur les coureurs a-t-il changé?
Les gens qui courent au bord de la route, qui avant m’énervaient, sont devenus des personnes que je salue quand je les croise. Je trouve qu’il y a beaucoup de bienveillance, je n’ai jamais reçu la moindre critique alors même que j’étais en surpoids.

La SEP a-t-elle ajouté des contraintes à votre préparation pour le marathon?
Pas du tout. Si ce n’est la peur des organisateurs et des producteurs qu’à un moment donné, je ne puisse plus marcher. Je pars du principe que la maladie s’est déclenchée après un gros stress chez moi.

Qu’est-ce qui vous fait dire ça?
J’étais proche du burn-out à ce moment-là. Quand le diagnostic est tombé, j’ai changé de rythme de vie. Et j’ai fait en sorte que ce défi ne devienne pas un gros stress pour moi. D’ailleurs, je n’ai pas eu de poussée depuis celle de 2019. Je ne sais pas si c’est dû à la course ou pas. Mais je peux dire qu’il y a eu un palier après le marathon. J’ai senti que ma condition physique et mes capacités respiratoires s’étaient améliorées. Au début, on est tout content, car on gagne en mobilité, en qualité de vie. Puis on se rend compte de ce qu’on a à perdre. Alors je profite de courir pendant que je peux. Car le jour où j’aurai une nouvelle poussée, je devrai faire une pause. Et je ne sais pas si je pourrai recourir après.

 

Sacha Rhoner
Âge: 44 ans.
Habite à: Saxon (VS).
Profession: travaille dans la police militaire.
Famille: marié, 3 enfants. «Et bientôt deux chiens, car celui qu’on voit dans l’émission a pris la grosse tête, plaisante-t-il. Il lui fallait un compagnon pour partager un peu la vedette.»
Sports pratiqués: jusqu’à l’âge de 21 ans, a joué au volleyball jusqu’en 1re ligue, et au basketball «pour le plaisir». S’est mis à la course à pied en 2020, dans le cadre de l’émission Le Marathon sans fin.

 

Ce n’est que la 4e édition de l’Yverdon-Chasseron et, pourtant, les organisateurs Hugues Jeanrenaud et Sébastien Haas n’ont bientôt plus besoin de faire de la pub pour afficher complet. Les 150 dossards pour les marcheurs ont déjà trouvé preneurs, et la barre des 360 inscrits, toutes catégories confondues, a été franchie. Mais que ceux qui n’ont pas encore validé leur inscription se rassurent, il reste des places pour les coureurs.
«On a dû procéder à quelques ajustements pour éviter les rassemblements statiques à cause du Covid, précise Sébastien Haas. Il n’y aura donc pas de pasta party, même si cela contribue habituellement au charme de la manifestation.»
Les sportifs recevront cependant un lunch bag, en plus des habituels ravitaillements. «Nous ne voulions pas d’une course au rabais, martèlent les deux organisateurs. On a décidé de compenser aussi avec de beaux lots.»
La grande nouveauté, c’est que les organisateurs ont décidé d’opter pour des gobelets rétractables, que les participants se verront offrir au départ de la course. «On essaie petit à petit de rendre la manifestation plus écologique. On privilégie les partenaires locaux, on prend des produits de la région pour les ravitaillements, on évite le plastique autant que possible», énumère Sébastien Haas.
Et Hugues Jeanrenaud de poursuivre: «Les gobelets rétractables, ce sera un défi pour les bénévoles. Habituellement, ils peuvent préparer une série de verres à l’avance. Là, il faudra les remplir au fur et à mesure, sans perdre trop de temps.»

Yverdon-Chasseron, le 26 septembre. Inscriptions (jusqu’au 22 septembre):
www.yverdon-chasseron.ch

Muriel Ambühl