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«Je suis ravagé de mon travail plus que de football»

7 août 2019 | Edition N°2554

Bien qu’il ait rarement l’occasion de voir un match en entier, Rémy Forestier est inévitable au FC Donneloye. Chargé de l’intendance au club, «Fofo» est surtout un jardinier reconnu et un tenancier apprécié.

On a beau insister, Rémy Forestier ne nous la donnera pas, la recette du thé du FC Donneloye. «Patrick Gavillet, l’ancien président, me l’a transmise il y a vingt ans, à mon arrivée. Je la respecte scrupuleusement à chaque match. La tradition, c’est important, surtout à une époque où de plus en plus d’équipes reçoivent une simple brique de thé froid à la mi-temps…» Du coup, tous les clubs goûtent au même breuvage à chacun de leur passage à Dany Gavillet. «Sauf le FC Thierrens, qui ne boit jamais de thé chaud pendant ses matches pour une obscure raison», sourit Rémy Forestier, qui ne manque jamais une occasion de chambrer ses voisins joratois. «En vérité, j’ai beaucoup de respect pour Cédric Jaquier, leur jardinier. Il me donne souvent des conseils, que je tente d’appliquer tant bien que mal.»

Au vu de l’état impeccable de la pelouse principale de Donneloye, plutôt bien que mal. «Bon, en ce moment, j’en suis moyennement satisfait. Plusieurs taches ont fait leur apparition à certains endroits. Malgré tout, les retours sont positifs. Les joueurs ont l’air satisfait.» Il faut dire que «Fofo» en passe, du temps sur sa tondeuse. Le terrain est tondu trois fois par semaine et, à l’entendre, Rémy Forestier ne verrait aucun problème à augmenter la cadence.

Privé de la Coupe de la Menthue

En fait, l’homme à tout faire du FCD a tellement le goût du travail bien fait qu’il lui reste à peine le temps de vraiment se concentrer sur l’essentiel: le football. Une anecdote? Fin juillet, Rémy Forestier se serait bien vu assister à quelques rencontres de la Coupe de la Menthue, le traditionnel tournoi organisé par le club. Sous la canicule qui régnait à cette période, il a bossé d’arrache-pied pour que les deux terrains se trouvent dans un état digne de la compétition. Jusqu’à en attraper une vilaine insolation, qui l’a contraint à tirer un trait sur le début de l’évènement…

Chaque matin, sans exception, celui qui est arrivé en 1999 au club fait briller les vestiaires. «Ce qui n’est pas toujours évident dans des lieux aussi vétustes», glisse-t-il. En parallèle, il lave les quelque sept jeux de maillots qui lui ont été confiés cette saison. Et lorsque c’est jour de match, Rémy Forestier accueille les arbitres et l’équipe adverse avant de prendre place derrière le comptoir de la buvette. «De là, j’ai une position privilégiée pour assister à ce qu’il se passe sur le terrain. Mais je dois bien admettre avoir rarement l’occasion de regarder une rencontre en entier.»

Il voit les générations se succéder

Employé à 50% par le club, il ne s’en formalise pas. «Je suis ravagé de mon travail plus que de football.» Ce que Rémy Forestier aime par-dessus tout, c’est de participer à la vie du club. Son président, Alain Schacher, le décrit d’ailleurs comme le conseiller des coaches et des joueurs. «Ce n’est même pas forcément quelque chose que je cherche. Mais, vu que je passe une bonne partie de mon temps au terrain, des liens se créent naturellement. Je ne suis pas le plus grand spécialiste de foot, mais je suis toujours un des premiers à savoir si une saison va être faste ou si on va plutôt jouer le maintien, simplement parce que j’écoute ce qu’il se dit dans l’équipe.»

La génération qui compose la première équipe, «Fofo» l’a d’ailleurs vu grandir. «Des Jules Vulliamoz, Noé Duc, Flavien Allard, je les ai connus quand ils étaient hauts comme trois pommes. Et ceux qui évoluaient à la une quand je suis arrivé font maintenant partie des seniors 50+.» Avec passion, Rémy Forestier traverse les générations.

 

«À mon sens, on est plutôt une équipe de 3e ligue»

Rémy Forestier voue un grand respect à Abraham Keita, l’entraîneur de l’équipe fanion de Donneloye. «Mais ça ne fait pas de lui un privilégié. Je sais que c’est un compétiteur et qu’il aimerait profiter plus souvent du terrain principal pour ses entraînements, mais il y a des règles. Et puis, notre seconde pelouse est aussi en bon état. Elle est même homologuée pour de la 2e ligue!»

Une 2e ligue que le club se verrait bien retrouver au terme de la saison. La «une» a augmenté le rythme de sa préparation et le projet semble plaire à tout le monde. «On peut compter sur une génération prometteuse, c’est vrai. Et il faut reconnaître qu’Abou Keita est un excellent formateur, lance Rémy Forestier. Justement, je considère que c’est un peu notre rôle de former les jeunes. À ce titre, je pense que notre place est davantage en 3e ligue qu’à l’échelon supérieur. On sait comment cela fonctionne en 2e ligue. Sans rémunérer les joueurs, c’est souvent compliqué de s’en sortir.»

Une ascension, en tout cas, priverait les Oies des derbies face à Yvonand et Thierrens II. «De ce côté-là, c’est peut-être un mal pour un bien. En vingt ans, j’ai l’impression qu’on n’est jamais vraiment parvenus à se transcender pour ce genre de match. J’ai le souvenir des confrontations face à Chavannes-le-Chêne. Là-bas, ils préparaient le derby dix jours à l’avance. Nous, on prenait ça comme une simple rencontre. Et souvent, ça se ressentait sur le terrain.»

Florian Vaney