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«Je me suis raté le jour J»
Guillaume Dutoit. © Michel Duperrex

«Je me suis raté le jour J»

7 mai 2021 | Edition N°2949

Plongeon - Le rêve olympique de Guillaume Dutoit s’est brisé, hier au Japon. Le plongeur de Vuarrens a terminé seulement 42e de la Coupe du monde de Tokyo.

La qualification olympique se jouait sur une compétition pour Guillaume Dutoit. Arrivé en pleine forme à la manche de Coupe du monde de Tokyo, le plongeur de 25 ans a raté son concours. Ses explications à chaud, hier, depuis le Japon.

Guillaume Dutoit, vous terminez 42e, bien loin de la 18e place qualificative. Que s’est-il passé?

C’est une très bonne question. Je pense que j’étais trop en forme. C’est perturbant à dire, mais ma condition physique était top, mon état de santé idem, et mon état de stress aussi. C’était juste trop.

Comment cela s’est-il traduit?

Shit happens, comme on dit en anglais. J’ai mis une puissance incroyable dans mes départs. Je me suis retrouvé beaucoup plus haut et plus vite que d’habitude. En résumé, j’ai fait des plongeons très agressifs et, au moment d’ouvrir, je me suis retrouvé plus haut que normalement. Dans ces moments, il faut réagir en une fraction de seconde, ce que je n’ai pas su faire. Au final, je pense qu’on avait imaginé que j’arriverais à la compétition avec moins d’énergie, plus de fatigue. Voilà ce qui fait que ça n’a pas fonctionné.

Dès le premier plongeon?

Oui, j’ai abîmé le premier, et j’ai complètement raté le deuxième. Je me suis retrouvé avec des notes bien plus basses que celles que je cherchais. Dès lors, je savais que c’en était déjà fini de mes chances. Les deux plongeons suivants n’ont pas été très bons non plus, et j’ai terminé sur deux meilleures notes. On a les vidéos de mes entraînements et, sur les six derniers mois, je n’avais jamais raté un plongeon comme là.

Il y a de quoi rager.

Là, c’est difficile d’avaler la pilule. On le sait, la qualification olympique est intense, difficile. Les conditions, en raison du Covid, n’ont pas aidé. On s’est retrouvés enfermés dans nos chambres, comme en prison en fait. Pour aller respirer trente secondes, il fallait agresser le personnel de surveillance, on a eu droit à de la nourriture d’avion, ce n’était pas hyper agréable. Mais je ne veux pas chercher d’excuses. Je me suis raté le jour J, c’est comme ça.

Est-ce qu’avoir une compétition dans les jambes avant cette échéance couperet aurait été utile?

Je ne peux pas le garantir. Voilà un an qu’on n’a pas de compétitions, qu’on s’entraîne sans émulation. Oui, ça aurait pu être intéressant. J’aurai peut-être la réponse dans une semaine, car on se rend directement à Budapest pour les Championnats d’Europe.

Les JO, c’est fini, c’est sûr?

Oui, c’est terminé. La dernière option serait que mon coéquipier Jonathan Suckow (ndlr: le Genevois a terminé 21e hier, pas dans les 18, mais il pourrait néanmoins obtenir une place de quota; c’est encore incertain) se blesse. Mais je n’y pense même pas. Je souhaite seulement à Jonathan de pouvoir se rendre aux Jeux et de profiter de l’expérience.

Comment allez-vous moralement?

A chaud, quatre heures après la compétition, ça fait mal. Mon discours n’a néanmoins pas changé. Les JO auraient constitué la cerise sur le gâteau. Oui, j’aurais voulu y aller, mais je reste très fier de ce qu’on a donné avec mon entraîneur, de tout ce qu’on a accompli jusqu’ici.

Après Budapest, que va-t-il se passer pour vous?

Je vais prendre un moment pour moi, prendre un peu de distance avec les plongeoirs, avancer mes formations que je suis en parallèle de ma carrière sportive. Puis on verra où cela me mène. Pour l’heure, je ne sais pas. C’est nouveau.

Manuel Gremion