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«Je n’ai jamais arrêté»
© Carole Alkabes

«Je n’ai jamais arrêté»

24 juin 2019
Edition N°2524

À 60 ans, Hafid Seghrouchni continue de gagner course sur course. Et l’Yverdonnois n’est pas près de ralentir l’allure.

Lorsqu’il prend le départ, ce n’est jamais pour faire de la figuration. Hafid Seghrouchni est un compétiteur, lui qui a, comme tant d’autres Marocains avant et après lui, commencé à courir «pour faire carrière, pour s’en sortir». La passion de la course à pied n’a jamais quitté celui qui vole de succès en succès – le dernier en date lors des 20 km de Lausanne, avec le meilleur chrono de la catégorie 10 km H60 en 39’27 – pour le simple plaisir de l’effort. «La course à pied n’a pas d’âge, lance le sexagénaire au top de sa forme. Lorsque je me suis rendu aux Mondiaux masters d’athlétisme l’an dernier à Malaga (ndlr: il y a terminé 16e du 10 000 m de sa catégorie en 39’46), il y avait de nombreux coureurs bien plus âgés que moi.»

Le goût du podium

Depuis ses débuts, celui qui s’est installé à Yverdon-les-Bains en 1989, ne s’est jamais arrêté. Parce qu’il adore ça, parce qu’il soigne son hygiène de vie, parce qu’il a une grande volonté. Ainsi, cinq à six fois par semaine, cet employé des cuisines de l’hôpital chausse ses baskets et sort s’entraîner. La course à pied lui permet d’évacuer les soucis, et la compétition constitue son moteur. «Les objectifs obligent à se préparer, lâche ce papa de trois enfants. Durant toute ma carrière, j’ai toujours goûté au podium, et je n’ai pas envie de le lâcher!»

À vrai dire, l’unique chose qui peut le contraindre à mettre la pédale douce, ce sont les blessures. «Mais lorsque je me retrouve arrêté, je fais du VTT», sourit-il.

Objectif New York

La vitrine érigée dans un coin de son salon contient d’innombrables trophées cumulés durant sa carrière. «J’ai couru mon premier marathon en 2h38, en 1994 à Lausanne», affirme celui qui est avant tout un spécialiste de cross et de piste. Son chrono réalisé  l’an dernier à Dubaï, en 3h29, lui a permis d’obtenir une invitation pour le prochain Marathon de New York. L’autre compétition – avec les Championnats d’Europe masters à Venise – qui servira de moteur, cet été, à l’infatigable yverdonnois.

 

 

Ce petit Hicham et ses «longues jambes»

Enfant de Berkane, dans le nord-est du Maroc, Hafid Seghrouchni a commencé à courir (du cross, à pieds nus) dès ses 18 ans, à la fin des années 1970. Il y a attrapé le virus et n’a jamais arrêté depuis. Ses progrès les plus marquants ont notamment été réalisés à Fès, durant ses études. «Je pratiquais alors en club, avec de bons entraîneurs», se remémore celui qui a créé un club d’athlétisme en 1986 dans sa commune d’origine.

C’est là que son jeune voisin, un certain Hicham El Guerrouj, est venu s’entraîner. L’Yverdonnois se souvient: «Hicham est arrivé au club à 12 ou 13 ans. J’ai vite senti qu’il avait quelque chose. Il était tout petit mais avait de si longues jambes! Je n’imaginais pas pour autant qu’il serait encore détenteur de trois records du monde à ce jour (ndlr: du 1500 m, du mile et du 2000 m).»

Hafid Seghrouchni garde des contacts réguliers avec son ami, considéré par beaucoup comme le meilleur athlète marocain de tous les temps. Par le passé, il lui est même arrivé de lui servir de lièvre à l’entraînement. «J’arrivais à le suivre le matin à l’échauffement, mais plus ensuite», rigole le Nord-Vaudois, devant les photos qui attestent ses propos.