Politique – Yvan Pahud, élu au Conseil national cet automne, a dû choisir quel mandat laisser de côté. Il abandonnera son siège de député vaudois, après avoir eu la garantie que son remplaçant serait bien un membre de son parti, l’UDC.
L’UDC vaudoise s’est fait une petite frayeur cet été. Quelques mois avant les élections fédérales, le syndic de Baulmes Julien Cuérel annonçait sa démission du premier parti de Suisse, notamment pour des raisons de divergences idéologiques avec la formation de droite. Le problème? C’est lui le premier des viennent-ensuite pour remplacer un éventuel député UDC du Jura-Nord vaudois. Or, avec la candidature d’Yvan Pahud au Conseil national dans la peau de favori, cette option était plus qu’une simple possibilité. Quelques mois plus tard, le 22 octobre dernier, le vice-syndic de Sainte-Croix a effectivement été élu sous la Coupole.
Une annonce qui s’est fait attendre
Cumulant les mandats de municipal, de député et désormais de conseiller national, il semblait évident qu’Yvan Pahud allait en lâcher un et, en réalité, il ne faisait aucun doute qu’il s’agirait de celui d’élu à Lausanne. Mais, alors que les autres députés ayant obtenu un siège à Berne démissionnaient les uns après les autres du Parlement vaudois, le Sainte-Crix indiquait poursuivre son mandat dans la capitale vaudoise jusqu’à la fin de l’année, afin de voter le budget du Canton. Une situation qui commençait à questionner dans le monde politique vaudois, bien que le cumul de mandats ne soit pas interdit au sein de l’UDC Vaud.
Mais il n’y aura pas d’«affaire Pahud». Julien Cuérel a annoncé hier dans nos colonnes qu’il ne visera pas le siège d’Yvan Pahud. Le Sainte-Crix sera donc bien remplacé par un membre actif de l’UDC, en l’occurrence le Bavoisan Olivier Agassis. Le nouveau conseiller national peut donc partir le cœur léger. Enfin, pas vraiment.
Yvan Pahud, après l’annonce du renoncement de Julien Cuérel, pouvez-vous annoncer que vous quitterez le Grand Conseil à la fin de l’année?
Oui, c’est le cas. Je siégerai pour la dernière fois le 19 décembre.
Que ce serait-il passé si Julien Cuérel avait choisi de revendiquer un éventuel siège?
Je serais probablement resté au Grand Conseil. J’en avais d’ailleurs parlé avec Julien directement et j’étais ouvert à la discussion. Mais, selon moi, le siège est au parti. L’arrivée de Julien aura fait perdre ce siège. Je le remercie pour son bon sens.
Auriez-vous gardé les trois mandats? Cela fait beaucoup, non?
Je pense que c’est possible. Il faut être très organisé et très motivé, mais je suis persuadé que j’aurais pu le faire. Quand je m’engage, c’est toujours à fond.
On a beaucoup parlé – particulièrement dans le Nord vaudois – de la question du cumul des mandats. La socialiste yverdonnoise Brenda Tuosto a été secouée à ce sujet récemment. Y avez-vous pensé?
Il faut savoir qu’il n’y a aucune incompatibilité légale au cumul de mandats. En revanche, les statuts des partis peuvent avoir des positions différentes sur la question. Nous, à l’UDC, nous n’avons pas ce système d’interdiction avec dérogations. Nous faisons appel au bon sens de nos élus. Et je crois que c’est très bien comme ça.
On imagine que cette résolution dans le calme vous soulage quand même.
Oui, je vais pouvoir me concentrer sur mes deux mandats, à la Muni et à Berne. Mais je quitterai quand même le Grand Conseil avec un pincement au cœur. J’ai été chef de groupe de mon parti et je connais bien le Parlement. J’ai pu, je crois, y laisser mon empreinte. Là, à Berne, je dois tout reconstruire. Il va falloir du temps avant de pouvoir s’imposer.
Justement, comment se passent ces premiers jours à Berne?
Impeccable! Même si c’est très intense. En ce moment je suis à Berne le matin, je descends à Lausanne l’après-midi et je retourne à Berne en soirée! Mais je retiens surtout la première séance, celle des assermentations. C’est beaucoup d’émotion que d’entrer dans cette salle, de prêter serment. On ressent une grande responsabilité.
La masse de travail ne vous effraie pas?
Non, mais c’est vrai qu’elle est conséquente. Et, outre la masse de travail, il y a aussi la masse d’informations nouvelles à assimiler. Durant trois semaines, le temps des sessions, c’est extrêmement intense. Les journées commencent à 6h30 et se terminent à 22h. Et entre les sessions, il y a les séances de commission. Mais je me réjouis de ce nouveau défi.
Comment fonctionne le système des «viennent-ensuite»?
À chaque démission d’un organe législatif, la question des viennent-ensuite se pose. Mais comment fonctionne ce système?
Lors de l’élection au Grand Conseil vaudois, chaque arrondissement (voire sous-arrondissement, par exemple dans le cas de la vallée de Joux) reçoit un nombre de sièges en fonction de sa population. Ensuite, chaque groupe politique reçoit un nombre de sièges en fonction de son score au sein de ces arrondissements. Enfin, chaque groupe remet le nombre de sièges qu’il a obtenus à ses candidats, en fonction de leur score.
Par exemple, lors des élections cantonales de 2022, le sous-arrondissement d’Yverdon avait 15 sièges à repourvoir. Grâce à son score, la section Jura-Nord vaudois de l’UDC pouvait prétendre à 3 de ces 15 sièges. Yvan Pahud, Fabrice Tanner et José Durussel étant les membres du parti avec le plus de voix, ce sont eux qui ont été élus députés.
Lorsqu’un député démissionne, comme ce sera le cas d’Yvan Pahud en décembre, on le remplace par une personne de sa région et de son groupe… au moment de l’élection. Dans dans le cas présent, Julien Cuérel, arrivé 4e sur la liste UDC du sous-arrondissement. Le fait que le syndic de Baulmes ait quitté l’UDC depuis l’élection ne change pas son statut de premier «vient-ensuite». Et si le premier «vient-ensuite» ne souhaite pas siéger, on cherche le deuxième, et ainsi de suite.